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‘L’ISLAMISTE’
LE CRIME « ISLAMOLOGISTE » « un apologiste ou

partisan d’un

mouvement politique
uin 2013, la ville d’Argenteuil est soulevée par une vague

J d'agressions visant des femmes de confession musulmane. En


l’espace de quelques semaines, trois sœurs se font molestées, deux
par des skinheads, la troisième par des agents de la police nationale.
qui favorise la

restructuration du
Lors de leur agression, toutes se font insulter et arracher le voile, deux
parmi elles sont battues à coups de poing bien assenés. gouvernement et de

L'attaque la plus pénible fut celle de la femme enceinte de 4 mois. Ses la société selon les lois
agresseurs lui coupent d'importantes mèches de cheveux et lui donnent
des coups dans le ventre après qu’elle leur demande de la laisser prescrites par l’Islam.
tranquille vu sa grossesse. Les politiciens refusent de condamner cet acte
de violence barbare et gardent un silence complice alors que la presse À ne pas employer
remet en question la version de la victime1. Quatre jours plus tard, la
jeune femme de 21 ans perd son bébé…
comme synonyme de
Les drames d’Argenteuil, qui ont uniquement suscité une vague
d’indignation au sein de la communauté musulmane, ont non seulement combattants islamiques,
mis en évidence l’indifférence de la France envers son cancer
islamophobe, ils ont également pointé un problème de fond que la militants, extrémistes
société française ne semble vouloir reconnaitre. La haine nationale
envers les musulmans n’a nullement surgi du jour au lendemain, elle a ou radicaux qui
été inculquée et alimentée durant des décennies par une terminologie
médiatique vicieusement établie pour stigmatiser les musulmans. peuvent, oui ou non,

En revanche, à l’autre bout de l’Atlantique, certains médias américains être des islamistes » (AP
entreprennent des efforts pour combattre les mots qui portent préjudice
aux musulmans. « Associated Press », l’agence de presse la plus vaste et Style Book, 03/04/2013)
dominante au monde vient de revoir sa politique à l’égard de l’emploi
du terme « Islamisme » et ceci plus spécifiquement dans la définition de
l’« islamiste ». L’AP considère aujourd’hui que le mot « islamiste » ne
peut plus être utilisé en tant que synonyme de musulmans militants,
combattants ou extrémistes.

Avant d’en arriver là, l’ « Islamisme » a fait un long parcours lors des
trois derniers siècles. Il est important de retracer ce parcours pour
comprendre que cette transition de l’AP indique une évolution positive
dans l’abolition de la terminologie islamophobe omniprésente dans les
médias occidentaux.

1
Dans un article apparu dans ‘le Parisien’ et intitulé « Argenteuil : une femme voilée
dit avoir été agressée », l’auteur mentionne qu’« Une jeune femme voilée de 21 ans,
enceinte, aurait été agressée… » (13/6/2013)
L'« ISLAMISME », UNE CRÉATION FRANÇAISE

Revenons à la source des choses, car il est indispensable de


comprendre de quelle contrée nous est parvenu le terme de
l’Islamisme. Non, ce n’est pas l’Arabie, ni le Yémen et encore
moins l’Iran. Nullement besoin de chercher ailleurs, car l’Islamisme
est, tout comme l’Islam de France et le Camembert, une invention
purement française nullement reconnue par la communauté
musulmane. Ce sont d’ailleurs uniquement les encyclopédies
occidentales qui fournissent une origine étymologique pour ce
terme baroque, comme celle-ci2:

« Le mot islamisme dérive du mot « islam » et du suffixe « -isme » et qualifie donc « la doctrine de
l'islam ». Le sens politique est plus récent. Le terme « islamisme » est de création française et l'usage
de ce mot est attesté en français depuis le XVIIIe siècle, où Voltaire l'utilise à la place de
« mahométisme » pour signifier « religion des musulmans3 » (ce qu'on nomme désormais
« islam »). »

L’Islamisme, c’est bien Voltaire qui a embarqué le reste du monde dans cette galère. Les musulmans
n’ont jamais demandé que l’on rajoute de suffixe au nom de leur religion et c’est pourquoi les
anglophones, il y a deux siècles déjà, ont tenté de supprimer ce mot français d’un Voltaire bien
maladroit:

« On trouve le mot dans cet usage, jusqu'à l'époque de la Première Guerre mondiale. Cet usage, qui
se développa au cours du XIXe siècle, commença à être concurrencé par le terme « islam » au tout
début du XXe siècle, lorsque le développement des études occidentales de l'islam fit la promotion du
terme que les musulmans utilisaient eux-mêmes. Le terme « islamisme » avait ainsi complètement
disparu de l'Encyclopedia of Islam entamée en 1913 et finalisée en 1938. »

Ce fut la première tentative des anglophones de jeter aux oubliettes


l’« Islamisme ». À cette époque, le monde anglo-saxon avait déjà saisi
l'aspect discriminatoire du terme et préférait nommer la religion des
musulmans en respectant leur terminologie. Or, quelques décennies
plus tard, ce sont à nouveau les Français qui s’obstinent à déterrer le
vieux mot voltairien pour nourrir leur campagne d’intoxication
antimusulmane. Toujours selon la même source:

« Le terme « islamisme » est réapparu en France à la fin des années


1970 pour répondre à la nécessité de définir les nouveaux courants
posant une interprétation politique et idéologique de l'islam et les
différencier de l'islam en tant que foi. »

Pour la France, un bon arabe en est un qui n’a pas « d’interprétation politique et idéologique de
l’Islam » et qui reste fidèle à l'impérialisme européen toujours prêt à échanger ses valeurs pour celles
de la République laïque4. Ce sont bien entendu les « islamologues » de l’hexagone qui ont formé
l’avant-garde dans cette offensive terminologique où il fallait à tout prix alerter le peuple contre les
« barbares islamistes » qui songent à rediriger le monde musulman par les lois de l’Islam. Voilà pour
le côté obscur de la force. À l’opposé, pour maintenir une certaine crédibilité, il fallait créer une

2
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Islamisme#cite_ref-9
3
Certains chercheurs déclarent que le terme a également surgi à la même époque en Angleterre, wallahu a’lam.
4
L’exemple type de l’« Arabe domestiqué » que veut façonner la France est celui de Hasan Chalghoumi qui aurait écrit le
livre « Pour l’Islam de France ». Cette marionnette des laïcs a été décrite par les médias comme l’«Imam si parfait ».
1
classe de musulmans idylliques asservis à la laïcité qui pratiquent « un Islam » qui plait à la
République de Sarko. Ce fut Bruno Étienne qui répondit à l’appel de l’ancien président et inventa
l’expression « Islam de France ». Un pseudo-spécialiste de l’Islam réussit ainsi à déclencher
l’affrontement « des islamistes » aux « musulmans de France »…à vos marques !

Voici la perception de l’Islamisme qu’entretenait Bruno Étienne, ce


pratiquant du bouddhisme zen décédé en 20095, qui fut l'inspirateur du
Conseil Français du Culte Musulman:

« Pour l'islamologue Bruno Étienne, l'acception actuelle du mot, qu'il


est également possible d'appeler « islamisme radical », peut se
résumer comme l'« utilisation politique de thèmes musulmans
mobilisés en réaction à l'« occidentalisation » considérée comme
agressive à l’égard de l’identité arabo-musulmane », cette réaction
étant « perçue comme une protestation antimoderne » par ceux qui ne
suivent pas cette idéologie. Bruno Étienne dit partager cette définition
avec d'autres spécialistes comme Gilles Kepel et François Burgat »

Étrange comment Bruno perdit tout son zen lorsqu’il se prononçait sur
les musulmans qui ne souhaitent pas que leurs valeurs
s’occidentalisent. Étienne, Kepel, Burgat ainsi que le reste de la maffia
islamologue considèrent l'Islamisme comme un courant de pensée
musulman, essentiellement politique, apparu au XXe siècle. Il est donc réellement possible de devenir
spécialiste de l’Islam sans jamais ne rien y comprendre…

L’IMPACT DES MOTS

Les mots peuvent informer, désinformer tout comme ils peuvent enflammer esprits et pays. Ils
peuvent condamner un mal d’une part et justifier différentes formes de discrimination de l’autre. Bien
avant Georges Orwell, les savants de l’Islam au passé avaient déjà clarifié le danger de la
manipulation des mots pour égarer les masses. C’est un thème qui revient fréquemment dans les
écrits de Sheikh al-Islam Ibn Taymiya ou encore dans ceux d’Ibn Hazm qui, il y a dix siècles,
a dit :

« Le fléau majeur (c.-à-d. l’égarement) s’est installé chez les gens par l’infiltration d’homonymes qui
ont permis d’entrelacer les termes vis-à-vis des significations qu’ils dissimulent. C’est ainsi que les
prêcheurs du mal, de la perversion et du sophisme ont réussi à
prendre contrôle des gens et qu’ils ont réussi à les embrouiller. C’est
pourquoi, dans nos livres, nous avons toujours insisté sur
l’importance de différencier les significations (des mots). »6

Aujourd’hui, ce sont les « spécialistes » de l’Islam qui appliquent le


raisonnement sophiste pour désinformer les gens sur les musulmans
et leur religion. Avec leurs termes tellement insolites, ils ont réussi à
contrôler et à embrouiller les masses. Voilà pourquoi il est d’une
importance capitale pour les musulmans de ne pas céder la place aux
incompétents et de s’imposer comme référence dans le champ de
bataille sémantique.

5
Après le décès de Bruno Étienne, Sciences-Po Aix a rebaptisé son principal amphithéâtre en sa mémoire.
6
Source: « Al-Ihkam fi Ousoul al-Ahkam », 6/235
2
Dans plusieurs pays, les mots choisis et imposés par les médias ont modifié l’attitude des masses
envers plus d’une minorité religieuse. En France, nul ne niera que les terminologies adoptées par les
politiciens, journalistes influents et pseudo-islamologues pour décrire les musulmans, constituent un
facteur d’aggravation des tensions actuellement subites par la communauté musulmane.

Il s’agit plus particulièrement de termes qui ont considérablement


façonné l’opinion publique sur les musulmans traditionalistes qui
pratiquent ouvertement leur religion. Cette simple constatation
nous permet de comprendre pourquoi les médias de l’hexagone
portent des responsabilités évidentes dans les multiples agressions
de femmes voilées, les profanations successives de cimetières
musulmans et de mosquées ainsi que dans la hausse massive de
l’islamophobie qui est sans précédent.

L’« Islamisme » est aujourd’hui un des termes diffamatoires les


plus adoptés par la presse occidentale. Voltaire n’a jamais pu
s’imaginer les dommages que provoquerait sa conception
terminologique. Tout d’abord, le problème réside dans sa
perception fluctuante qui a engendré un chaos collectif. Qu’est-ce
que l’Islamisme et qui est le plus en droit de le définir ? Il s’agit d’un terme qui, en soi, ne veut rien
dire, mais qui est toutefois utilisé par de nombreux feuillistes et homme politiques de différentes
façons.

Certains l’emploient pour décrire les musulmans qui commettent des actes terroristes, d’autres pour
décrire les musulmans qui résistent à l’occupation américaine de leur pays. Pour bon nombre de
pseudo-islamologues, l’Islamisme est synonyme de l’« Islam politique », une expression aussi
dérisoire que la « démocratie politique ». Ici, les « islamistes » deviennent ceux qui souhaitent se
décoloniser politiquement et économiquement en abolissant les constituons importées pour les
remplacer par la législation Islamique. Finalement, pour les politiciens qui reprennent une rhétorique
islamophobe teintée de racisme, l’islamiste est le musulman qui vit simplement l’Islam selon ses
préceptes et qui a choisi de ne pas se soumettre aux normes de la France jacobine.

Il devient ipso facto impossible pour le musulman de se soustraire à l’étiquette « islamiste ». Les
assauts médiatiques et politiques visant les musulmans orthodoxes ont fait que, pour pouvoir
bénéficier de la simple appellation du « musulman », il faut impérativement être laïque ou s’assimiler
intégralement aux principes de l’hexagone franchouillard. Le
musulman se retrouve ainsi outragé, n’ayant plus le droit d’être
« musulman pratiquant » en France, ni même de rêver d’une vie libre
sous les lois de l’Islam dans son bled sans être taxé « d’islamiste ».

QUI SONT LES « ISLAMISTES »?

La « Associated Press » compte plus de 5000 correspondants à travers


le monde et fournit ses services à des milliers d’organisations de
presse. Lorsque l’agence effectue une modification dans son « Style
Book »7 cela a un impact considérable dans les médias du monde
entier vu que toutes les agences de presse qui font appel aux services
de l’AP et adoptent sa terminologie se voient obligé de suivre. Voilà
donc pourquoi le nouvel emploi du mot « islamiste » constitue une

7
Le « Style Book » est le guide qui sert de protocole terminologique pour l’AP et indique quels termes peuvent être
utilisés ou non, et comment.
3
primeur dans le combat pour une terminologie médiatique plus équitable envers les musulmans.

C’est en 2012 que le terme « islamiste » fut introduit pour la première


fois dans le « Style Book » de l’AP où l’agence le décrivait
initialement comme:

«… un partisan d’un gouvernement qui vit selon les lois de l’Islam.


Ceux qui prennent le Coran comme modèle politique constituent une
grande variété de musulmans, allant de politiciens dans la ligne du
courant dominant aux militants connus comme étant des djihadistes »

Après une pression considérable exercée par le Conseil des Relations


Américaines-Musulmanes8 pour obtenir la suppression du terme, les
dirigeants de l’AP finissent par céder partiellement et changent son
acception. Le 3 avril 2013, leur définition de l’islamiste est désormais
la suivante:

« …un apologiste ou partisan d’un mouvement politique qui favorise la restructuration du


gouvernement et de la société selon les lois prescrites par l’Islam. À ne pas employer comme
synonyme de combattants islamiques, militants, extrémistes ou radicaux qui peuvent, oui ou non, être
des islamistes. »9

Vous direz qu’il s’agit d’un pas en avant, mais une connotation islamophobe bien cachée reste
présente dans le terme. Pourquoi les médias occidentaux se sentent-ils dans l’obligation de qualifier
d’islamiste tout musulman qui souhaite vivre selon les lois de sa religion? Qui leur a donné cette
légitimité de dénommer les musulmans de la sorte ? D’où surgit donc cette audace de condamner
catégoriquement le désir des musulmans de vivre en toute indépendance, loin de l’hégémonie
occidentale ? Ceux qui, dans le monde musulman, aspirent à une liberté totale, loin des menaces
économiques du grand Yankee américain, méritent-ils réellement d’être dépréciés par ce terme chargé
d’une connotation tellement négative? L’époque coloniale est, certes, révolue, mais la langue du
colonisateur se fait toujours entendre…

LA POLITIQUE LÉGISLATIVE

Contrairement au contenu de la pilule médiatique que l’on veut nous


faire avaler, les musulmans qui désirent faire régner les lois de l’Islam
ne sont pas que des individus violents qui se livrent à des attentats
terroristes et rendent mécréants les dirigeants musulmans pour justifier
une révolte ou un coup d’État quelconque. Islamiquement, ces derniers
se trouvent hors la loi. La grande majorité des musulmans sont
pacifiques, mais espèrent néanmoins vivre un jour dans une société plus
juste selon les lois du Créateur.

La particularité des « islamologues » est qu’ils adoptent


systématiquement le terme « Islamisme » pour se donner bonne
conscience et prétendre qu’ils ne détestent que l’« Islam politique » et
non l’Islam10.

8
Le « Council on American-Islamic Relations » (CAIR) est l’organisation qui défend les droits des musulmans aux États-
Unis.
9
“The Associated Press Revises Another Politically Charged Term” (Usa News 04/04/2013)
10
C'est aussi ce qu'a fait le FN dans sa campagne d'affiche « NON À L'ISLAMISME » qui a permis d'exploiter le terme
« Islamisme » pour s’attaquer à l’Islam en toute impunité.
4
Il n’y a bien entendu rien qui se nomme l’Islam politique, car
l’Islam possède sa propre politique cadrée dans un système
entièrement autonome qui est détaillé dans le Coran et la tradition
Prophétique. À ce sujet, le grand savant Sheikh Mohammed al-
Utheymine disait:

« La totalité des versets coraniques et des hadiths prophétiques


indiquent que l’Islam est l’État. C'est-à-dire qu'il est obligatoire
pour l’État d'appliquer l’Islam à lui-même, sur ses lois et sur son
peuple. »11

Les musulmans ont donc une propre façon de gérer leurs affaires politiques par le biais de la
« Politique Législative » (as-Siyasa al-Chari’ya). Ceci ne peut, en aucun cas, être considéré comme
un aspect extérieur à la religion musulmane, car le principe de « séparation de la Mosquée et de
l’État » est inexistant en Islam du fait qu’il s’agit d’une religion universelle et parachevée qui répond
à tous les besoins du musulman dans tous les domaines de la vie. Une évidence que les
« spécialistes » de l’Islam, après des décennies de profondes recherches, n’ont toujours pas
découverte du fait qu’ils comparent la religion musulmane à l’Église contemporaine.

Le terme « islamiste » a été condamné par les savants de l’Islam à notre époque qui ont très bien
saisit qu’il s’agit d’une arme dans la guerre des mots pour contrer le retour des musulmans vers une
pratique intégrale de leur religion. Voici un résumé très précis présenté par Shaikh Bakr Abu Zeyd :

« À chaque fois que s’accroit la prise de conscience islamique, la guerre


des mots et le conflit psychologique s’intensifient par la construction
d’expressions qui inspirent de l'aversion comme celles que je viens de
mentionner. D’autres s’emploient dans des tournures de phrase d’une
manière encore plus fourbe du fait que le sens effrayant ne se révèle pas
à travers la forme ou l’apparence du surnom en question. C’est
uniquement en renvoyant le terme à son origine, que l’on constate qu’il
coïncide avec les surnoms et les expressions dans la dépréciation et le
dénigrement d’une part et dans l’avertissement et leur frayeur de
l’autre. Parmi ces expressions nous avons : ‘un fondamentaliste’, ‘le
fondamentalisme’, ‘le radicalisme’, ‘le militantisme’ et ‘les
islamistes’. »12

Le musulman se doit d’être extrêmement vigilant, car il est


quotidiennement confronté à des attaques terminologiques et
psychologiques qui se déroulent non seulement dans les médias et la
politique, mais également dans l’éducation nationale. Comme en France
la laïcité est inculquée d’une façon qui ne permet pas de cultiver le respect d’autres visions du monde,
une tendance à marginaliser ceux qui ne partagent pas cette même conception laïque a surgi
brusquement. On y fait recours à des terminologies pour concrétiser une ségrégation religieuse non
explicite qui devient de plus en plus lourde à digérer pour ceux qui aiment garder l’esprit ouvert.

11
Source : « Silsila Liqâ al-Bâb al-Maftouh », 13/233
12
Source : « Mou’jam al-Manâhi al-Lafdhiyya », p.106
5
Notez que les « experts » qui usent du terme islamiste sont incapables d’expliquer comment un
musulman pratiquant peut être actif dans l’arène politique sans être qualifié d’islamiste. Ainsi,
l’emploi de l’« islamiste » revient implicitement à dire que les musulmans ‘non libéraux’ doivent être
exclus de toute participation politique. À nouveau, peut-on interdire
aux musulmans le droit de diriger leurs pays selon les lois de leur
propre religion ? Doivent-ils être condamnés éternellement à une vie
sous des dictatures imposées qui, à leur tour, imposent des
constitutions occidentales que leurs peuples n’ont jamais demandées ?

Les politiciens français ne pourront jamais se permettre de répondre à


cette question par l’affirmative, mais leur vocabulaire froissant vise
néanmoins à sataniser les musulmans qui revendiquent une législation
autonome dérivée des lois et préceptes de leur religion. Il s’agit bel et
bien d’une guerre terminologique et d’une politique néocolonialiste.

LA PRESSE ANGLOPHONE, UN MODÈLE POUR LA FRANCE ?

Le chauvinisme nationaliste empêchera beaucoup de Français de l’admettre, mais aux États-Unis, les
journalistes sont globalement bien plus évolués que les rédacteurs iniques de la France. Parmi eux il y
a Frank Sesno, ancien correspondant de la CNN, qui affirme que les médias doivent être plus
sensibles aux conséquences de l’emploi de certaines terminologies. Quant à l’« islamiste », il cite 13:

« Je ne sais pas ce que ça veut dire, est-ce quelqu’un qui croit en l’Islam, quelqu’un qui croit en
l’Islam avec dévotion, est-ce un extrémiste ou un terroriste? Voilà le problème de ce terme, il ne veut
rien dire, c’est presque un terme raciste… »

Le terme n’est peut-être pas raciste, mais il est, de toute évidence, islamophobe et discriminatoire du
fait qu’il s’applique seulement à une minorité religieuse bien spécifique et qu’il sert avant tout à
discréditer les musulmans qui souhaitent appliquer l’Islam sous toutes ses facettes. Sesno poursuit :

« Si ce terme avait été utilisé en combinaison avec une autre religion, je ne sais pas ce que le terme
deviendrait, mais il est clair que ce serait considéré comme un terme moqueur qui provoquerait un
grand débat. Si quelqu’un est un chrétien ou juif pieux, cela veut-il dire par définition qu’il s’agit
d’une personne radicalisée? Non, ce n’est pas vrai…»14

Effectivement, lorsque les juifs, les chrétiens ou les hindous


s’organisent politiquement, les médias ne les appellent pas judaïstes,
christianistes ou hindouistes, même s’ils cherchent à former des
gouvernements qui vivent en accord avec les lois de leurs religions
respectives.

Les journalistes qui relatent les événements politiques doivent être


prudents, car les termes qu’ils emploient dans leurs communications
et échanges d’informations sont prédéterminés par le langage de
ceux qui détiennent les rênes du pouvoir. Ce sont eux qui font surgir
ce genre de termes dans leurs communiqués, conférences de presse
ou par le biais de leurs sources et institutions officielles. L’ancien
correspondant de la CNN déclare:

13
“Stylebooks: The politics of naming” (25/04/2013, al-Jazeera English)
14
Notez comment un journaliste américain non musulman saisit mieux des notions de base liées à l’Islam que certains
« experts » de l’Islam comme Samir Amghar qui considère toute pratique orthodoxe de l’Islam comme radicalisation.
6
« Ce sont des termes chargés qui vont souvent renforcer le sens donné
par son auteur qui, dans ce cas, sont les gouvernements. Voilà
pourquoi ces termes en question deviennent par définition de la
propagande. Tout le monde le fait... »

En effet, l’Islamisme est un terme de propagande dont raffolent les


« islamologues » qui font figure de référence pour le monde politique
et médiatique. Ce sont eux qui déterminent les formulations des
politiciens qui, à leur tour, infectent le langage médiatique. Le souci
majeur avec ces pseudo-islamologues est qu’ils sont manifestement
incompétents dans leur domaine, profondément ignorants de la religion
musulmane ayant cultivé une vision très partiale de l’Islam.

Prenons les exemples de Gilles Kepel et son disciple protégé Stéphane


Lacroix15 qui sont parmi les plus actifs à pratiquer l’amalgame pour
stigmatiser les musulmans orthodoxes et à propager des mots virulents
à caractère islamophobe16. Dans leurs écrits, les deux « islamologues » adoptent audacieusement le
terme « Islamisme » pour dénigrer l’Islam et les citoyens musulmans qui ne désirent pas forcément
vivre selon des constitutions de leurs anciens pays colonisateurs. Pour eux, les seuls « musulmans
normaux » sont les laïques, les arabes occidentalisés ainsi que les agents libéraux qu’ils exploitent
pour promouvoir des lois civiles dans le monde musulman17. Voilà une des facettes de l’islamophobie
française qui reste, certes, très occulte, mais cause d’énormes dégâts dans le façonnement de
l’opinion publique.

WIKTOROWICZ, PARRAIN DE LA MAFFIA ISLAMOLOGUE

Un des exemples les plus révélateurs de l'influence qu’exercent les


« islamologues » sur le langage médiatico-politique est celui de Quintan
Wiktorowicz, membre du Conseil National de Sécurité de la Maison-
Blanche18 et conseiller en affaires de terrorisme pour un autre terroriste
nommé Barack Ibn Hussein19. C'est ce « spécialiste » du Salafisme qui a
forgé le Triangle mystique des islamologues contemporains: la
catégorisation tripartite des Salafis en ‘quiétistes’, ‘politiques’ et
‘djihadistes’ .

La forte majorité des « experts de l’Islam » en Europe ont fidèlement


calqué leur classification des Salafis sur celle de Wiktorowicz dont les
écrits et la terminologie invraisemblable des sectes islamiques ont
contaminé de nombreuses études gouvernementales et plusieurs cercles
académiques.

En France, certains « islamologues » ont restreint cette catégorisation à

15
Pour plus sur Stéphane Lacroix, lisez « Les Fables de Lacroix commentées par l’œuvre d’Al-Albani », une réponse que
Sciences Po a tenté de censurer: http://www.scribd.com/doc/142487485/Stephane-Lacroix-un-specialiste-du-salafisme .
16
Dans son livre « Jihad », Gilles Kepel a inventé l’expression « salafiste-jihadiste ». Or ses livres indiquent clairement
qu’il ignore totalement ce qu’est le salafisme et qu’il n’a pas la moindre notion du Jihad Islamique.
17
Stéphane Lacroix fait partie des islamophobes néocoloniaux qui cherchent à « ré-civiliser » le monde arabe, d’où
certains le considèrent comme la version laïque de Sharia4Belgium. Le 26 mars 2012, Lacroix devait participer au
colloque d'al-Nahda qui a comme but d'instaurer l'état civil dans les pays musulmans. Le colloque, qui devait avoir lieu
au Kuwait, a dû être annulé après le mécontentement général des musulmans. Bientôt, qui sait, « Laicité4Arabia » ?
18
À plus petite échelle, « l’islamologue » Samir Amghar aide sa communauté en présentant ses analyses folkloriques sur
les groupes musulmans au Ministre Suisse de la Défense où il est consultant.
19
Mieux connu sous le nom d’« Obama ».
7
deux groupes : les « salafistes cheikhistes », équivalent des « salafistes
quiétistes » dans la doctrine Wiktorowiczienne, et « salafistes
djihadistes » qui englobent une partie des « salafistes politiques ». Il s’agit
d’une catégorisation erronée, car ceux qu’ils nomment « salafistes
djihadistes » ont également leurs cheikhs auxquels ils reviennent ; d’autre
part, ceux qu’ils taxent de « salafistes cheikhistes » reconnaissent aussi la
légitimité et le besoin du Jihad, mais sous les conditions imposées par la
législation islamique. « Salafistes djihadistes » et « salafistes cheikhistes »
sont donc deux expressions vides de sens issues d’une compréhension
lacunaire20.

Notez que dans sa catégorisation des Salafis, Wiktorowicz a tout mis en


œuvre pour prouver que certaines idéologies radicales et innovatrices
ainsi que l’Islam orthodoxe sont unis par le dénominateur commun du
Salafisme. Résultat : les barbus sont mondialement considérés comme de
potentiels terroristes et soumis à une surveillance permanente des
gouvernements et des médias.

L’imposture dans la classification du Salafisme de Quintan Wiktorowicz peut facilement être


démasquée, car elle implique que les pieux prédécesseurs, auxquels se réfèrent les Salafis, se
composaient de trois catégories. La première prenait part à des révolutions pour contester l’autorité
musulmane et se livrait à des attentats terroristes en massacrant des innocents. Ceux-là seraient
aujourd’hui suivis par ceux que Wiktorowicz dénomme les ‘salafistes djihadistes’. La deuxième
catégorie exploitait des systèmes de gouvernance qui ne sont pas basés sur la législation Islamique -
comme celle de la démocratie - pour arriver au pouvoir. Leurs suiveurs seraient actuellement,
toujours selon la classification en question, les ‘salafistes politiques’. Enfin, la troisième catégorie des
« al-Salaf as-Sâlih » 21 était si passive qu’elle ne voyait pas la légitimité du Jihad en Islam. Ces
derniers représenteraient à notre époque les ‘salafistes quiétistes’.

Il ne reste plus qu’à défier Quintan Wiktorowicz ainsi que son troupeau de pseudo-islamologues de
citer des exemples parmi les pieux prédécesseurs qui se livraient à des attentats terroristes, qui
déclenchaient des révolutions, qui participaient à des systèmes de gouvernance non islamiques ou qui
ne voyaient pas la légitimité du Jihad en Islam. Ils n’en trouveront
pas un seul et c’est pourquoi la « théorie Wiktorowicz » est aussi
erronée et illogique que la Trinité chrétienne.

Le problème sous-jacent dans la conceptualisation du Salafisme


du conseiller d’Obama est qu’il s’est basé sur la notion crédule qui
veut que tous ceux qui se disent Salafis le soient réellement, peu
importe si leur méthodologie est conforme à celle des « al-Salaf
as-Salih » ou non. On attend impatiemment le jour où Quintan
Wiktorowicz conseillera Obama de qualifier de démocrates tous
les présidents des républiques bananières qui prétendent vivre
selon les fondements de la démocratie et qui, la tête haute, se
nomment démocrate. Wiktorowicz pourra ainsi mettre au point

20
La bonne question à se poser est de savoir si oui ou non ces mêmes chercheurs seraient financés de la sorte par Sciences
Po s’ils publiaient des répertoires des juifs religieux. Imaginez-vous Samir Amghar classifier les juifs en se prétendant
« judéologue ». En effet, il se trouverait déjà derrière les barreaux pour antisémitisme, déchu de son rang de chercheur au
CERI de l'université de Montréal et peut-être même de sa nationalité française.
21
Les « al-Salaf as-Salih » ou les pieux prédécesseurs sont les gens des premières trois générations (suivant la révélation)
de qui le Prophète a attesté la droiture. Les Sunnites ou Salafis se basent sur la connaissance du Coran et la Sounna
suivant la compréhension de ces pieux prédécesseurs.
8
une nouvelle catégorisation composée de « démocrates quiétistes » qui tiennent des élections d’une
part et de « démocrates dictatoriales » qui n’en tiennent pas, de l’autre.

On peut ainsi conclure que l’ensemble des « spécialistes » du Salafisme ne savent pas qui sont les
Salafis, ignorent qui étaient les Salafs et par conséquent ne peuvent comprendre ce qu’est le
Salafisme.

LA CONQUÊTE TERMINOLOGIQUE

Cela fait déjà plusieurs siècles que l'Occident tente de séculariser


l’Islam au nom de la réforme et la modernisation. C’est, comme
le disait Ibn Hazm , avec les mots que les adversaires des
musulmans prennent contrôle d’eux et arrivent à les embrouiller,
chose que les Américains ont malheureusement très bien
compris. Leur catégorisation tripartite des Salafis a été
massivement propagée par les Arabes libéraux qui, au lieu de
reconnaitre les expressions des savants reconnus de l’Islam,
préfèrent reproduire celles des pseudo-islamologues en Occident
pour définir les groupes islamiques.

Au Maghreb, des adeptes de la secte des néo-Khawarij répètent comme des perroquets les termes
occidentaux qui se sont insinués dans la presse libérale et se proclament fièrement ‘salafiste-jihadiste’
sans jamais avoir entendu parler de Kepel ou Wiktorowicz. Ces mêmes gens qui se veulent les plus
grands ennemis des États-Unis ont délaissé la terminologie du Coran, de la Sounna et des savants de
l’Islam pour une classification du salafisme qui a été créée à la Maison-Blanche. Ceci n’est qu’une
des conséquences déplorables de l’endoctrinement médiatique et du manque d’éducation islamique.

Un second exemple de cette conquête terminologique peut être discerné dans le terme « islamiste »
qui surgit pour la première fois dans les médias arabes lors des années 90 en Algérie pour décrire
d’« islamistes extrémistes » les néo-Khawarij qui ont perpétré les massacres sur le peuple algérien.
Après les attentats du 11 septembre, le mot s'est finalement propagé dans le reste du monde arabe par
le biais des libéraux qui, massivement financés par l’Occident, en ont fait un outil de propagande.
Une fraction importante des Frères Musulmans connus pour participer aux processus politiques non
conformes à l’Islam - et qui a priori sont visés par l’expression islamiste - se sont réapproprié le mot
en tant que recommandation favorable à eux-mêmes. Une comparaison peut être tirée avec
l’expression « nigger », initialement utilisée en tant qu’insulte envers les Afro-Américains qui, à leur
tour, l’ont récupéré dans leur langage quotidien pour décrire la personne noire. À la différence des
noirs américains qui savaient bien qu’il s’agissait, à l’origine, d’une insulte de l’homme blanc, les
Ikhwans n’ont, jusqu’à ce jour, toujours pas saisi qu’ils utilisent une appellation française créée dans
le but de dénigrer les musulmans.

Il est important de comprendre la stratégie qui se cache derrière


l’emploi du terme « islamiste » dans les pays arabes. En taxant
d’islamiste tout musulman qui souhaite appliquer l’Islam dans sa
totalité, les Arabes qui se sont convertis au libéralisme s’efforcent de
poursuivre la séparation de la Mosquée et de l’État instauré par les
pays colonisateurs.

Après avoir remplacé le musulman par l’islamiste, ils se sont permis


de créer le « musulman laïque », le « musulman libéral » - et bientôt,
qui sait, le « musulman athée » - dans le but de légaliser la
gouvernance libérale des États musulmans, allant ainsi à l’encontre
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du consensus islamique sur l’interdiction de juger selon des lois
innovées par l’homme. Interrogé sur le nouveau phénomène
d’Arabes qui se proclament libéraux, Sheikh Utheymine répondit :

« Il est important de rester ferme vis-à-vis de ces courants (libéraux


et autres), car les non-musulmans, avec ce qu’Allah leur a donné
comme puissance industrielle et hégémonie sur les masses, tentent
aujourd’hui d’extraire les musulmans de leur religion avec des
termes qui semblent être véridiques, mais sont entièrement faux. »22

Aujourd’hui, la guerre idéologique attisée dans les pays musulmans


se mène principalement par le prosélytisme libéral. Un des exemples
les plus apparents de ce prosélytisme est celui de Stéphane Lacroix
qui exploite les libéraux en Arabie Saoudite dans son combat pour
abolir les lois islamiques du pays. Dans ses écrits, le professeur de Sciences Po affirme que l’Islam a
besoin d'une révolution copernicienne et c’est dans ce contexte qu’il propage avec grand acharnement
le terme d’« islamo-libéraux » afin de promouvoir la laïcité chez les musulmans. En contrepartie, il
décrit les musulmans qui veulent continuer à vivre selon les lois de l’Islam comme des Wahhabites
radicaux et des islamistes.

Pour les néo colonisateurs, l’« Islamisme » est un cheval de Troie qui vise, par le biais des Arabes
libéraux, à déstabiliser toute tentative d’établir un système de gouvernance islamique. Ils se sont
servis de ce stratagème ingénieux par lequel ils manipulent les mots pour dissuader les musulmans de
prendre des convictions islamiques qui vont à l'encontre des idéologies séculaires. Ils suscitent chez
eux une frayeur de la charia et tentent ainsi d’ébranler leurs croyances dans les fondements de leur
religion. Le tour de magie est joué permettant aux Arabes laïcs de trouver un nouveau souffle.

Mais d’où leur est donc venue cette façon étrange de comprendre l’Islam ? Il faut savoir que ces
Arabes libéraux sont le produit directe des dictatures de Kadhafi, Bourguiba, etc. qui, sous un accord
silencieux des Occidentaux, torturaient les citoyens musulmans qui pratiquaient ouvertement l’Islam.
La presse occidentale n’en parlait point, mais pendant des décennies, ils ont tenté d’éradiquer
l’apprentissage de la science musulmane ainsi que la pratique de la Sounna23. Tout cela a produit une
société où les préceptes de l’Islam sont largement méconnus et les valeurs occidentales vénérées et
aveuglément défendues.

La propagande dictatoriale dans certains pays arabes avait pour but de réduire la religion à une
relation personnelle avec le Créateur qui pouvait uniquement se
manifester dans le cœur. Or l’Islam est une religion universelle
et non une idéologie ou un courant de pensée dont chacun
personnalise les menus à sa guise. Être musulman implique une
soumission aux commandements divins et il ne suffit pas de
prétendre être musulman pour réellement l’être. L’Islam, on y
croit dans sa totalité ou on n’y croit pas. Voilà pourquoi laïciser
l'Islam est aussi infaisable que d'islamiser la laïcité.

Après plusieurs révoltes insensées, la stabilité politique et


économique dans les pays arabes semble plus loin que jamais.
Cependant, beaucoup de citoyens musulmans ont retrouvé une
nouvelle vie où ils peuvent enfin pratiquer librement leur
22
Source : « Silsila Liqâ al-Bâb al-Maftouh », 13/233
23
En Libye, celui qui enseignait l’Islam fut condamné à la peine de mort, en Tunisie celui qui se rendait à la mosquée
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pour prier la prière du matin se faisait arrêter et ficher, etc.


religion. Petit à petit, quelques pays semblent sortir de leur
coma intellectuel provoqué par leurs anciens dirigeants qui
opprimaient le peuple avec des constitutions européennes qu’ils
interprétaient suivant leur propre raisonnement. Sheikh Bakr
Abu Zeyd disait vrai ; une prise de conscience islamique est
toujours accompagnée d’une guerre des mots et d’un conflit
psychologique.

Pour maintenir son influence sur les pays musulmans, le grand


Yankee les achète avec une « aide » annuelle pour pouvoir les
contrôler politiquement et les menacer économiquement. Toute
apologie d’une gouvernance indépendante par les musulmans
est attaquée dans sa racine par le biais des libéraux arabes qui font pénétrer la terminologie
occidentale des « islamologues » dans le langage médiatique. Voilà pourquoi les musulmans ne
réussiront jamais en se révoltant contre les dirigeants musulmans, ni en participant au système
démocratique qui n’est qu’un jeu entièrement géré par les États-Unis de façon dictatoriale. 24

À QUAND LA FIN DE L’« ISLAMISME » ?

À l’instar des antisémites qui ne supportent pas entendre parler d’antisémitisme, les islamophobes
sont allergiques au terme islamophobie. C'est pourquoi Caroline Fourest s'est permis de réécrire
l’histoire25 pour proposer une abolition du mot « islamophobie » et ainsi minimiser la réalité
islamophobe en France. Or, ce qui est bien plus déconcertant c’est que Fourest, avec sa manipulation
maléfique, a réussi à influencer le vocabulaire du ministre de l’Intérieur qui, de manière très naïve et
carnavalesque, répète ce qu’il ne comprend pas. Ainsi, Manuel Valls a fait preuve d’audace inouïe en
demandant à ne plus parler d’« islamophobie ». Il a justifié sa censure ministérielle par le même
argumentaire ahuri de l'essayiste islamophobe qui se croit fin connaisseur de l'Islam.26

En France, la dénégation du problème islamophobe ainsi que de son


ampleur inégalée se trouve à la source du malaise profond au sein
de sa communauté musulmane. Ce qui alimente et maintient en vie
cette dénégation est bien la terminologie diffamatrice présente dans
le langage médiatique, politique et avant cela dans le jargon
« islamologue ».

Aux États-Unis, un premier pas vers l’abolition de ce genre de


termes a eu lieu et il est grand temps pour les esprits lucides de la
France de suivre l’exemple. Il est temps que les médias prennent
leurs responsabilités et cessent d’adopter les termes qui font preuve
d’un irrespect profond envers les musulmans. Il est temps qu’ils
adoptent un vocabulaire adéquat dénué de toute connotation
péjorative en consultant les musulmans et sans prêter l’oreille à la
propagande antimusulmane. S’il leur est strictement interdit de
24
La solution pour cette Oumma, comme l’ont expliqué les savants, se trouve dans « al-Tasfiya wa al-Tarbiya». La
compréhension de l'Islam doit être purifiée de toute chose qui l’a infiltrée et qui n’en fait pas partie. De même, il faut que
la communauté musulmane soit éduquée et élevée selon la croyance correcte et originale de l’Islam. C'est uniquement à ce
moment-là que le monde musulman sera capable de déterminer son futur politique indépendamment sans aucune
ingérence occidentale.
25
Fourest prétend que le mot « islamophobie » a été utilisé pour la première fois en 1979 par les mollahs iraniens pour
abaisser les femmes qui refusaient de porter le voile. Or, le terme fut déjà employé, un demi-siècle auparavant, par
Etienne Dinet dans l'ouvrage intitulé « L’Orient vu de l’Occident » qui date de 1921.
26
Il serait intéressant de voir la réaction de Valls aux antisémites qui refusent le terme de l'antisémitisme du fait qu'il sert
11

à étouffer toute critique contre le sionisme et l'occupation de la Palestine.


décrire les juifs orthodoxes par des termes antisémites, les
musulmans doivent, eux aussi, avoir le droit de ne plus être pointés
du doigt avec une typologie islamophobe.

Trois siècles après la création du terme de l’Islamisme, les


« islamologues » à notre époque en ont fait leur carrière en
exploitant la guerre ‘contre’ le terrorisme. Ils se sont transformés en
vermines mondialistes qui rongent les fonds de recherche
scientifique et qui profitent largement de la marginalisation sociale
et politique des musulmans.

L’Islamisme, ce mot que Voltaire avait un jour mis sur feuille est
aujourd’hui devenu une arme redoutable des ‘Islamophobus Rex’,
ces militants féroces de l’islamophobie. Or il serait injuste d’en
rejeter entièrement la faute sur l’écrivain français qui a pondu
« l’Islamisme » à une époque où il traitait le Prophète Mohammed de « cruel » et de « fourbe »27.
Ce fut également l'époque de sa pièce théâtrale « Mahomet, ou le fanatisme » composée en 1742.

Bien qu’il fût, au départ, très hostile à l’Islam, Voltaire va plus tard s'instruire dans la religion de
celui qu’il nommait auparavant « Mahomet le fanatique ». Suite à des recherches personnelles et une
étude approfondie, Voltaire acquiert une compréhension de l'Islam bien supérieure à celle des
pseudo-islamologues contemporains. Il change radicalement sa perspective et va renoncer à ses
ouvrages sur les musulmans que propageait l’Église. En 1766, il fait l’éloge du Prophète
Mohammed28 et révèle sa nouvelle vision:

« Sa religion est sage, sévère, chaste et humaine : sage puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de
donner à Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystère ; sévère puisqu’elle défend les jeux de
hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste,
puisqu’elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient le lit de tous les
princes de l’Orient ; humaine, puisqu’elle nous ordonne l’aumône, bien plus rigoureusement que le
voyage de La Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité, la tolérance. »29

Voltaire ne possédait pas l’orgueil opiniâtre par lequel sont enivrés aujourd’hui les « islamologues »
qui se croient tellement supérieurs aux musulmans qu’ils se permettent de les répertorier comme s’il
s’agissait d’espèces animales. Au lieu de s’inspirer de l’exemple de Voltaire, ils persistent dans leur
croisade terminologique parrainée de généreuses subventions par des institutions telles que Sciences
Po. Qu’ils le veuillent ou non, le grand défi du XXIe siècle
pour ceux qui se veulent les grands experts de l’Islam en
France est d’accepter l’Islam tel qu’il est en respectant sa
pratique orthodoxe et sans vouloir le remodeler pour les
beaux yeux des politiciens.

L’emploi du mot « Islamisme » fut une erreur manifeste de


Voltaire et s’exploite aujourd’hui pour dénigrer la religion
pour laquelle il avait développé une si grande estime. Il ne
convient donc pas de déterrer des termes qui furent
éradiqués par respect pour les musulmans. De plus, Voltaire
n’aurait jamais acceptée que l’on exploite une de ces
anciennes erreurs, comme lui-même le disait si bien:
27
« Recueil des Lettres de Voltaire (1739-41) »
28
« L’Examen important de milord Bolingbroke, ou le tombeau du fanatisme »
12

29
« Essai sur les mœurs »
« Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la
ressuscite...»30

La résurrection de termes comme l’Islamisme ainsi que l’invention


d’expressions telles que l’Islam de France ou la classification
des Salafis ont permis aux pseudo-islamologues de stigmatiser une
minorité religieuse et d’enflammer la France de haine et de colère
contre les musulmans orthodoxes. La culpabilité islamologue doit à
présent être reconnue, car c’est bien le jargon « islamologiste » qui a
permis au gouvernement français de banaliser l’islamophobie et aux
médias de faire la sourde oreille aux agressions contre les citoyens
musulmans. Pour eux, il ne s’agit après tout que de femmes
« islamistes » qui n’ont pas voulu se soumettre à l’« Islam de
France »…

Kareem El Hidjaazi

Pour plus d’articles, visitez le site ‘Islamologues de France’31:


www.islamologues-de-france.com32

Suivez les ‘Islamologues de France’ :

30
« Dictionnaire Philosophique 1764 »
31
Site officiel de l’Observatoire des Islamologues de France, situé à Hadramaout, Yémen.
13

32
Olivia Ameye, nous attendons votre plainte…

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