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‘L’ISLAMISTE’
LE CRIME « ISLAMOLOGISTE » « un apologiste ou
partisan d’un
mouvement politique
uin 2013, la ville d’Argenteuil est soulevée par une vague
restructuration du
Lors de leur agression, toutes se font insulter et arracher le voile, deux
parmi elles sont battues à coups de poing bien assenés. gouvernement et de
L'attaque la plus pénible fut celle de la femme enceinte de 4 mois. Ses la société selon les lois
agresseurs lui coupent d'importantes mèches de cheveux et lui donnent
des coups dans le ventre après qu’elle leur demande de la laisser prescrites par l’Islam.
tranquille vu sa grossesse. Les politiciens refusent de condamner cet acte
de violence barbare et gardent un silence complice alors que la presse À ne pas employer
remet en question la version de la victime1. Quatre jours plus tard, la
jeune femme de 21 ans perd son bébé…
comme synonyme de
Les drames d’Argenteuil, qui ont uniquement suscité une vague
d’indignation au sein de la communauté musulmane, ont non seulement combattants islamiques,
mis en évidence l’indifférence de la France envers son cancer
islamophobe, ils ont également pointé un problème de fond que la militants, extrémistes
société française ne semble vouloir reconnaitre. La haine nationale
envers les musulmans n’a nullement surgi du jour au lendemain, elle a ou radicaux qui
été inculquée et alimentée durant des décennies par une terminologie
médiatique vicieusement établie pour stigmatiser les musulmans. peuvent, oui ou non,
En revanche, à l’autre bout de l’Atlantique, certains médias américains être des islamistes » (AP
entreprennent des efforts pour combattre les mots qui portent préjudice
aux musulmans. « Associated Press », l’agence de presse la plus vaste et Style Book, 03/04/2013)
dominante au monde vient de revoir sa politique à l’égard de l’emploi
du terme « Islamisme » et ceci plus spécifiquement dans la définition de
l’« islamiste ». L’AP considère aujourd’hui que le mot « islamiste » ne
peut plus être utilisé en tant que synonyme de musulmans militants,
combattants ou extrémistes.
Avant d’en arriver là, l’ « Islamisme » a fait un long parcours lors des
trois derniers siècles. Il est important de retracer ce parcours pour
comprendre que cette transition de l’AP indique une évolution positive
dans l’abolition de la terminologie islamophobe omniprésente dans les
médias occidentaux.
1
Dans un article apparu dans ‘le Parisien’ et intitulé « Argenteuil : une femme voilée
dit avoir été agressée », l’auteur mentionne qu’« Une jeune femme voilée de 21 ans,
enceinte, aurait été agressée… » (13/6/2013)
L'« ISLAMISME », UNE CRÉATION FRANÇAISE
« Le mot islamisme dérive du mot « islam » et du suffixe « -isme » et qualifie donc « la doctrine de
l'islam ». Le sens politique est plus récent. Le terme « islamisme » est de création française et l'usage
de ce mot est attesté en français depuis le XVIIIe siècle, où Voltaire l'utilise à la place de
« mahométisme » pour signifier « religion des musulmans3 » (ce qu'on nomme désormais
« islam »). »
L’Islamisme, c’est bien Voltaire qui a embarqué le reste du monde dans cette galère. Les musulmans
n’ont jamais demandé que l’on rajoute de suffixe au nom de leur religion et c’est pourquoi les
anglophones, il y a deux siècles déjà, ont tenté de supprimer ce mot français d’un Voltaire bien
maladroit:
« On trouve le mot dans cet usage, jusqu'à l'époque de la Première Guerre mondiale. Cet usage, qui
se développa au cours du XIXe siècle, commença à être concurrencé par le terme « islam » au tout
début du XXe siècle, lorsque le développement des études occidentales de l'islam fit la promotion du
terme que les musulmans utilisaient eux-mêmes. Le terme « islamisme » avait ainsi complètement
disparu de l'Encyclopedia of Islam entamée en 1913 et finalisée en 1938. »
Pour la France, un bon arabe en est un qui n’a pas « d’interprétation politique et idéologique de
l’Islam » et qui reste fidèle à l'impérialisme européen toujours prêt à échanger ses valeurs pour celles
de la République laïque4. Ce sont bien entendu les « islamologues » de l’hexagone qui ont formé
l’avant-garde dans cette offensive terminologique où il fallait à tout prix alerter le peuple contre les
« barbares islamistes » qui songent à rediriger le monde musulman par les lois de l’Islam. Voilà pour
le côté obscur de la force. À l’opposé, pour maintenir une certaine crédibilité, il fallait créer une
2
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Islamisme#cite_ref-9
3
Certains chercheurs déclarent que le terme a également surgi à la même époque en Angleterre, wallahu a’lam.
4
L’exemple type de l’« Arabe domestiqué » que veut façonner la France est celui de Hasan Chalghoumi qui aurait écrit le
livre « Pour l’Islam de France ». Cette marionnette des laïcs a été décrite par les médias comme l’«Imam si parfait ».
1
classe de musulmans idylliques asservis à la laïcité qui pratiquent « un Islam » qui plait à la
République de Sarko. Ce fut Bruno Étienne qui répondit à l’appel de l’ancien président et inventa
l’expression « Islam de France ». Un pseudo-spécialiste de l’Islam réussit ainsi à déclencher
l’affrontement « des islamistes » aux « musulmans de France »…à vos marques !
Étrange comment Bruno perdit tout son zen lorsqu’il se prononçait sur
les musulmans qui ne souhaitent pas que leurs valeurs
s’occidentalisent. Étienne, Kepel, Burgat ainsi que le reste de la maffia
islamologue considèrent l'Islamisme comme un courant de pensée
musulman, essentiellement politique, apparu au XXe siècle. Il est donc réellement possible de devenir
spécialiste de l’Islam sans jamais ne rien y comprendre…
Les mots peuvent informer, désinformer tout comme ils peuvent enflammer esprits et pays. Ils
peuvent condamner un mal d’une part et justifier différentes formes de discrimination de l’autre. Bien
avant Georges Orwell, les savants de l’Islam au passé avaient déjà clarifié le danger de la
manipulation des mots pour égarer les masses. C’est un thème qui revient fréquemment dans les
écrits de Sheikh al-Islam Ibn Taymiya ou encore dans ceux d’Ibn Hazm qui, il y a dix siècles,
a dit :
« Le fléau majeur (c.-à-d. l’égarement) s’est installé chez les gens par l’infiltration d’homonymes qui
ont permis d’entrelacer les termes vis-à-vis des significations qu’ils dissimulent. C’est ainsi que les
prêcheurs du mal, de la perversion et du sophisme ont réussi à
prendre contrôle des gens et qu’ils ont réussi à les embrouiller. C’est
pourquoi, dans nos livres, nous avons toujours insisté sur
l’importance de différencier les significations (des mots). »6
5
Après le décès de Bruno Étienne, Sciences-Po Aix a rebaptisé son principal amphithéâtre en sa mémoire.
6
Source: « Al-Ihkam fi Ousoul al-Ahkam », 6/235
2
Dans plusieurs pays, les mots choisis et imposés par les médias ont modifié l’attitude des masses
envers plus d’une minorité religieuse. En France, nul ne niera que les terminologies adoptées par les
politiciens, journalistes influents et pseudo-islamologues pour décrire les musulmans, constituent un
facteur d’aggravation des tensions actuellement subites par la communauté musulmane.
Certains l’emploient pour décrire les musulmans qui commettent des actes terroristes, d’autres pour
décrire les musulmans qui résistent à l’occupation américaine de leur pays. Pour bon nombre de
pseudo-islamologues, l’Islamisme est synonyme de l’« Islam politique », une expression aussi
dérisoire que la « démocratie politique ». Ici, les « islamistes » deviennent ceux qui souhaitent se
décoloniser politiquement et économiquement en abolissant les constituons importées pour les
remplacer par la législation Islamique. Finalement, pour les politiciens qui reprennent une rhétorique
islamophobe teintée de racisme, l’islamiste est le musulman qui vit simplement l’Islam selon ses
préceptes et qui a choisi de ne pas se soumettre aux normes de la France jacobine.
Il devient ipso facto impossible pour le musulman de se soustraire à l’étiquette « islamiste ». Les
assauts médiatiques et politiques visant les musulmans orthodoxes ont fait que, pour pouvoir
bénéficier de la simple appellation du « musulman », il faut impérativement être laïque ou s’assimiler
intégralement aux principes de l’hexagone franchouillard. Le
musulman se retrouve ainsi outragé, n’ayant plus le droit d’être
« musulman pratiquant » en France, ni même de rêver d’une vie libre
sous les lois de l’Islam dans son bled sans être taxé « d’islamiste ».
7
Le « Style Book » est le guide qui sert de protocole terminologique pour l’AP et indique quels termes peuvent être
utilisés ou non, et comment.
3
primeur dans le combat pour une terminologie médiatique plus équitable envers les musulmans.
Vous direz qu’il s’agit d’un pas en avant, mais une connotation islamophobe bien cachée reste
présente dans le terme. Pourquoi les médias occidentaux se sentent-ils dans l’obligation de qualifier
d’islamiste tout musulman qui souhaite vivre selon les lois de sa religion? Qui leur a donné cette
légitimité de dénommer les musulmans de la sorte ? D’où surgit donc cette audace de condamner
catégoriquement le désir des musulmans de vivre en toute indépendance, loin de l’hégémonie
occidentale ? Ceux qui, dans le monde musulman, aspirent à une liberté totale, loin des menaces
économiques du grand Yankee américain, méritent-ils réellement d’être dépréciés par ce terme chargé
d’une connotation tellement négative? L’époque coloniale est, certes, révolue, mais la langue du
colonisateur se fait toujours entendre…
LA POLITIQUE LÉGISLATIVE
8
Le « Council on American-Islamic Relations » (CAIR) est l’organisation qui défend les droits des musulmans aux États-
Unis.
9
“The Associated Press Revises Another Politically Charged Term” (Usa News 04/04/2013)
10
C'est aussi ce qu'a fait le FN dans sa campagne d'affiche « NON À L'ISLAMISME » qui a permis d'exploiter le terme
« Islamisme » pour s’attaquer à l’Islam en toute impunité.
4
Il n’y a bien entendu rien qui se nomme l’Islam politique, car
l’Islam possède sa propre politique cadrée dans un système
entièrement autonome qui est détaillé dans le Coran et la tradition
Prophétique. À ce sujet, le grand savant Sheikh Mohammed al-
Utheymine disait:
Les musulmans ont donc une propre façon de gérer leurs affaires politiques par le biais de la
« Politique Législative » (as-Siyasa al-Chari’ya). Ceci ne peut, en aucun cas, être considéré comme
un aspect extérieur à la religion musulmane, car le principe de « séparation de la Mosquée et de
l’État » est inexistant en Islam du fait qu’il s’agit d’une religion universelle et parachevée qui répond
à tous les besoins du musulman dans tous les domaines de la vie. Une évidence que les
« spécialistes » de l’Islam, après des décennies de profondes recherches, n’ont toujours pas
découverte du fait qu’ils comparent la religion musulmane à l’Église contemporaine.
Le terme « islamiste » a été condamné par les savants de l’Islam à notre époque qui ont très bien
saisit qu’il s’agit d’une arme dans la guerre des mots pour contrer le retour des musulmans vers une
pratique intégrale de leur religion. Voici un résumé très précis présenté par Shaikh Bakr Abu Zeyd :
11
Source : « Silsila Liqâ al-Bâb al-Maftouh », 13/233
12
Source : « Mou’jam al-Manâhi al-Lafdhiyya », p.106
5
Notez que les « experts » qui usent du terme islamiste sont incapables d’expliquer comment un
musulman pratiquant peut être actif dans l’arène politique sans être qualifié d’islamiste. Ainsi,
l’emploi de l’« islamiste » revient implicitement à dire que les musulmans ‘non libéraux’ doivent être
exclus de toute participation politique. À nouveau, peut-on interdire
aux musulmans le droit de diriger leurs pays selon les lois de leur
propre religion ? Doivent-ils être condamnés éternellement à une vie
sous des dictatures imposées qui, à leur tour, imposent des
constitutions occidentales que leurs peuples n’ont jamais demandées ?
Le chauvinisme nationaliste empêchera beaucoup de Français de l’admettre, mais aux États-Unis, les
journalistes sont globalement bien plus évolués que les rédacteurs iniques de la France. Parmi eux il y
a Frank Sesno, ancien correspondant de la CNN, qui affirme que les médias doivent être plus
sensibles aux conséquences de l’emploi de certaines terminologies. Quant à l’« islamiste », il cite 13:
« Je ne sais pas ce que ça veut dire, est-ce quelqu’un qui croit en l’Islam, quelqu’un qui croit en
l’Islam avec dévotion, est-ce un extrémiste ou un terroriste? Voilà le problème de ce terme, il ne veut
rien dire, c’est presque un terme raciste… »
Le terme n’est peut-être pas raciste, mais il est, de toute évidence, islamophobe et discriminatoire du
fait qu’il s’applique seulement à une minorité religieuse bien spécifique et qu’il sert avant tout à
discréditer les musulmans qui souhaitent appliquer l’Islam sous toutes ses facettes. Sesno poursuit :
« Si ce terme avait été utilisé en combinaison avec une autre religion, je ne sais pas ce que le terme
deviendrait, mais il est clair que ce serait considéré comme un terme moqueur qui provoquerait un
grand débat. Si quelqu’un est un chrétien ou juif pieux, cela veut-il dire par définition qu’il s’agit
d’une personne radicalisée? Non, ce n’est pas vrai…»14
13
“Stylebooks: The politics of naming” (25/04/2013, al-Jazeera English)
14
Notez comment un journaliste américain non musulman saisit mieux des notions de base liées à l’Islam que certains
« experts » de l’Islam comme Samir Amghar qui considère toute pratique orthodoxe de l’Islam comme radicalisation.
6
« Ce sont des termes chargés qui vont souvent renforcer le sens donné
par son auteur qui, dans ce cas, sont les gouvernements. Voilà
pourquoi ces termes en question deviennent par définition de la
propagande. Tout le monde le fait... »
15
Pour plus sur Stéphane Lacroix, lisez « Les Fables de Lacroix commentées par l’œuvre d’Al-Albani », une réponse que
Sciences Po a tenté de censurer: http://www.scribd.com/doc/142487485/Stephane-Lacroix-un-specialiste-du-salafisme .
16
Dans son livre « Jihad », Gilles Kepel a inventé l’expression « salafiste-jihadiste ». Or ses livres indiquent clairement
qu’il ignore totalement ce qu’est le salafisme et qu’il n’a pas la moindre notion du Jihad Islamique.
17
Stéphane Lacroix fait partie des islamophobes néocoloniaux qui cherchent à « ré-civiliser » le monde arabe, d’où
certains le considèrent comme la version laïque de Sharia4Belgium. Le 26 mars 2012, Lacroix devait participer au
colloque d'al-Nahda qui a comme but d'instaurer l'état civil dans les pays musulmans. Le colloque, qui devait avoir lieu
au Kuwait, a dû être annulé après le mécontentement général des musulmans. Bientôt, qui sait, « Laicité4Arabia » ?
18
À plus petite échelle, « l’islamologue » Samir Amghar aide sa communauté en présentant ses analyses folkloriques sur
les groupes musulmans au Ministre Suisse de la Défense où il est consultant.
19
Mieux connu sous le nom d’« Obama ».
7
deux groupes : les « salafistes cheikhistes », équivalent des « salafistes
quiétistes » dans la doctrine Wiktorowiczienne, et « salafistes
djihadistes » qui englobent une partie des « salafistes politiques ». Il s’agit
d’une catégorisation erronée, car ceux qu’ils nomment « salafistes
djihadistes » ont également leurs cheikhs auxquels ils reviennent ; d’autre
part, ceux qu’ils taxent de « salafistes cheikhistes » reconnaissent aussi la
légitimité et le besoin du Jihad, mais sous les conditions imposées par la
législation islamique. « Salafistes djihadistes » et « salafistes cheikhistes »
sont donc deux expressions vides de sens issues d’une compréhension
lacunaire20.
Il ne reste plus qu’à défier Quintan Wiktorowicz ainsi que son troupeau de pseudo-islamologues de
citer des exemples parmi les pieux prédécesseurs qui se livraient à des attentats terroristes, qui
déclenchaient des révolutions, qui participaient à des systèmes de gouvernance non islamiques ou qui
ne voyaient pas la légitimité du Jihad en Islam. Ils n’en trouveront
pas un seul et c’est pourquoi la « théorie Wiktorowicz » est aussi
erronée et illogique que la Trinité chrétienne.
20
La bonne question à se poser est de savoir si oui ou non ces mêmes chercheurs seraient financés de la sorte par Sciences
Po s’ils publiaient des répertoires des juifs religieux. Imaginez-vous Samir Amghar classifier les juifs en se prétendant
« judéologue ». En effet, il se trouverait déjà derrière les barreaux pour antisémitisme, déchu de son rang de chercheur au
CERI de l'université de Montréal et peut-être même de sa nationalité française.
21
Les « al-Salaf as-Salih » ou les pieux prédécesseurs sont les gens des premières trois générations (suivant la révélation)
de qui le Prophète a attesté la droiture. Les Sunnites ou Salafis se basent sur la connaissance du Coran et la Sounna
suivant la compréhension de ces pieux prédécesseurs.
8
une nouvelle catégorisation composée de « démocrates quiétistes » qui tiennent des élections d’une
part et de « démocrates dictatoriales » qui n’en tiennent pas, de l’autre.
On peut ainsi conclure que l’ensemble des « spécialistes » du Salafisme ne savent pas qui sont les
Salafis, ignorent qui étaient les Salafs et par conséquent ne peuvent comprendre ce qu’est le
Salafisme.
LA CONQUÊTE TERMINOLOGIQUE
Au Maghreb, des adeptes de la secte des néo-Khawarij répètent comme des perroquets les termes
occidentaux qui se sont insinués dans la presse libérale et se proclament fièrement ‘salafiste-jihadiste’
sans jamais avoir entendu parler de Kepel ou Wiktorowicz. Ces mêmes gens qui se veulent les plus
grands ennemis des États-Unis ont délaissé la terminologie du Coran, de la Sounna et des savants de
l’Islam pour une classification du salafisme qui a été créée à la Maison-Blanche. Ceci n’est qu’une
des conséquences déplorables de l’endoctrinement médiatique et du manque d’éducation islamique.
Un second exemple de cette conquête terminologique peut être discerné dans le terme « islamiste »
qui surgit pour la première fois dans les médias arabes lors des années 90 en Algérie pour décrire
d’« islamistes extrémistes » les néo-Khawarij qui ont perpétré les massacres sur le peuple algérien.
Après les attentats du 11 septembre, le mot s'est finalement propagé dans le reste du monde arabe par
le biais des libéraux qui, massivement financés par l’Occident, en ont fait un outil de propagande.
Une fraction importante des Frères Musulmans connus pour participer aux processus politiques non
conformes à l’Islam - et qui a priori sont visés par l’expression islamiste - se sont réapproprié le mot
en tant que recommandation favorable à eux-mêmes. Une comparaison peut être tirée avec
l’expression « nigger », initialement utilisée en tant qu’insulte envers les Afro-Américains qui, à leur
tour, l’ont récupéré dans leur langage quotidien pour décrire la personne noire. À la différence des
noirs américains qui savaient bien qu’il s’agissait, à l’origine, d’une insulte de l’homme blanc, les
Ikhwans n’ont, jusqu’à ce jour, toujours pas saisi qu’ils utilisent une appellation française créée dans
le but de dénigrer les musulmans.
Pour les néo colonisateurs, l’« Islamisme » est un cheval de Troie qui vise, par le biais des Arabes
libéraux, à déstabiliser toute tentative d’établir un système de gouvernance islamique. Ils se sont
servis de ce stratagème ingénieux par lequel ils manipulent les mots pour dissuader les musulmans de
prendre des convictions islamiques qui vont à l'encontre des idéologies séculaires. Ils suscitent chez
eux une frayeur de la charia et tentent ainsi d’ébranler leurs croyances dans les fondements de leur
religion. Le tour de magie est joué permettant aux Arabes laïcs de trouver un nouveau souffle.
Mais d’où leur est donc venue cette façon étrange de comprendre l’Islam ? Il faut savoir que ces
Arabes libéraux sont le produit directe des dictatures de Kadhafi, Bourguiba, etc. qui, sous un accord
silencieux des Occidentaux, torturaient les citoyens musulmans qui pratiquaient ouvertement l’Islam.
La presse occidentale n’en parlait point, mais pendant des décennies, ils ont tenté d’éradiquer
l’apprentissage de la science musulmane ainsi que la pratique de la Sounna23. Tout cela a produit une
société où les préceptes de l’Islam sont largement méconnus et les valeurs occidentales vénérées et
aveuglément défendues.
La propagande dictatoriale dans certains pays arabes avait pour but de réduire la religion à une
relation personnelle avec le Créateur qui pouvait uniquement se
manifester dans le cœur. Or l’Islam est une religion universelle
et non une idéologie ou un courant de pensée dont chacun
personnalise les menus à sa guise. Être musulman implique une
soumission aux commandements divins et il ne suffit pas de
prétendre être musulman pour réellement l’être. L’Islam, on y
croit dans sa totalité ou on n’y croit pas. Voilà pourquoi laïciser
l'Islam est aussi infaisable que d'islamiser la laïcité.
À l’instar des antisémites qui ne supportent pas entendre parler d’antisémitisme, les islamophobes
sont allergiques au terme islamophobie. C'est pourquoi Caroline Fourest s'est permis de réécrire
l’histoire25 pour proposer une abolition du mot « islamophobie » et ainsi minimiser la réalité
islamophobe en France. Or, ce qui est bien plus déconcertant c’est que Fourest, avec sa manipulation
maléfique, a réussi à influencer le vocabulaire du ministre de l’Intérieur qui, de manière très naïve et
carnavalesque, répète ce qu’il ne comprend pas. Ainsi, Manuel Valls a fait preuve d’audace inouïe en
demandant à ne plus parler d’« islamophobie ». Il a justifié sa censure ministérielle par le même
argumentaire ahuri de l'essayiste islamophobe qui se croit fin connaisseur de l'Islam.26
L’Islamisme, ce mot que Voltaire avait un jour mis sur feuille est
aujourd’hui devenu une arme redoutable des ‘Islamophobus Rex’,
ces militants féroces de l’islamophobie. Or il serait injuste d’en
rejeter entièrement la faute sur l’écrivain français qui a pondu
« l’Islamisme » à une époque où il traitait le Prophète Mohammed de « cruel » et de « fourbe »27.
Ce fut également l'époque de sa pièce théâtrale « Mahomet, ou le fanatisme » composée en 1742.
Bien qu’il fût, au départ, très hostile à l’Islam, Voltaire va plus tard s'instruire dans la religion de
celui qu’il nommait auparavant « Mahomet le fanatique ». Suite à des recherches personnelles et une
étude approfondie, Voltaire acquiert une compréhension de l'Islam bien supérieure à celle des
pseudo-islamologues contemporains. Il change radicalement sa perspective et va renoncer à ses
ouvrages sur les musulmans que propageait l’Église. En 1766, il fait l’éloge du Prophète
Mohammed28 et révèle sa nouvelle vision:
« Sa religion est sage, sévère, chaste et humaine : sage puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de
donner à Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystère ; sévère puisqu’elle défend les jeux de
hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste,
puisqu’elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient le lit de tous les
princes de l’Orient ; humaine, puisqu’elle nous ordonne l’aumône, bien plus rigoureusement que le
voyage de La Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité, la tolérance. »29
Voltaire ne possédait pas l’orgueil opiniâtre par lequel sont enivrés aujourd’hui les « islamologues »
qui se croient tellement supérieurs aux musulmans qu’ils se permettent de les répertorier comme s’il
s’agissait d’espèces animales. Au lieu de s’inspirer de l’exemple de Voltaire, ils persistent dans leur
croisade terminologique parrainée de généreuses subventions par des institutions telles que Sciences
Po. Qu’ils le veuillent ou non, le grand défi du XXIe siècle
pour ceux qui se veulent les grands experts de l’Islam en
France est d’accepter l’Islam tel qu’il est en respectant sa
pratique orthodoxe et sans vouloir le remodeler pour les
beaux yeux des politiciens.
29
« Essai sur les mœurs »
« Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la
ressuscite...»30
Kareem El Hidjaazi
30
« Dictionnaire Philosophique 1764 »
31
Site officiel de l’Observatoire des Islamologues de France, situé à Hadramaout, Yémen.
13
32
Olivia Ameye, nous attendons votre plainte…