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TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE NANTERRE

1ère Chambre

JUGEMENT RENDU LE 24 Février 2011

DEMANDEUR

Monsieur Ylli PANGO


N° R.G. : 09/12294 60/1, Ali Visha
TIRANA - ALBANIE

représenté par Me Anne PIGEON BORMANS, avocat au


barreau de PARIS, vestiaire : D1276

DEFENDERESSE

SA Société FRANCE 24
AFFAIRE 5 rue des Nations Unies
92130 ISSY LES MOULINEAUX
Ylli PANGO
représentée par Me Camille BAUER, avocat au barreau de
C/ PARIS, vestiaire : C1261

SA Société FRANCE 24

L’affaire a été débattue le 15 Décembre 2010 en audience publique


devant le tribunal composé de :

Nicole GIRERD, Première Vice-Présidente


Marianne RAINGEARD, Vice-présidente
Benoît CHAMOUARD, Juge
qui en ont délibéré.

Greffier lors des débats : Geneviève COHENDY

JUGEMENT
prononcé publiquement, en premier ressort, par décision
Contradictoire et mise à disposition au greffe du tribunal
conformément à l’avis donné à l’issue des débats

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FAITS ET PROCEDURE

Ylli PANGO est un homme politique albanais. Il a notamment exercé les fonctions de ministre
de la culture, du tourisme, de la jeunesse et des sports du gouvernement albanais de 2007 à mars
2009.

Le 4 mars 2009, la chaîne de télévision albanaise Topchannel a diffusé une vidéo réalisée en
caméra cachée montrant Ylli PANGO dans son bureau au ministère, puis à son domicile, tenant
des propos jugés déplacés à une jeune femme, ancienne candidate d’une émission de télé-réalité,
venue pour un entretien d’embauche.

La diffusion de cette vidéo a entraîné la révocation immédiate d’Ylli PANGO de son poste de
ministre.

Ce dernier a saisi le tribunal du district judiciaire de Tirana, qui a condamné le 18 juin 2010 la
chaîne de télévision albanaise à 400 000€ de dommages et intérêts en réparation du préjudice
causé par la violation de sa vie privée et de son droit à l’image.

La chaîne de télévision FRANCE 24, chaîne française d’information internationale, a diffusé


cette vidéo sur son site internet, comme Ylli PANGO l’a fait constater par Maître HAUGUEL,
huissier de justice à Paris, le 29 juin 2009.

Par acte du 5 octobre 2009, Ylli PANGO a fait assigner la société anonyme FRANCE 24 devant
le tribunal de grande instance de Nanterre au visa des articles 9 du Code civil et 8 de la
Convention européenne des droits de l’homme, afin d’obtenir le retrait de cette vidéo et
l’indemnisation du préjudice résultant de sa diffusion.

La clôture de l’instruction a été ordonnée le 8 novembre 2010.


PRETENTIONS ET MOYENS

Par dernières conclusions du 11 août 2010, Ylli PANGO demande au tribunal de condamner la
société FRANCE 24 à lui payer 200 000€ de dommages et intérêts en réparation de son préjudice
moral résultant de l’atteinte portée à ses droits à la vie privée et à l’image.
Il demande au tribunal d’ordonner le retrait de la vidéo litigieuse et de ses commentaires du site
internet de la société défenderesse, ainsi que de faire interdiction sous astreinte à cette société de
faire usage de cette vidéo.
Il sollicite la condamnation de cette société à la publication de cette décision sur son site internet.
Il demande au tribunal de condamner la société FRANCE 24 aux dépens, comprenant les frais
et honoraires de l’huissier ayant effectué le constat, au paiement de 10 000€ sur le fondement des
dispositions de l’article 700 du Code de procédure civile et l’exécution provisoire de cette
décision.
Ylli PANGO conteste la nullité de l’assignation introductive d’instance opposée par la société
FRANCE 24. Il admet que les dispositions de la loi du 29 juillet 1881 trouvent à s’appliquer
lorsque l’atteinte au droit à l’image et à la vie privée est indissociable de la diffamation. Il fait
cependant valoir qu’il n’a visé dans son assignation que des atteintes à sa vie privée et à son droit
à l’image, à l’exclusion de toute diffamation.

Ylli PANGO souligne sur le fond que l’information du public ne peut justifier le recours à des
moyens illicites, tels que la captation d’images à l’insu de la personne concernée, comme en
l’espèce. Il estime ainsi que les images le représentant dans son bureau et à son domicile portent
atteinte à sa vie privée et à son droit à l’image, de même que la diffusion de son numéro de
téléphone portable. Il fait valoir que la diffusion de cette vidéo n’était pas indispensable à
l’information du public, puisque d’autres organes de presse ont fait le choix de rapporter
l’information sans diffuser la vidéo litigieuse.
Ylli PANGO soutient qu’il importe peu que le lieu filmé soit un domicile privé ou professionnel.

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Il déclare que le numéro de téléphone divulgué était un numéro privé.
Il expose que le recours à une caméra cachée peut être légitime. Il estime cependant qu’en
l’espèce les informations obtenues par la journaliste proviennent d’une provocation non justifiée,
caractérisée par le tribunal de Tirana et allant au-delà de la simple constatation d’un fait existant.
Il juge cette provocation déloyale de la part de la journaliste.
Ylli PANGO argue que les dispositions de l’article 93-3 de la loi du 29 juillet 1982 concernent
les infractions de la loi du 29 juillet 1881, qui ne sont pas recherchées en l’espèce. Il conteste que
la rubrique dans laquelle la vidéo a été diffusée puisse être qualifiée d’ “espace de contributions
personnelles identifié comme tel”, puisque les documents retenus dans cette rubrique font l’objet
d’un traitement journalistique en amont de leur publication.

Ylli PANGO expose subir un préjudice de la diffusion de la vidéo litigieuse, compte tenu
notamment du fait que ses fonctions impliquent des missions à l’étranger. Ce préjudice est
aggravé selon lui par les manquements professionnels de la société FRANCE 24.

***
Par dernières conclusions du 17 septembre 2010, la société FRANCE 24 demande in limine litis
au tribunal d’annuler l’assignation délivrée à son encontre le 5 octobre 2009.
Elle demande à titre subsidiaire au tribunal de débouter Ylli PANGO de ses demandes, de le
condamner aux dépens, avec droit de recouvrement direct au profit de Maître Camille BAUER,
ainsi qu’au paiement de 5 000€ sur le fondement des dispositions de l’article 700 du Code de
procédure civile.

La société FRANCE 24 expose au soutien de sa demande d’annulation de l’assignation que


l’action intentée à son encontre tend à réparer le préjudice résultant de l’imputation de faits de
harcèlement sexuel, faits de nature à porter atteinte à son honneur et à sa considération. Elle
estime donc que l’action est soumise aux dispositions d’ordre public de l’article 29§1 de la loi
du 29 juillet. Elle souligne que la diffusion de la vidéo ne peut être poursuivie distinctement sur
le fondement de l’article 9 du Code civil, puisqu’elle est indissociablement liée aux propos
qu’elle illustre et que le demandeur n’isole pas de passages de cette vidéo qu’il considérerait
comme portant atteinte à ses droits de la personnalité. Elle en conclut que l’assignation doit être
annulée, en application des dispositions de l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881.

La société FRANCE 24 conteste à titre subsidiaire toute atteinte à la vie privée et au droit à
l’image du demandeur. Elle souligne que ce dernier était exposé, de par ses fonctions et sa qualité
d’homme politique, à la curiosité du public. Elle rappelle que toute information relevant de la
sphère protégée susceptible d’avoir une incidence sur l’exercice d’une fonction publique peut être
publiée, comme tel est le cas en l’espèce selon elle.
Elle fait également valoir que les faits rapportés sont liés à la fonction et la vie professionnelle
du demandeur, qui ne font pas partie de sa vie privée, puisqu’il reçoit la jeune femme pour un
entretien d’embauche.
Si elle admet que la diffusion d’un numéro de téléphone privé peut constituer une atteinte à la
vie privée, elle souligne qu’Ylli PANGO ne rapporte pas la preuve qu’il ne s’agit pas de son
numéro de téléphone professionnel.
La société FRANCE 24 estime que la diffusion de cette vidéo permettait aux internautes
d’apprécier la condition des femmes en Albanie, sujet qui fait l’objet d’un débat d’intérêt général
et qu’elle se devait de traiter. Elle soutient que le choix de la diffusion de la vidéo litigieuse
relève de sa ligne éditoriale sur laquelle le demandeur n’a pas à intervenir.
Elle rappelle qu’elle n’a pas réalisé la vidéo diffusée. Elle fait valoir que le recours à une caméra
cachée était justifié par l’intérêt du public à être informé de faits qui n’auraient pu sinon être
dévoilés.

La société FRANCE 24 relève à titre très subsidiaire qu’elle a agi en qualité de service de
communication au public, au sens de l’article 93-3 de la loi du 29 juillet 1982, dans sa version
résultant de la loi du 12 juin 2009 dite “Hadopi”. Elle estime donc que sa responsabilité doit être
appréciée au regard de ce statut. Elle souligne à cet égard avoir cessé la diffusion de la vidéo
litigieuse dès qu’elle a été informée du caractère illicite de son contenu par le demandeur, soit

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9 mois après le début de la diffusion.

La société FRANCE 24 soutient à titre infiniment subsidiaire que le demandeur ne rapporte


pas la preuve du préjudice dont il fait état. Elle argue que la perte de son poste de ministre n’est
pas imputable à sa diffusion de la vidéo, qui avait préalablement été rendue publique par d’autres
médias. Elle souligne qu’il a déjà été indemnisé par le tribunal de Tirana du préjudice subi en
Albanie.

MOTIFS DE LA DECISION

Sur la demande d’annulation de l’assignation


En vertu de l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881 relative à la presse, la citation précise, qualifie
le fait incriminé et indique le texte de loi applicable à la poursuite, sous peine de nullité.

Ylli PANGO vise dans son assignation les articles 9 du Code civil et 8 de la Convention
européenne des droits de l’homme, tous deux relatifs à la protection de la vie privée. Après avoir
rappelé le contexte dans lequel la diffusion de la vidéo litigieuse avait été effectuée par la société
défenderesse, Ylli PANGO décrit les atteintes à la vie privée et au droit à l’image qu’il reproche
à cette société (pages 5 à 7).

Il souligne ainsi que l’illicéité de l’obtention de la vidéo écarte tout droit à l’information pour le
public (page 6). Il qualifie de fautive “la captation d’images à l’insu de la personne”, y compris
au regard du droit pénal français (page 6). Il souligne que “les images du ministre, dans son
bureau, puis à son domicile, réalisées à son insu et sous de faux prétextes, portent en effet
atteinte à sa vie privée et à son droit à l’image. L’entretien au cours duquel elles ont été
réalisées ayant été frauduleusement provoqué par la pseudo-journaliste de Topchannel, elles ne
peuvent être justifiées par aucun fait d’actualité, ni aucun intérêt légitime du public. De même,
la diffusion du numéro de téléphone portable de Monsieur PANGO, parfaitement lisible à
l’écran, porte atteinte à sa vie privée, et n’est aucunement justifiable” (page 7). Il en conclut que
“l’atteinte à l’image et à la vie privée étant manifestement établie, le tribunal constatera la
diffusion illicite et condamnera la défenderesse à payer à Monsieur Ylli PANGO des dommages
et intérêts en réparation des préjudices moral et professionnel subis”.

Ylli PANGO ne dénonce donc pas, dans son assignation, d’atteinte à la réputation occasionnée
par les accusations de harcèlement sexuel résultant éventuellement du contenu de la vidéo, mais
ne vise que la diffusion des images le montrant dans des moments privés et laissant apparaître
son numéro de téléphone.

Il n’y a donc pas lieu de requalifier les atteintes à la vie privée et au droit à l’image en
diffamation. Les dispositions de l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881 ne trouvent pas à
s’appliquer.

La société FRANCE 24 sera donc déboutée de sa demande d’annulation de l’assignation délivrée


à son encontre par Ylli PANGO.

Sur l’atteinte à la vie privée et au droit à l’image


Les articles 8 de la Convention européenne des droits de l’homme et 9 du Code civil garantissent
à toute personne, quelle que soit sa notoriété, sa fortune, ses fonctions présentes à venir le respect
de sa vie privée et de son image. L’article 10 de cette convention garantit l’exercice du droit à
l’information des organes de presse dans la limite du respect des droits d’autrui. La combinaison
de ces deux principes conduit à limiter le droit à l’information du public, d’une part, aux
éléments relevant de la vie officielle des personnes publiques et, d’autre part, aux informations
et images personnelles livrées avec l’autorisation des intéressés ou justifiées par une actualité
d’intérêt général.

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La vidéo litigieuse montre dans un premier temps Ylli PANGO dans son bureau, en train de
parler avec la journaliste porteuse de la caméra cachée. Si cet entretien tend à l’obtention par
cette dernière d’un emploi et concerne donc l’activité professionnelle de ministre d’Ylli PANGO,
celui-ci a été filmé à son insu, dans un lieu qui n’était pas à cet instant ouvert au public et à un
moment où il pouvait légitimement se penser protégé de toute fixation de son image.
La vidéo litigieuse dévoile son numéro de téléphone portable.
Elle montre quelques images de son domicile et de lui-même, en tenue décontractée non
conforme à celle qu’arbore un ministre ou un homme politique dans ses fonctions officielles.
Elle dévoile ainsi des éléments de la vie privée du demandeur et reproduit son image sans son
consentement.

Le recours à la caméra cachée peut être justifié par l’intérêt légitime du public à être informé,
notamment lorsque l’information n’aurait pu être obtenue sans le recours à ce dispositif
technique.

L’intérêt légitime du public à être informé et la contribution à un débat d’intérêt général


permettent de rendre publics des éléments de vie privée d’un tiers et de reproduire son image, à
condition que les journalistes agissent de bonne foi, sur la base de faits exacts, et fournissent des
informations fiables et précises dans le respect de l’éthique journalistique.

Le fait qu’un ministre en exercice demande à une jeune femme de se déshabiller dans le cadre
d’un entretien d’embauche peut légitimement être révélé au public, au regard de l’importance de
ses fonctions.

Les décisions judiciaires albanaises, émanant tant du Procureur que du tribunal de Tirana, laissent
cependant apparaître qu’une journaliste, Alma MUKAJ, avait obtenu un entretien d’embauche
avec le demandeur, au cours duquel ce dernier s’était montré selon elle correct. Elle a filmé un
second entretien en caméra cachée. Constatant qu’un des rendez-vous avait eu lieu en début de
soirée, la chaîne de télévision TOPCHANNEL a demandé à une seconde journaliste, Alkida
BUDINI, de contacter le demandeur à l’aide de la ligne téléphonique d’Alma MUKAJ. Cette
journaliste, ancienne gagnante d’une émission de télé-réalité, a obtenu l’entretien d’embauche
qui a été filmé au ministère, puis “s’est montrée prête à lui déposer les documents” nécessaires
à son embauche “à la maison” d’Ylli PANGO, où la scène litigieuse a été filmée.
La chaîne albanaise TOPCHANNEL a donc envoyé successivement deux journalistes afin de
tester le comportement du demandeur. Dans les deux cas, ces journalistes ont annulé un rendez-
vous au ministère, à l’occasion duquel elles devaient apporter des documents, afin de les apporter
au domicile du demandeur. La chaîne TOPCHANNEL a par conséquent adopté des méthodes
déloyales. Elle ne peut se retrancher derrière les nécessités de l’information pour justifier les
atteintes à la vie privée et au droit à l’image du demandeur.

La société FRANCE 24 ne produit aucun élément permettant de conclure que le numéro de


téléphone diffusé était professionnel ou avait été rendu public par le demandeur.
Les dispositions de l’article 93-3 de la loi du 29 juillet 1982 relatives à la responsabilité du
directeur de publication d’un service de communication au public mettant un espace de
contribution personnelles à disposition du public concernent les infractions prévues au chapitre
IV de la loi du 29 juillet 1881.

En tout état de cause, la société FRANCE 24 reconnaît que la rubrique internet litigieuse “couvre
l’actualité internationale au travers des témoignages directs d’ ‘Observateurs’, c’est-à-dire de
ceux qui sont au coeur des événements. Vidéos, textes, photos : tous les contenus publiés sur ce
site viennent d’ ‘amateurs’, mais ils sont sélectionnés, vérifiés, traduits et expliqués par des
journalistes de France 24”. Elle ne peut donc être qualifiée d’espace de contribution personnelle
et donc bénéficier de la responsabilité allégée de l’article 93-3 de la loi du 29 juillet 1982.

La société FRANCE 24 devra donc répondre d’atteintes au droit à la vie privée et à l’image
d’Ylli PANGO.

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Sur le préjudice
La seule constatation de l’atteinte au respect dû à la vie privée et à l’image par voie de presse
ouvre droit à réparation, le montant en étant souverainement apprécié par le juge du fond en
fonction du contenu de la publication, de sa diffusion en France et le cas échéant des éléments
librement débattus par les parties.

Il convient de préciser que cette juridiction n’est pas compétente territorialement pour indemniser
le préjudice moral subi par le demandeur en dehors de la France.

S’agissant d’une atteinte au droit à l’image et à la vie privée, il n’y a pas lieu de prendre en
considération les conséquences de la diffusion de la vidéo litigieuse sur l’honneur et la réputation
du demandeur. Ce dernier ne peut donc être indemnisé dans cette instance de la gêne que la
diffusion de cette vidéo a pu lui occasionner dans ses missions en France ou avec des Français,
qui résulte des allégations de harcèlement sexuel contenues dans la vidéo.

Les images de son domicile sont particulièrement fugaces, ne montrant qu’une porte et des murs.
La tenue dans laquelle il apparaît est dénuée de ridicule ou d’indécence, eu égard notamment à
sa qualité d’homme politique.

Ylli PANGO n’allègue pas enfin que la diffusion de son numéro de téléphone portable lui ait
occasionné des désagréments particuliers.

Il ne justifie donc que d’un préjudice de principe, qui sera intégralement réparé par la
condamnation de la société FRANCE 24 à lui payer 1€ de dommages et intérêts et par
l’interdiction sous astreinte qui lui sera faite, dans les termes du dispositif, de faire usage de la
vidéo litigieuse, sans que la mesure de publication sollicitée soit justifiée en l’espèce.

La demande de retrait de la vidéo des pages internet de la société défenderesse est sans objet,
puisqu’il n’est pas contesté que cette société a opéré ce retrait peu après avoir reçu l’assignation
introductive d’instance.

Il n’y a pas lieu en tout état de cause d’ordonner le retrait des commentaires accompagnant cette
vidéo. Ces commentaires tirent exemple de la démission du demandeur, fait objectif et public,
pour traiter de la situation des femmes en Albanie, sujet d’actualité protégé par la liberté de la
presse.

Sur les demandes accessoires

La société FRANCE 24, partie perdante, sera condamnée aux dépens. Les dépens ne
comprendront pas les frais d’huissier exposés pour la réalisation du constat versé aux débats, dès
lors que l’intervention de cet officier public ne résulte pas d’une décision de justice.

La société FRANCE 24 sera par ailleurs condamnée à payer 2 000€ à Ylli PANGO sur le
fondement des dispositions de l’article 700 du Code de procédure civile.

L’exécution provisoire, nécessaire et compatible avec la nature de l’affaire, sera ordonnée.

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PAR CES MOTIFS

REJETTE la fin de non-recevoir tirée de la nullité de l’assignation soulevée par la société


anonyme FRANCE 24,

CONDAMNE la société anonyme FRANCE 24 à payer 1€ de dommages et intérêts à Ylli


PANGO en réparation de son préjudice moral,

FAIT interdiction à la société anonyme FRANCE 24 de procéder à toute publication, par quelque
moyen que ce soit et sous astreinte de 1 000€ par infraction constatée à compter de la
signification de cette décision, de la vidéo montrant Ylli PANGO conversant avec Alkida
BUDINI, journaliste de la chaîne de télévision albanaise TOPCHANNEL, dans son bureau au
ministère de la culture et à son domicile,

SE RESERVE la liquidation éventuelle de l’astreinte,

CONDAMNE la société anonyme FRANCE 24 aux dépens, lesquels ne comprendront pas les
frais exposés aux fins de réalisation du constat d’huissier produit,

CONDAMNE la société anonyme FRANCE 24 à payer 2 000€ à Ylli PANGO sur le fondement
des dispositions de l’article 700 du Code de procédure civile,

DEBOUTE les parties de leurs autres ou plus amples demandes,

ORDONNE l’exécution provisoire de cette décision.


signé par Nicole GIRERD, Première Vice-Présidente et par Geneviève COHENDY, Greffier
présent lors du prononcé.

LE GREFFIER LE PRESIDENT
Geneviève COHENDY Nicole GIRERD

Me Camille BAUER
Me Anne PIGEON BORMANS

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