Réforme de la protection
juridique des personnes : le
C
’est le 7 décembre 2008 qu’est
paru au Journal Officiel le très
attendu décret n° 2008-1276 du
5/12/2008 relatif à la protection juridi-
que des mineurs et des majeurs et modi-
fiant le Code de Procédure Civile , pris
en application de la Loi n° 2007-308 du
5 mars 2007 entrée en vigueur au 1er jan-
vier 2009.
Le 22 décembre 2008 le Décret n° 2008-
1484 publié au JO du 31 décembre 2008
apporte des précisions essentielles en ma-
tière d’actes de gestion du patrimoine des
majeurs protégés (article 496, 452 et 502
du code civil).
Les dispositions du Décret 2008-1276
modifient et complètent l’ensemble des
articles actuellement applicables,soit les
articles 1211 à 1263 du code de procé-
dure civile.
Ce décret - dans son architecture - se veut
rationnel en exposant en premier lieu les
règles communes aux mineurs et aux
majeurs protégés, il ne bouleverse pas le
coeur de la matière et reprend la plupart
des règles antérieures mais certaines don-
nées sont nouvelles et intéressantes.
Le régime judiciaire de la protection des
personnes a été étudié dans la première
partie de cet exposé et publié dans le nu-
méro précédent de La Veille.
C’est donc le régime conventionnel
- c’est-à-dire celui du mandat de protec-
tion future qui va maintenant être exa-
miné : en un mot la grande nouveauté de
la loi sur la protection juridique des per-
sonnes, la troisième voie toute nouvelle
à côté de la tutelle et de la curatelle, en
dehors du juge des tutelles.
LE RÉGIME CONVENTIONNEL
OU L’ORGANISATION ANTICIPÉE
DE SA PROPRE PROTECTION
Il s’agit d’une réforme importante car la
loi laissait peu de place jusqu’à présent à
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Décret nouveau est arrivé !
l’expression de la volonté indivuduelle et
la décision de signer un tel mandat après
sa mise au point implique beaucoup de
réalisme, du courage et de la lucidité.
Un rappel : le mandat pour soi-même
et le mandat pour autrui
Le mandat de protection future a pour but
de permettre à toute personne de désigner
un tiers de confiance qui sera chargé de la
représenter dans les actes de la vie quoti-
dienne, pour les cas où elle deviendrait
incapable de pourvoir seule à ses intérêts.
Il est possible aussi de procéder ainsi
pour un enfant handicapé.
Il s’agit d’un mandat de type particulier
car il peut avoir différents objets soit uni-
quement la protection de la personne du
mandant (la personne qui a donné pou-
voir à une autre personne) ou la gestion
de son patrimoine ou les deux à la fois,
le mandat peut avoir une portée générale
ou un objet très précis : il peut être adapté
en fonction de la situation personnelle du
mandant.
Le mandataire doit accepter la mission
qui lui est confiée et trois formes de man-
dat sont prévues : le mandat notarié, le
mandat signé par un avocat et le mandat
établi conformément à un modèle offi-
ciel.
Le décret détaille minutieusement toutes
les formalités nécessaires au déclenche-
ment, à la cessation ou à la suspension du
mandat de protection future, régi par les
articles 477 à 491 du code civil et les ar-
ticles 1258 à 1260 du Code de Procédure
Civile.
Cette réglementation précise doit être
étudiée car le notaire et l’avocat seront
confrontés à cette mesure conventionnel-
le de protection soit en recevant le man-
dat soit en s’engageant à représenter un
majeur hors la tutelle ou la curatelle.
a. Mise en œuvre du mandat
• le mandat pour soi-même :
Le mandat est signé depuis longtemps
- soit chez un notaire soit chez un avocat
N° 14 - mars 2009
(2ème Partie)
soit suivant l’imprimé prévu - et attend
sa mise en application : l’état de santé du
mandant s’est détérioré.
L’article 477 al 1° du code civil est précis :
le mandataire doit se présenter en person-
ne au greffe du Tribunal d’Instance dans
lequel réside le mandant accompagné de
ce dernier et doit présenter au greffier :
- l’original du mandat signé du manda-
taire et du mandant
- un certificat médical datant de moins
de 2 mois émanant d’un médecin inscrit
sur la liste de l’article 431 du code civil et
établissant que le mandant se trouve dans
l’une des situations prévues à l’article
425 du code civil
- une pièce d’identité du mandant et du
mandataire
- et suivant l’article 1258 du code de
procédure civile un justificatif de la rési-
dence habituelle du mandant
• le mandat pour autrui
L’article 477 al 3 du code civil exige :
le mandataire doit se présenter en per-
sonne au greffe du Tribunal d’Instance
du lieu de résidence du mandant accom-
pagné de ce dernier et présenter au gref-
fier :
- la copie authentique du mandat signé
du mandant et du mandataire
- un certificat de décès du mandant ou
un certificat médical de moins de 2 mois
établissant que le mandant se trouve dans
l’une des situations de l’artcile 425 du
code civil
- un certificat médical de moins de deux
mois établissant que l’enfant majeur du
mandant désigné comme bénéficiaire du
mandat se trouve dans l’une des situa-
tions de l’article 425 du code civil
- une pièce d’identité du mandataire et du
bénéficiaire du mandat et l’article 1258-1
du code de Procédure Civile précise un
justificatif de la résidence habituelle du
bénéficiaire du mandat.
Le greffier a l’obligation de vérifier si les
impératifs légaux sont réunis (article 477
à 494 du code civil et 1258-2 du code de
procédure civile)
Si tout va bien le greffier paraphe et signe
le mandat - le mandat prend effet à la date
de présentation au greffe - et restitue le
mandat au mandataire avec les pièces.
Si le greffier refuse de signer le mandatai-
re peut alors saisir le juge (article 1258-3
du code de procédure civile).
b. Exécution du mandat
- Inventaire
article 486 du code civil et article 1253
du code de procédure civile
- Requête
Le mandataire présente une requête au
juge des tutelles s’il a besoin d’une auto-
risation pour tout acte lié à la protection
de la personne (article 479 du code civil)
ou pour être déchargé de sa mission (arti-
cle 480 du code civil)
- Recours
La décision autorisant le mandataire à
À suivre : le droit reconnu à l’usufruitier ainsi
qu’à l’indivisaire d’agir seul en contestation
d’Assemblée de Copropriété
J
usqu’à présent la Jurisprudence était
bien établie et refusait à un usufrui-
tier ou à un époux commun en biens,
le droit d’introduire seul une action en
contestation d’assemblée.
Cela pouvait conduire à une véritable im-
possibilité de contester les décisions d’as-
semblée et nous contraignait à prendre la
précaution de délivrer les assignations
en contestation au nom des deux époux
communs en biens.
L’Arrêt de la 23ème Chambre B de la
Cour d’Appel de PARIS du 26 juin 2008
(Loyers Copropriété novembre 2008 n°
260) opère un total revirement au terme
d’une motivation extrêmement forte pou-
vant avoir valeur de principe.
Le Demandeur, qui avait agi seul et se
voyait donc le droit d’agir, cumulait
(apparemment sur des lots différents) la
qualité d’usufruitier et de copropriétaire
accomplir des actes non couverts par le
mandat (articles 485 et 493 du code civil)
ne peut être attaquée que par le mandant,
le mandataire, la personne chargée du
contrôle de l’exécution du mandat et ceux
dont elle modifie les droits ou charges.
c. Fin du mandat
Le mandat prend fin soit par une décision
du juge des tutelles qui remplace ce man-
dat par une mesure de sauvegarde (article
1259-2 al 1° du code de procédure civile)
soit par la guérison du mandant (article
483 du code civil) : dans ce cas le gref-
fier mentionne sur le mandat la date à la
demande du bénéficiaire du mandat, du
mandant ou du mandataire (article 1259
du code de procédure civile).
Depuis le 1er janvier 2009 le mandat de
protection future s’applique et chacun
peut désormais organiser par avance sa
propre protection ou celle d’un enfant
commun en biens avec son épouse.
La Cour lui reconnaît le droit d’agir seul
en qualité d’usufruitier en visant :
« Si les textes spéciaux en dérogeant
au droit général priment sur ce dernier,
ils ne peuvent être étendus au-delà de
leur objet.
L’article 23 de la Loi du 10 juillet 1965
qui assimile la situation de l’usufruit à
celle de l’indivision est un texte procédu-
ral qui n’a pas pour objet et ne saurait
avoir pour effet de priver l’usufruitier
d’un bien en copropriété des droits fon-
damentaux qu’il tient du Code Civil, no-
tamment de son article 597.
Il en est de même de l’article 42 de la
même Loi du 10 juillet 1965 ;
… Décision à suivre pour connaître le sort
L’usufruitier doit être considéré comme
un copropriétaire au sens de l’article 42
de la Loi.
Il jouit du droit de contester les assem-
blées générales des copropriétaires.
N° 14 - mars 2009
handicapé en dehors du juge des tutelles :
seul l’avenir pourra donner raison à ce
choix de la prévision, du réalisme et de
l’individualisme par rapport à la lourdeur
d’une mesure de tutelle.Le rôle du notaire
et de l’avocat dans les conseils à donner
aux clients sera également très important
pour préparer l’avenir en toute sérénité.
Il convient de noter que le nombre des
juges des tutelles n’allant pas vers l’ac-
croissement il deviendra de plus en plus
urgent - compte tenu du vieillissement
de la population - de pousser les clients
à regarder l’avenir avec réalisme et à tout
prévoir pour leur fin de vie. Cette loi le
permet mais elle n’existera que par les
mandats que les notaires et les avocats
commencent à mettre au point et à faire
signer.
Elisabeth GRANIER-ZARRABI
Agnès PROTON
Avocats au Barreau de Grasse
(Au moins pour ce qui ne concerne pas
les travaux visés à l’article 606 du Code
Civil.)
…
Que si la situation de la communauté est
proche de celle de l’indivision puisqu’il
y a cotitularité des mêmes droits, la
Communauté entre époux est régie par
un droit spécifique, notamment l’article
1421 du Code Civil, qui donne expres-
sément à chacun des époux le pouvoir
d’administrer seul les biens communs.
Que chaque copropriétaire commun en
biens d’un lot de copropriété est donc
« copropriétaire » au sens de l’article 42
de la Loi du 10 juillet 1965 que Monsieur
C. B est aussi recevable à agir seul… »
qui lui sera réservé par la Cour de Cas-
sation.
L’Équipe de Recherche La Veille
Avocats au Barreau de Grasse
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