Vous êtes sur la page 1sur 8

ASSOCIATION ACIER-BETON

1/ Définition de l'adhérence

Les conditions de résistance d'un élément en béton armé supposent que les armatures ne
glissent pas à l'intérieur du béton. C'est le phénomène d'adhérence qui empêche ou limite ces
glissements.
Cette propriété physique permet la transmission des efforts et un fonctionnement rationnel : le
béton suit alors les armatures dans leurs déformations. Les justifications que nous effectuerons en
ELU (A6 du BAEL) porteront sur :
- la limitation de l'entraînement des armatures de façon à ne pas endommager le béton les
entourant,
- les ancrages des extrémités de barres,
- les jonctions,
- les recouvrements,
- les coutures des barres.
La transmission des efforts du béton aux armatures s'effectue par le phénomène d'adhérence
mais aussi par la courbure que l'on pourra donner aux barres.

2/ Essai d'arrachement d'une barre scellée

2.1/ Description du dispositif expérimental et résultats

Il s'agit d'éprouver en traction


une barre d'acier entourée par une
éprouvette de béton avec le
dispositif expérimental suivant :

BTS Bâtiment 1ère année 1


Association Acier-Béton

La liaison entre le béton et l'acier est caractérisée par la résistance à l'arrachement de la barre
sous l'effet de l'effort F.

Dans le cas d'un acier RL de nuance douce, il y a un glissement en A s'accentuant rapidement


à partir d'une contrainte faible, d'environ 1MPa, et la rupture, c'est à dire le glissement du point B, a
lieu pour une valeur du glissement en A de 2,3mm et une contrainte de 2,5MPa.

Dans le cas d'une armature HA, la résistance à l'arrachement varie avec l'état de surface de la
barre. Pour un acier uniquement nervuré, il y a une amorce de glissement comme pour le RL qui est
ensuite stoppée par les nervures vers 1,5mm et ces nervures permettent d'atteindre 10 MPa avant le
glissement du point B. Pour un acier avec des nervures et verrous, l'amorce de glissement n'a pas
lieu et la résistance atteinte est beaucoup plus forte (environ 11MPa). On remarque aussi que le
glissement de A lorsque B amorce le sien est de l'ordre de 0,8mm, soit beaucoup plus faible.

2.2/ Analyse des résultats

Dans le cas des ronds lisses, l'étude expérimentale conduit à supposer qu'il se forme dans le
béton, sous l'action de F, une série de cônes emboîtés les uns dans les autres et sensiblement
inclinés à 45° sur l'axe de la barre. L'enveloppe de ces cônes décrit une surface cylindrique.

Les cônes sont assimilés à des bielles articulées qui tendent à coincer la barre. L'égalisation
des déformations du béton et de l'acier est rendue possible par ce phénomène. L'adhérence est
donc assimilable à un phénomène de frottement.

Pour qu'il y ait formation de ces cônes, il faut que les barres soient suffisamment enrobées par
le béton. Les bielles ainsi créées forment des sortes de cliquets réagissant par frottement. Deux cas
peuvent se produire:
- les efforts inclinés à 45° sont insuffisants: il y a rupture d'adhérence car l'effort F dans la
barre ne peut pas être équilibré et la barre glisse dans le béton qui ne peut s'y opposer.
- l'effort F génère dans la barre des contraintes qu'elle ne peut supporter: il y a rupture de
l'acier car la résistance en traction de la barre est épuisée.

BTS Bâtiment 1ère année 2


Association Acier-Béton

Dans le cas des barres à haute adhérence, le comportement du béton est identique. Le béton
entre les créneaux et les verrous s'oppose au glissement par l'intermédiaire des efforts à 45° mais
lorsque le glissement est en mesure de s'amorcer, ces créneaux et verrous le bloquent.

3/ Facteurs influant sur l'adhérence

L'adhérence est favorisée par :


- l'état de surface des aciers : l'adhérence est améliorée lorsque la barre possède des nervures
en saillies ou lorsque sa surface est rugueuse,
- la qualité du béton d'enrobage : en particulier le dosage et les conditions de vibration qui
influent sur la compacité,
- les soins apportés à la mise en œuvre : il faut éviter par exemple que les gros granulats
empêchent, par une création de voûte, la pâte de béton d'enrober les armatures. Il faut donc veiller à
obtenir une bonne plasticité et une bonne vibration.

4/ Contrainte d'adhérence

La liaison entre une armature et le béton est mesurée par la contrainte d'adhérence τs (article
A.6.1,1 du BAEL91).

Soit une barre rectiligne scellée dans un bloc de béton. Appliquons à cette barre un effort de
traction F et étudions l'équilibre statique.
barre HA de diamètre

τs
F F

l l
La barre est donc soumise :
- à l'effort de traction F,
- à la contrainte d’adhérence τ s correspondant aux efforts du béton incliné à 45°. La
contrainte est constante sur toute la longueur l de la barre et est répartie tout autour de celle-ci, sur
une surface égale à πφ.

Le principe d’équilibre nous permet de dire que la contrainte d’adhérence s’oppose à l’effort
de traction dans la barre donc : F = τ s ⋅π ⋅φ ⋅ l
Ce qui nous donne :
F
τs =
π ⋅φ ⋅ l

Une valeur limite pour la contrainte d'adhérence est fixée par l'article A.6.1,21 du BAEL91.
Cette contrainte intègre à la fois les caractéristiques de l’acier, avec le coefficient de scellement ψs,
et celles du béton, avec sa résistance à la traction ftj :
τ su = 0,6 ⋅ψ s2 ⋅ f tj
ψs = 1 pour les RL
= 1,5 pour les armatures HA

Le BAEL donne les valeurs de τsu pour quelques valeurs courantes de fc28.

BTS Bâtiment 1ère année 3


Association Acier-Béton

Du point de vue mécanique, le béton est caractérisé par sa faible capacité d'allongement et sa
faible résistance en traction. L'acier est donc utilisé dans les zones tendues. Son allongement sous
l'effet des tractions entraîne donc la fissuration du béton tendu.

Nous verrons, plus loin, que si ce dernier est négligé dans les calculs, il n'en reste pas moins
présent. Nous pouvons décomposer le comportement du béton armé en zone tendue en 4 phases:

- En phase 1, le béton et l'acier travaillent ensembles puisque la résistance d'aucun des deux
matériaux n'est épuisée.

- En phase 2, la résistance du béton est dépassée mais ce dernier peut suivre l’acier de façon
plastique.

- En phase 3, le béton est au delà de sa rupture et est donc fissuré. Il ne peut donc plus suivre
l'acier qui travaille seul.

- En phase 4, la limite élastique de l'acier est dépassée (10.10-4). Nous ne pouvons pas faire
travailler le matériau béton armé dans ce domaine.

Lorsque nous sommes en phase 3, soit en phase courante et si nous avons utilisé des aciers
ronds lisses, nous remarquerons que les fissures sont larges car elles prennent en compte
l'allongement de l'acier glissant dans le béton.
Par contre, dans le cas d'armatures à haute adhérence, les fissures seront fines et étroitement
espacées. Cela résulte des multiples points d'ancrages constitués par les crénelures qui égalisent la
distribution des contraintes.

Nous nous attacherons à limiter la fissuration pour des raisons :


- d'étanchéité et d'imperméabilité,
- d'aspect des ouvrages,
- de durabilité à cause du risque de corrosion des armatures.

Il faudra donc limiter la contrainte admissible en traction des aciers, disposer judicieusement
les armatures en utilisant autant que possible des barres de petit diamètre et en les enrobant de façon
optimale dans le béton.

BTS Bâtiment 1ère année 4


Association Acier-Béton

Le règlement précise que les dispositions a) et b) sont nettement plus défavorables que les
dispositions c) et d) qui assurent une meilleure répartition des fissures (article A.4.5,323 du BAEL).

1/ Ancrage droit d'une barre droite

Une barre est dite "ancrée" lorsque l'effort F de traction exercé sur cette barre est entièrement
équilibré par l'adhérence entre le béton et l'acier dans la zone d'ancrage.

Par définition, nous désignerons par ls la longueur de scellement droit, c'est à dire la longueur
d'une barre de diamètre φ capable d'équilibrer avec une contrainte d'adhérence τsu, l'effort F
provoquant dans cette barre une contrainte de traction égale à la limite élastique de l'acier fe.
barre HA de section A
Nous aurons donc:
τs f e ⋅ πφ 2
F, fe F = fe ⋅ A =
4
et F = τ su ⋅ π ⋅ φ ⋅ l s

ls
φ ⋅ fe
Ce qui donne : ls =
4τ su

A défaut de calcul précis, le BAEL (article A.6.1,221) permet d'adopter les valeurs forfaitaires
suivantes:
ls = 40φ pour les aciers HA Fe E 400 où ψs≥1,5
ls = 50φ pour les aciers HA Fe E 500 où ψs≥1,5
pour les aciers RL Fe E 215 et Fe E 235

Le BAEL donne également certaines valeurs du rapport ls / φ pour certaines valeurs


particulières de fcj et pour des aciers HA.

L’article A.6.1,222 précise que lorsque l'aire réelle Ar de la section droite d'une barre est plus
grande que l'aire strictement nécessaire déterminée par le calcul Acal, la longueur d'ancrage ls peut
être réduite dans le rapport Acal / Ar sans pouvoir être inférieure à 10 fois le diamètre de la barre.
A
longueur d'ancrage : l = sup(ls cal ;10φ )
Ar

BTS Bâtiment 1ère année 5


Association Acier-Béton

2/ Ancrage par courbure des barres tendues (A.6.1,25 du BAEL)


l3

r l1 = portion d’ancrage rectiligne


l2 l2 = portion d’ancrage courbe, de rayon r
l3 = portion d’ancrage rectiligne
l1
2cm

Les articles A.6.1,251 et A.6.1,252 donnent les valeurs minimales des rayons de courbure r :

- pour les barres RL Fe E 215 et 235 :


o r = 3φ pour les ancrage des armatures
o r = 2φ pour les ancrage des cadres, étriers et épingles
- pour les barres HA Fe E 400 et 500 : r = 5,5φ

Le BAEL à l’article A.6.1,255 indique également les valeurs de l3 en fonction de la courbure


de l’acier :
- 5φ à la suite d’un arc de cercle de 180°,
- 10φ à la suite d’un arc de cercle de 135°,
- 15φ à la suite d’un arc de cercle de 90°.

Quant à l1, des dispositions constructives précisent : l1 ≥ 3 à 4 φ

1/ Objectif et principe

Les armatures trouvées dans le commerce ayant une longueur limitée, il est parfois nécessaire
pour certains éléments de plus grande longueur, d'utiliser plusieurs barres. Pour établir la continuité
entre les barres, nous effectuerons un recouvrement, c'est à dire que nous ferons chevaucher les
barres sur une longueur lr, dite longueur de recouvrement.
Cette longueur sera donc la longueur nécessaire pour assurer la transmission des efforts qui
sollicitent l'armature. Il faut assurer la continuité mécanique au niveau du recouvrement en
mobilisant l'adhérence et le frottement du béton sur l'armature.

BTS Bâtiment 1ère année 6


Association Acier-Béton

2/ Jonction des barres tendues rectilignes

2.1/ Simple recouvrement des extrémités de barres (article A.6.1,223)

Les efforts sont transmis d'une barre à l'autre par le jeu de l'adhérence du béton.

c = distance entre axes des 2 barres.

2.2/ Recouvrement par couvre joint

Les 2 barres sont dans le même


alignement. La transmission est assurée par
une 3ème barre de même diamètre.

2.3/ Armatures de couture des recouvrements (article A.6.1,23 et A.6.2,3)

La transmission des efforts se fait toujours par des bielles inclinées à 45° sur l'axe de
l'armature.
Nous pouvons décomposer l'effort de traction :
F = As ⋅ f e
en un composante oblique Fb équilibrée par les bielles de béton et une composante verticale
Ft équilibrée par ces armatures de couture.
Nous aurons : At ⋅ f et = As ⋅ f e

ΣAt.fet = effort de traction dans les armatures de couture égal et opposé à la composante Ft
fet = limite élastique des aciers utilisés comme armatures de couture
At = section totale des brins d'une nappe d'armatures de couture
As = section des armatures à recouvrir et fe leur limite élastique

Les armatures de couture auront des petits diamètres de manière à assurer une bonne
répartition de ces armatures sur la jonction.

BTS Bâtiment 1ère année 7


Association Acier-Béton

3/ Jonction de barres tendues avec crochets normaux aux extrémités (article A.6.1,253)

lr

si c ≤ 5φ lr = la
si c > 5φ lr = la + c
avec : l a = 0,6l s pour les aciers RL
l a = 0,4l s pour les aciers HA

4/ Jonction de barres comprimées (article A.6.1,24)

Les jonctions de barres susceptibles d'être comprimées sont obligatoirement rectilignes.


Si la barre est toujours comprimée, si elle ne fait pas partie d'un paquet de 3 barres et si les
entre axes des barres en jonction sont au plus égaux à 5 fois leur diamètre, nous pourrons considérer
que : lr = 0,6ls

Pour les armatures de couture, il faudra se reporter au chapitre sur les poteaux en compression
centrée.

5/ Recouvrement des treillis soudés (voir article A.6.2)

6/ Autres procédés de recouvrement (article A.6.1,223)

Nous pourrons souder les barres bout à bout ou effectuer une soudure par recouvrement mais
nous pourrons aussi utiliser des manchons sous réserve d'essais probants.

BTS Bâtiment 1ère année 8

Vous aimerez peut-être aussi