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L’ENFANT & LE TRAVAIL

Le 20 novembre, Journée des Droits de l’Enfant, nous amène à une réflexion sur un sujet
toujours d’actualité, même dans notre pays dit développé : quid du monde du travail et
l’enfant ?

Pour un contrat de travail, comme toute matière contractuelle, s’appliquent les principes
généraux du droit des obligations, et notamment le fait que chacun des cocontractants
doit avoir la capacité de contracter.

L’article 1123 du Code Civil pose le principe selon lequel « toute personne peut contracter, si
elle n’en est pas déclarée incapable par la loi ».

L’article 1124 du même Code précise :


« Sont incapables de contracter, dans la mesure définie par la loi :
- Les mineurs non émancipés ».

En matière du droit du travail, les limites légales évoquées par l’article 1124 du Code
Civil renvoient au principe de l’article L.211-1 du Code du Travail qui rappelle que les
mineurs de moins de 16 ans ne peuvent être admis à travailler.

En effet, en droit français, l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans, ce qui explique que
théoriquement seuls les mineurs de plus de 16 ans peuvent être envisagés comme
travaillant et avec un certain nombre de restrictions qui seront développées infra.

Malgré tout, l’article L.211-1 du Code du Travail prévoit une multitude d’exceptions
qui permettent d’envisager le travail des mineurs de moins de 16 ans.

En effet, ces derniers peuvent être employés pour :

 des stages, séquences d’observation en tant qu’élève d’un établissement scolaire, mais
aussi dans le cadre de stages de découverte pendant les vacances scolaires.
Ceci n’est possible que pour les mineurs de plus de 14 ans.
 Dans le cadre d’un apprentissage à partir de 15 ans, si le mineur justifie avoir effectué
la scolarité du premier cycle d’enseignement secondaire.
 Pour les jeunes qui atteignent l’âge de 16 ans au cours du dernier trimestre de l’année
civile, il est possible de commencer à travailler dès le début des grandes vacances
scolaires.

Cela nécessite malgré tout une dérogation à l’obligation d’être scolarisé qui doit être
sollicitée auprès de l’Inspecteur d’Académie.

L’article L.211-1 alinéa 5 du Code du Travail précise que l’emploi des jeunes de moins
de 16 ans doit remplir un certain nombre de conditions.

Il doit être effectué pendant les vacances scolaires et uniquement pour des travaux légers
« adaptés à leur âge ».
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Est en outre imposé un repos effectif d’une durée au moins égale à la moitié de chaque
période de congé.

Les employeurs sont tenus d’adresser une déclaration préalable à l’Inspecteur du Travail
qui dispose d’un délai de 8 jours pour s’y opposer.

Il existe aussi une législation spécifique prévue par les articles L.211-6 à L.211-14 ainsi
que par l’article L.261-4 du Code du Travail concernant les emplois liés au monde du
spectacle, de la publicité et des mannequins.

Il s’agit d’une législation tout à fait spécifique modifiée par la loi du 12 juillet 1990
concernant les emplois d’enfants utilisés notamment dans le cadre d’activités
publicitaires.

Il ne peut pas y avoir de mineurs de moins de 16 ans dans les spectacles sans autorisation
préalable de l’autorité préfectorale.

Il convient de disposer en tout état de cause d’une autorisation individuelle et écrite pour
tous les mineurs qui travaillent dans cette activité.

Seuls en sont exemptés les mineurs qui travaillent dans le cadre d’agences de mannequins
titulaires d’une licence, ayant obtenu l’agrément leur permettant d’engager des enfants.

Il existe également certaines interdictions prévues notamment par les articles L.211-5 et
L.234-1 et suivants du Code du Travail pour l’activité des mineurs.

Il est prohibé d’employer des enfants de moins de 18 ans à la confection, manutention,


vente d’écrits, d’affiches, de dessins, dont la vente, l’offre, l’exposition, l’affichage ou la
distribution sont réprimées par les lois pénales comme contraires aux bonnes mœurs.

De même, les enfants de moins de 16 ans ne peuvent occuper aucun emploi dans des
locaux où sont effectués de tels travaux, même s’ils ne sont pas pénalement réprimés
mais peuvent blesser leur moralité.

De même, sauf agrément spécifique ou lien de famille avec l’exploitant, les mineurs ne
peuvent être employés ou effectuer un stage dans un débit de boissons ou de
consommation sur place.

Enfin, tous les travaux qualifiés de dangereux sont interdits aux mineurs de moins de 18
ans.

Pour les mineurs de moins de 18 ans salariés, apprentis ou en stage dans le cadre d’un
enseignement alterné ou d’un cursus scolaire, la durée du temps de travail ne peut être
supérieure à 35 heures par semaine, ou 8 heures par jour.

Pour les mineurs de moins de 16 ans travaillant pendant les vacances scolaires, le
maximum est de 7 heures par jour.

Il convient de préciser que ce temps de travail inclus le temps de formation.

Il existe malgré tout un certain de dérogations possibles sur autorisation de l’inspection


du travail, dans la limite de 5 heures par semaine.

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En aucun cas, la durée du temps de travail ne peut être supérieure à la durée quotidienne
ou hebdomadaire normale du travail des adultes employés dans l’établissement.

En outre, les salariés et mineurs bénéficient d’une pause de 30 minutes consécutives si le


temps de travail quotidien est supérieur à 4 heures et demi.

Ils doivent en outre bénéficier jusqu’à 16 ans d’un repos quotidien minimum de 14
heures.
Ce repos quotidien est de 12 heures pour le salarié ayant entre 16 et 18 ans.

Là encore, il existe, quant à la durée du temps de travail, des spécificités pour le travail
des mannequins (articles R.211-12-1 à R.211-12-3 du Code du Travail).

Pour les enfants scolarisés, l’emploi et la sélection de mannequins ne sont autorisés que
les jours de repos hebdomadaire, sauf le dimanche.

Ils peuvent être employés pendant les périodes de vacances scolaires mais dans la limite
de la moitié de ces vacances.

Pour les enfants non scolarisés, l’emploi et la sélection ne sont autorisés que pour un
maximum de 2 jours par semaine, les dimanches ne pouvant être pris en compte.

De plus, le Code du Travail, et plus particulièrement les articles L.117 bis-4, L.213-7 à
L.213-10 du Code du Travail, pose le principe de l’interdiction du travail de nuit des
mineurs.

L’interdiction est totale pour les mineurs de moins de 18 ans entre 22 heures et 6 heures.

Pour les mineurs de moins de 16 ans, elle est entre 20 heures et 6 heures.

Peu importe qu’ils soient salariés ou stagiaires.

Il existe malgré tout un certain nombre de dérogations, sur autorisation de l’inspection du


travail, pour les jeunes salariés et apprentis dans les établissements commerciaux et de
spectacle.

Ces dérogations nécessitent malgré tout que les mineurs aient au moins 16 ans.

En outre, aucune dérogation n’est possible pour le travail entre minuit et 4 heures du
matin.

En ce qui concerne le repos hebdomadaire, celui-ci est obligatoirement pour les jeunes de
moins de 18 ans de 2 jours de repos consécutifs.

La rémunération des jeunes travailleurs est inférieure à celle des travailleurs adultes.

Les travailleurs de moins de 18 ans ayant une capacité normale sont rémunérés au
minimum sur la base du SMIC (salaire minimum légal) minoré de 20 % avant 17 ans et
de 10 % entre 17 et 18 ans.

Le droit du travail, plus que tout autre, démontre que l’enfant est un adulte en devenir.

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