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COMMISSION D’EVALUATION ELECTORALE INDEPENDANTE COMMISSION D’EVALUATION ELECTORALE INDEPENDANTE, HOTEL KINAM, PETION-VILLE, 2 janvier 2016 RAPPORT DE LA COMMISSION Préambule Vu l'arrété présidentiel en date du 22 décembre 2015 portant création de la « Commission d'Evaluation électorale Indépendante» ; Vu le mandat confié 3 cette Commission a’évaluation électorale Indépendante: «prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d’évaluer le processus électoral et de faire des recommand: FS >; Vu les termes de référence de la Commission d’Evaluation électorale Indépendante spécifiant la mission d’examiner le premier tour des élections présidentielles sur demande de plusieurs secteurs de la vie nationale ; Considérant qu'il y a une nécessité sociale de s’attaquer a la crise de confiance qui se généralise et tend a vouer a I’échec toute initiative d’entente et de concorde nationale ; Considérant qu’un Président de la République et d’autres élus issus d’élections entachées d'irrégularités majeures, aggraverait davantage la crise politique et instabilité du pays ; Tenant compte du climat global de suspicion dans le pays, du volume de plaintes et dénonciations qui sont parvenues & la Commission en moins d'une semaine ; Tenant compte des rapports des missions nationales et internationales d’observation sur existence d’irrégularités importantes susceptibles d‘attaquer la légitimité du scrutin du 25 ‘octobre 2015 comprenant les élections présidentielles, lgislatives et municipales; Ala lumiére de nombreuses rencontres et de dialogues de la Commission avec des acteurs importants impliqués dans le processus électoral actuel ; Eclairée davantage par des avis techniques et scientifiques d’experts en matiére électorale et dans le domaine des statistiques ; La commission d’Evaluation électorale Indépendante pose les éléments de contexte suivants en rappelant certains constats : Le pays fait face & une crise multidimensionnelle qui a des répercussions trés graves sur la vie politique, économique, sociale, écologique et institutionnelle de la nation. lly a beaucoup de tensions sociales dans les différentes villes du pays. Les élections n’ont as été un facteur « d’union fait la force » mais de discorde au sein de la nation. Elles projettent l'image d'un pays profondément divisé aux yeux du monde international. La non-tenue des élections pour le renouvellement régulier des élus dans les délais prévus par la constitution, a conduit @ un fonctionnement boiteux des institutions de I’Etat et de la machine électorale en particulier. Les contestations persistantes relatives aux résultats du scrutin du 25 octobre 2015, a déja projeté le pays dans une crise aux ramifications imprévues et insoupconnées. Les partis politiques, le secteur des droits humains et la société civile en général clament haut et fort qu'il existe trop de défaillances dans la machine électorale. Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) actuel n'est pas a I’écoute du peuple haitien pour qui ravaille, La dégradation de la situation économique du Pays, caractérisée par une dépréciation aceélérée de la monnaie nationale, a entrainé une diminution substantielle du pou d'achat des plus pauvres et une plus grande perméabilité a la corruption sous des formes diverses. Ce qui détériore l'environnement politico-social du pays et le climat du processus électoral Les manifestations de rues témoignent d'un grand mécontentement au sein de la population. Des partis politiques et des organisations de la société civile dénoncent ce qu’ils considérent ‘comme une volonté de mainmise de I'Exécutif sur l'appareil électoral. La perception d'une politisation de la Police Nationale d’Haiti (PNH) et de son incapacité réelle a « protéger et servir » suscite de la méfiance et des doutes au sein de la population. La perception de I'ingérence de I'international dans les grandes décisions du pays, jette de la confusion dans les esprits et du discrédit sur les autorités constituées du pays. Tout ceci risque de conduire la nation dans une situation incontrdlable. Par ailleurs, il faut aussi rappeler que globalement et selon des avis équilibrés, les élections du 25 octobre 2015 ont eu lieu dans de meilleures conditions de sécurité que celles du 9 aoat 2015 parce que les autorités concernées avaient consenti des efforts pour cela. Tandis que la faible participation des citoyens aux compétitions électorales dénote un désintérét croissant de la population pour la chose publique. La Commission a conduit son évaluation a la lumiére de ces constats et éléments de contexte, sachant qu'il est souhaitable de trouver une solution au plus tot afin de voir comment respecter les différentes échéances constitutionnelles qui nous attendent en ce début d’année 2016. Elle ’a faite en tenant compte des aspirations profondes du peuple haitien @ une vie bonne et a une meilleure répartition du Bien Commun. Elle a utilisé la 2 méthodologie suivante pour évaluer le processus électoral ayant conduit au premier tour des élections présidentielles du 25 octobre 2015 A) Rencontrer les acteurs clé du processus électoral B) Analyser de maniére technique et opératoire ‘© la préparation du scrutin du 25 octobre 2015; le déroulement de la journée du vote ; le transport des matériels électoraux au Centre de Tabulation des votes (CTV) ; la tabulation des votes ‘© la phase de contestation et de vérification ; ©) Etudier selon des procédés techniques et scientifiques éprouvés, des procés-verbaux au CTV et examiner un échantillon de bulletins de vote. La Commission a rencontré aussi des obstacles sur son parcours. Il en sera question plus loin dans ce rapport. Pour I'instant elle donne les résultats révélés par son évaluation : A) Les rencontres Le Conseil Electoral Provisoire. Le Commission a rencontré 8 membres du CEP qui étaient disponibles afin de comprendre le fonctionnement de la machine électorale et avoir des éclaircissements sur le scrutin du 25 octobre 2015. ils étaient accompagnés du Directeur Exécutif et du Directeur du Registre électoral. Dans un second temps, la Commission a s‘est entretenu avec le Directeur des Opérations électorales. Ces rencontres lui ont permis d'apprécier la collaboration et la disponibilité de institution électorale qui a répondu aux questions et fournis les documents promis, facilité le travail des experts et des techniciens de la Commission au CTV. De ces échanges, la Commission a retenu notamment Les membres des Bureaux de votes qui « détiennent la plénitude du pouvoir et de l’autorité le jour du vote », selon le CEP, ont été recrutés a partir de listes proposées par les partis politiques et des associations de la société civile. Ils font partie du personnel vacataire de la machine électorale. Ne disposant d’aucun mécanisme technique contraignant sur les membres des BV le jour du vote, le Conseil estime «avoir été piégé par les partis politiques». I explique sa détermination a respecter et & faire respecter la loi électorale. C’est pourquoi il lui a été difficile de répondre a certaines préoccupations de regroupement de candidats qui n’ont pas suivi la procédure légale de contestation. Les Conseillers électoraux affirment aussi qu’ils ont I'obligation selon la loi de publier les résultats transmis au Directeur Exécutif par le CTV. Enfin sur le climat politique et leur maitrise du processus électoral, ils ont clarifié pour la Commission des points importants qui seront ‘objet de certaines recommandations. Le Gouvernement. La collaboration avec le gouvernement a été bonne. Le Premier Ministre a mis la disposition de la Commission les personnes ressources et les moyens logistiques nécessaires. Ceci a permis aux statisticiens, opérateurs de saisie et d'autres techniciens de travailler pour la Commission au CTV. Le gouvernement comprend qu’a cté des élections il faut aussi un dialogue politique avec tous les acteurs pour éviter des situations potentielles de déficit de légitimité. II est d’accord pour un processus électoral sans interférences de Vexécutif. Le Premier Ministre a exprimé des préoccupations quant au respect des échéances constitutionnelles relatives a la rentrée parlementaire le 11 janvier et investiture du Président de la République le 7 février 2016. Dans ce contexte, il a rappelé que dans un dialogue avec le CEP, la date du 17 janvier 2016 était avancée comme limite our la tenue d’un second tour. II était question dans les échanges des doléances sur les Législatives principalement des candidats a la députation. Mais aussi des cas de présomption de corruption au sein de l'institution électorale. Les candidats a la présidence. Dans un souci de comprendre davantage ce qui est engagé et donc les enjeux, la Commission devait rencontrer non seulement les deux candidats dits qualifiés au second tour, mais aussi d'autres candidats. Aussi a-t-elle fait des démarches pour rencontrer le G 8, le G 30, Fanmi Lavalas. Cependant la commission n’a pu s’entretenir qu’avec M. Jovenel Moise. Celui-ci a apporté des éléments de compréhension, suggéré des pistes pour avoir des élections avec le plus grand nombre possible d’électeurs. La formation des membres des BV a été une grande préoccupation pour ce candidat qui souhaite que le 2° tour des présidentielles incluse les élections locales. Il suggére de mettre de Vordre dans la question des mandataires et observateurs. Enfin il souhaite un dégel de la crise. Par la suite il a fait parvenir & la Commission un mémoire. Ce sera annexé au Rapport. ‘Avec le candidat Jude Célestin, la Commission a eu plusieurs rendez-vous avortés. II ne s’est as présenté personnellement, mais il a envoyé enfin un document dans lequel il donne sa lecture du contexte et ses recommandations. Le document est en annexe. Des organismes nationaux et internationaux d’observation électorale ont répondu a invitation de la Commission : la Coalition SOFA-CNO-CONHANE-RNDDH ; la plate-forme OCID ; JUSTICE ET PAIX de I'église Catholique, les observateurs de I'OEA (Organisation des Etats Américains) et de l'Union Européenne. Les observateurs nationaux et internationaux ont pas toujours les mémes méthodes d’approche. La Commission a pris en considération leurs suggestions et recommandations, les remercie pour leur franche collaboration et leur disponibilité, lls ont abordé les points suivants: les observateurs peu crédibles ou qui travaillaient pour certains candidats ; la vente de cartes d’accréditation des Mandataires, le probléme épineux de la vérification. Selon de nombreux organismes d’observation électorale, le CEP ne comprend pas toujours qu'il travaille pour la population et qu’il devait dialoguer avec les acteurs autour d’un mécanisme consensuel. Du Sénat de la République. La Commission a rencontré le président du sénat avec deux autres sénateurs. Les échanges ont été cordiaux et instructifs. Plusieurs sujets ont &é abordés surtout en ce qui a trait aux inquiétudes exprimées concernant les résultats des Législatives qui semblaient vouloir consacrer des injustices flagrantes. Le sénat de la République ne souhi pas que le rapport de la Commission vienne aggraver la crise politique et décevoir les attentes de la population. lls ont notamment souligné avoir fait des démarches en vain pour rencontrer le CEP. La Commission ne pouvait pas rencontrer tous les acteurs impliqués de prés ou de loin dans la crise postélectorale ; il fallait faire des choix en tenant compte du volume de travail technique et du délai imparti pour remettre le rapport. Par exemple il aurait été éclairant de rencontrer des membres de BV, des superviseurs, des mandataires, dans tous les départements géographiques du pays, et plus d’organismes d'observation et de partis politiques. Cela aurait permis de savoir et de comprendre s'ils sont impliqués dans les cas diirrégularités, de fraude ou de corruption. Par contre, cela aurait nécessité au moins un mois de travail. Le bénéfice serait plus de lumiére projetée sur le processus et sur la présomption de fraude. B) Les opérations électorales Les rencontres de la Commission avec institution électorale lui ont permis de comprendre davantage I'appareil électoral et les différentes étapes du processus, notamment : ‘* les opérations de préparation du scrutin ; le déroulement de la journée du vote ; le transport des documents des centres de vote au CTV ; la tabulation des votes ; la phase de contestation et de vérification. Préparation du scrutin. Des entretiens avec le CEP et ses plus hauts cadres, la Commission a compris que les opérations de vote n’étaient pas assez bien préparées. institution électorale admet que plus de 60% des membres des Bureaux de votes (MBV) n’étaient pas capables d’accomplir correctement le travail demandé. Le Conseil dit n’avoir pas choisi de remplacer les MBV incompétents pour éviter des incidents regrettables avec les partis politiques et associations qui les ont proposés. Sauf quand ce fut absolument nécessaire. Crest une des explications pour tant de procés-verbaux mal rédigés avec des ratures, des erreurs de calcul ou de comptage, de fautes d’attention etc. Un nombre important de ces PV ont été mis & I'écart ou transférés aux avocats vérificateurs pour décision finale. De fait la qualité des PV laisse énormément a désirer en raison du bas niveau dé professionnalisme, de formation académique et électorale des membres des Bureaux de vote. Les compétences de ceuxci doivent étre nécessairement renforcées. II faut non seulement des personnes ayant terminé leur cycle secondaire mais qui ont I’habitude d’appliquer des procédures de facon rigoureuse. Beaucoup d’irrégularités qui ont entrainé la mise a l'écart de nombre de PV sont dues @ leur négligence et & leur manque de formation générale et spécifique. Le CEP devait s'assurer qu'au moins un des membres du Bureau de vote ait un niveau de formation universitaire et recoive une formation complémentaire pour le traitement des PV. Le jour du scrutin. Les Mandataires Le grand nombre de partis politiques @ participer aux joutes électorales a nécessité la mobilisation d'un nombre exagéré de mandataires (plus de 900,000) qui avaient la possibilité de voter en dehors de leurs bureaux de votes. Ceci fut la cause de beaucoup diirrégularités ou de problémes assez graves dans les opérations électorales du 25 Octobre 2015. Concrétement ce jour-l8, plus de 60 personnes ou mandataires pouvaient voter sur procés-verbaux dans un BV. Ce qui a conduit, surtout dans les BV des zones urbaines, a des manipulations de votes et & un trafic de cartes daccréditation par des partis politiques ayant des facilités financiéres. Beaucoup de mandataires, profitant de la complicité ou de la négligence de membres de bureaux de vote, ont voté dans plusieurs bureaux. D’ol la Proposition d'un BV spécial dans chaque centre de votes pour les mandataires et observateurs. Beaucoup de partis politiques et d’organisations d’observations électorales ont dénoncé la vente de mandats et la violation de linterdit de campagne électorale le jour du scrutin, Ainsi les partis politiques seraient cause de certaines faiblesses de la machine électorale, source potentielle d'irrégularités, de fraude et de corruption dans la compétition électorale. Un autre élément important & considérer le jour du scrutin cest la rotation des mandataires qui ne s'est pas passé comme prévu. Certains ont prétendu que des mandataires auraient été exclus injustement du BV au moment du dépouillement. Le transport des documents. A cause du nombre de relais humains dans la machine électorale, la question du transport des matériels et des documents utilisés le jour du scrutin fut un facteur trés important. Le CEP a eu des contrats avec la Minustah/UNOPS pour transporter ces documents sensibles au CTV. Ila affirmé a la Commission que ces materiels ont toujours été sous son contréle du BV jusqu’a leur livraison au CTV. Donc la question de changement de procés-verbaux sur le parcours du BV vers le BEC ; du BEC vers le BED et de celui-ci vers le CTV a toujours été sous le contréle du CEP et hautement surveillé. En outre, les matériels électoraux doivent réaliser aussi les conditions pour étre recus au CTV. Sinon il y aurait une vérification encore plus poussée avant I'entrée méme de ces documents au CTV. Pourtant persiste la rumeur du changement de procés-verbaux sur le parcours ainsi que la complicité de I'UNOPS dans cette opération. A l'avenir les Procés-verbaux devraient étre transportés directement des centres de vote au Centre de Tabulation. La, ils devraient étre immédiatement numérisés et mis en ligne avant tout traitement. La liste des firmes, des individus, des chauffeurs engagés par I'UNOPS pour assurer le transport des PV a Iissue de la journée du scrutin, doit étre rendue publique ainsi que les centres de vote qu’ils sont appelés a desservir. Un formulaire de rapport standard doit étre rempli par tous les acteurs impliqués dans le transport des documents. Le contrat engageant ces firmes ou ces personnes, doit faire mention de sanctions pénales en cas de fraude ou de complicité de fraude. II n’est pas normal que des PV ne parviennent pas au CTV. La commission aurait besoin de plus de temps pour approfondir cette question et découvrir toute la vérité sur ce point. Centre de Tabulation Le fonctionnement du centre de tabulation ne respecte pas les principes de transparence et de bonne gouvernance, notamment en ce qui a trait aux avocats vérificateurs qui valident les procés-verbaux (absence de procédure de recrutement préétablie, absence de modules de formation définie etc.). Une copie du manuel de procédures du Centre de Tabulation doit étre remise & chaque parti politique qui participe a la compétition électorale et & chaque organisme d’observation électorale. Le processus de choix de ces avocats vérificateurs doit étre transparent. Ceux qui sont retenus pour ce poste doivent recevoir une formation adéquate et leur nom affiché sur le site du CEP. Des procédures précises seront établies pour valider ou mettre & I’écart des procés-verbaux afin de s‘assurer d’une uniformité dans |e traitement. A la fin de chaque journée, un rapport doit étre dressé par chaque vérificateur, posté sur le site du CEP et accompagné des PV écartés avec indication des raisons ayant motivé cette mesure. Enfin chaque candidat a la présidence doit avoir la possibilité et opportunité de vérifier les opérations au CTV. Instances Contentieuses ou phase de contestation et de vérification. !I y a rarement de bons perdants dans nos compétitions électorales. D’ou le grand nombre de contestation aprés la proclamation des résultats d'une élection. De fait, rien que pour les Législatives des derniéres élections, la Commission a recu plus de 50 cas de plaintes, contestations, accusations de fraude qui n‘auraient pas été convenablement traités. Elle'a recu beaucoup de doléances mettant en accusation le CTV, le BCED ou le BCEN. Plusieurs juges électoraux siégeant au BCEN, dont des membres du CEP, sont accusés de corruption. La Commission rvavait pas & se pencher sur ces questions. Elle ne prend pas la place du CEP dans ses prérogatives de vérifier les résultats et de les proclamer officiellement. Elle soutient cependant que ces genres de revendications demandent au moins examen ou réexamen. Diailleurs vu la complexité et les enjeux de la matiére électorale, la Commission croit que le CEP devrait faire preuve de plus de réalisme technique et scientifique quant aux requétes qui lui sont adressées afin de rompre avec la pratique des cing derniers mois percue comme arrogance ou refus de dialogue avec les acteurs impliqués dans le processus électoral. Cette perception a agrandi le clivage au lieu de réduire le risque de crise postélectorale. D’ou les accusations d’opacité, de non transparence, du refus de la quéte de la vérité. Il a permis que la rumeur prenne la place de l'information en matiére politique et électorale. Environnement électorale. a) Sécurité. Puisque les derniéres élections ont eu des problémes graves de sécurité, il faut tout de suite envisager un correctif. Ainsi toutes les unités de la PNH doivent étre mobilisées en ce sens. Des instructions claires doivent étre passées en vue d’assurer V'ordre, la sécurité au niveau des centres de vote, dans leur environnement immédiat et dans les rues, ainsi que la séct des convois devant acheminer les documents sensibles, des centres de vote au o Centre de Tabulation. Les agents de la PNH doivent s’acquitter de cette tache avec fermeté tout en respectant les droits de ’homme. Une formation relative & leurs responsabilités par rapport au processus électoral, doit étre donnée aux policiers qui seront déployés, pour éviter des comportements en violation du décret électoral. Les Agents de Sécurité Electorale doivent contréler l'accréditation des personnes habilitées @ entrer dans le Bureau de vote, s‘assurer qu’aucune personne non autorisée n’y pénétre, que les électeurs se tiennent en ligne et dans le calme. Ils doivent s‘assurer également que toute personne ayant déja voté, quitte le centre de vote afin d’éviter ces attroupements susceptibles de favoriser le désordre et la fraude. b) Justice. Les sanctions prévues par la loi électorale pour punir les délits et les crimes commis dans le cadre du processus électoral doivent étre appliquées contre tout acteur fautif, qu'il s‘agisse de membres de BV, de superviseurs, de mandataires, d’observateurs, d’électeurs ou de candidats. Des informations devront étre diffusées concernant application de ces sanctions. Ceci ne pourra que renforcer la crédibilité des élections, ©) Vérification au CTV. Nous partons du principe qu'un procés-verbal est d’abord un rapport de situation et non le document source de I'élection. Les verifications furent faites au CTV sur 15% du nombre de procés-verbaux tabulés. La population considérée dans {’échantillon avec une marge drerreur de 3 4 5% et un taux de confiance allant jusqu’a 95% selon les méthodes de statistiques, nous permettent de comprendre la nature des irrégularités. Les résultats techniques récoltés sur ’échantillon pris de maniére aléatoire ont révélé ce qui suit : Au Centre de tabulation, un travail de vérification de la qualité des procés-verbaux a été réalisé Une grille présentant les différentes conditions pour que les Procés-verbaux soient conformes au décret électoral a été préparée. 1771 procés-verbaux disponibles, sur un échantillon aléatoire et représentatif d'un ensemble de 2026 PV, ont été examinés. Les résultats apparaissent dans le tableau # 1. Pour chacun des indicateurs, on a établi le ourcentage de PV qui ont rempli la condition exigée par le décret et le pourcentage de PV qui n’ont pas rempli la condition. Ces indicateurs ont été divisés en deux catégories : ceux gui signalent des irrégularités mineures et ceux qui signalent des irrégularités majeures. Par exemple, on considere que le fait que : ‘+ laliste d’émargement soit absente, ‘+ les nombres en lettres ne correspondent pas au nombre en chiffres, ‘+ Le procés-verbal de carence soit absent. ‘+ Le PV ne soit pas plastifié ‘des numéros de CIN ne figurent pas dans des listes d’émargement + des empreintes ou des signatures ne figurent pas sur les listes d’émargement + que des numéros de CIN figurant sur les listes d’émargement ne soient pas corrects. + Les données du procésverbal ne correspondent pas & la feuille de comptage. constituent des irrégularités graves. Certains résultats obtenus indiquent que le niveau de certaines irrégularités graves est tres élevé : Par exemple, ily a 30% de PV ou ily a des numéros de CIN qui ne figurent pas sur les listes d’émargement. © Ilya 57.1 % de PV ou manquent des signatures ou des empreintes sur des listes d’émargement. Ilya 46.9% de PV qui contiennent des CIN qui ne sont pas corrects. ‘© Dans 60 % des envelopes, le procés-verbal de carence soit absent Cette question de CIN, d’empreintes et de signatures représente un probléme trés grave en ce sens qu'il indiquerait que des votes n‘auraient pas été exprimés par des électeurs ayant la qualité pour le faire. Par ailleurs, quand on considere ces irrégularités graves, sur les 1771 PV examinés, comme le montre le tableau # 2, seul 8% ne présente aucune de ces irrégularités graves. © 20.3%en présente 1 ‘+ 25.6 %en présente 2 © 18.5 %en présente 3 © 13.%en présente 4 © 8.4% en présente S © 4.6% en présente 6 © 1.6%en présente 7 Ces constats peuvent provenir de incompétence ou du manque de formation des membres de Bureaux de vote ou de sérieuses tentatives de fraudes. Les contraintes Aprés avoir présenté les résultats de son travail d’évaluation du processus électoral et avant de proposer ses recommandations aux instances concernées, la Commission voudrait faire certaines considérations sur quelques éléments de contrainte rencontrés dans Vexécution de son mandat: Quelques documents sollicités par la Commission et promis par le CEP n’ont pas été recus a temps pour les besoin de I’évaluation, comme convenu lors de la premiére rencontre avec le CEP. Car la transmission de certains documents du CTV a nécessité plusieurs autorisations qui ont retardé le travail, Recommandations générales sur le processus électoral Les témoignages recueillis sont unanimes 4 reconnaitre que les élections du 25 octobre 2015 étaient entachées dirrégularités, et que plusieurs candidats ont bénéficié de la part de leurs représentants aux BV de ces irrégularités assimilables des fraude. II faut donc des mesures correctives et dissuasives pour la poursuite du processus électoral, sachant que dans les circonstances actuelles il n’existe pas de solutions parfaites. Ainsi apres avoir conduit cette évaluation conformément a la mission qui lui a été confiée, la Commission, @ partir de ces constats d'irrégularités graves, propose des recommandations @ partir des résultats produits par la mise en ceuvre de la méthodologie adoptée. Elle a I’honneur de les soumettre comme convenu dans I’Arrété de nomination du 22 décembre 2015, au Chef de Etat haitien pour toutes suites utiles. Ces recommandations s‘appuient sur la volonté des acteurs impliqués dans la crise actuelle de chercher vivement et trouver rapidement une solution consensuelle afin d’éviter au pays tune catastrophe. Elles visent 8: a) Améliorer le processus électoral ; b) Protéger les structures et les institutions du pays en sollicitant des différents acteurs ‘engagés dans le processus électoral de 2015, un compromis raisonnable ; ©) permettre I'installation de la confiance au sein de la population haitienne en faveur de quiles élections sont organisées ; d) générer un climat de paix pour redonner de la crédibilité au processus électoral et aux institutions du pays chargées d’organiser ou d’accompagner les élections. Elles doivent permettre un dialogue politique; fixer les responsabilités; opérer un minimum de changements dans 'appareil électoral ; garantir a vérité du prochain scrutin électoral. Pour la poursuite du pri 1. Etant donné l'article 171-1 (premier paragraphe) qui stipule: « Le Directeur exécutif, apres avoir recu du Directeur du Centre de tabulation les résultats des élections, les transmet au Conseil Electoral Provisoire qui ordonne leur affichage dans les BED et les BEC aprés les verifications de droit », la Commission estime que le CEP est tenu 10 pour le vrai et dernier responsable des résultats qu'il publie et non les instances inférieures de la machine électorale. Voil3 pourquoi elle recommande trés fortement que le CEP fasse tous les contrdles nécessaires et indispensables au préalable avant publication des résultats définitifs des élections. Pendant tout le temps oi! la commission a siégé, elle a recu un nombre important de plaintes et de dénonciations de candidats aux derniéres élections législatives sur les injustices dont ils auraient été victimes. II y a méme des troubles publiques liés & certains de ces cas. U'institution électorale ne peut cautionner les injustices par le biais du BCED ou du BCEN dont on a dit tellement de mal de leurs juges. On a méme parlé de corruption. La Commission recommande une réévaluation et un examen approfondi de ces dossiers. La Commission recommande au CEP de renforcer le systéme de supervision, de contrdle et de sanctions sur tous les rouages de la machine électorale et & toutes les phases du processus, afin de s'assurer que les différents acteurs respectent les dispositions du décret électoral et les régles de neutralité. Une attention particuliére doit étre accordée au travail des membres des BV qui disposent d’un vaste pouvoir et d'une grande marge de manceuvre le jour du scrutin. Le CEP devrait assurer une bonne formation des membres des différentes instances contentieuses, BCEC, BCED, BCEN et préparer a leur intention un document présentant les régles d’application des dispositions du décret électoral La Commission recommande que le CEP ne place plus des centres de vote dans des maisons privées et qu'elle améliore considérablement les conditions de travail des membres des Bureaux de votes : calculatrice, éclairage. Certaines erreurs sont dues par exemple & un éclairage insuffisant. La Commission recommande que le CEP rende publique la liste des organismes d'observation électorale et que les critéres d’accréditation des observateurs électoraux soient plus solides et sérieux. . Les photos des procés-verbaux prises par les superviseurs doivent étre affichés dans chaque centre de votes et envoyées au CTV et postées sur le Site du CEP. En vue de cela la Commission recommande vivement que les superviseurs recoivent une formation et les moyens adéquats. Pour le deuxiéme tour des élections, des dispositions devraient étre prises pour que le nombre de mandataires soit limité dans chaque bureau de votes. Et les membres des bureaux de vote devraient s'assurer que l'appendice de la carte d’accréditation du mandataire soit détaché et que son pouce soit marqué a l'encre indélébile aprés avoir voté, pour éviter qu'il ne vote plusieurs fois. La Commission recommande que soit reconsidérée totalement la question du recrutement et de la formation des membres des Bureaux de Vote. La chaine pléthorique de relais humains dans le processus électoral constitue en soi un a probléme et non une solution. La Commission estime que les membres des BV ne doivent plus étre du personnel vacataire soumis & influence impitoyable de certains acteurs politiques. 10. Les Responsables des Partis politiques doivent bien choisir et bien former leurs mandataires afin que ceux-ci ne soient plus des auteurs possibles de fraude électorale. Tout mandataire qui s‘aviserait de profiter de sa présence dans le bureau ou le centre de votes pour faire de la propagande pour son candidat serait exclu du centre de vote. 11. Les différents secteurs ayant délégué un membre au sein du CEP devront considérer avec sérieux et attention les dénonciations et les suspicions de corruption contre leurs membres et le cas échéant, prendre les dispositions qui s‘imposent pour ‘obtenir leur démission et leur remplacement dans un délai de 72 heures. Cela suppose un replatrage du CEP et aussi de la machine électorale. Ce pour sauvegarder la crédibilité et la poursuite du processus électoral dans les meilleurs délais. 12. Les membres du CEP et de l'appareil électoral qui font l'objet de plainte, doivent se mettre a la disposition de la justice. ‘Au plan politique 1. Selon les acteurs rencontrés, la crise actuelle a une dimension politique qui exige un dialogue politique. II est hautement souhaitable qu’ils trouvent un consensus de sortie honorable pour tous. Ceci devra conduire & impliquer les deux autres pouvoirs de état a lintérieur du compromis politique qui doit étre dégagé pour réaliser un second tour avec la plus large adhésion possible de la population haitienne. 2. Le Président de la République et le Chef du Gouvernement devraient s‘asseoir avec tous les acteurs impliqués dans la crise électorale actuelle afin de trouver un ‘consensus pour la bonne tenue du second tour des élections. 3. Les candidats au deuxiéme tour doivent signer un pacte ou un accord pour moraliser le processus électoral et inviter leurs partisans a se garder de toute tentative diirrégularités, de fraudes et/ou de violence. Conclusion. La Commission a effectué son travail conformément a sa mission. Les plaintes regues traduisent clairement que Institution électorale ne jouit plus du crédit qui lui permettrait de poursuivre le processus sans danger d’enfoncer le pays dans une crise encore plus grande. La Commission croit que pour poursuivre le processus et espérer une participation appréciable aux élections et la paix sociale, il faudrait deux choses : un dialogue politique entre les différents acteurs du pays et un examen plus approfondi au plan technique de la responsabilité de la machine électorale dans les irrégularités souvent assimilée & de la fraude massive. 2 Suivent les signatures des Commissaires == Rosny DESROCHES Porte-Parole Arrtin) Be Mer Gédéon JEAN, Av Secrétaire Secrétaire Logistique 3

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