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Je vous propose les premières pages de cet ouvrage avec l’aimable autorisation

de M. Rachid OULEBSIR pour Tadukli.fr

Pour en savoir plus :


Hhttp://www.bba34.com/spip.php?article527H
ou
Hhttp://harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=26459H

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« L’olivier en Kabylie entre mythes et réalités »

Le livre que tout Kabyle doit posséder !


Ce livre raconte l’amour atavique des
montagnards pour leurs oliviers. Comme
le cruchon d’huile d’olive, Il doit être
à la table de chaque ménage Kabyle !

Avant-propos

.
…A la parution dans la presse algérienne d’une longue série de reportages consacrée à la
cueillette des olives dans la Haute Soummam, en Kabylie centrale, de nombreux lecteurs
m’ont suggéré de rassembler tous ces textes dans un ouvrage unique.
Face au vide culturel ambiant, j’accomplis ce travail singulier pour inscrire dans la durée
des pratiques séculaires du terroir, socle de l’identité locale, contre le déclin et l’oubli.
L’Oléiculture algérienne vit sur des mythes. L’huile d’olive, médicament pivot de la
pharmacopée traditionnelle, symbole d’autonomie économique et de liberté, aliment
incontournable des résistants à l’envahisseur et à l’occupant, est devenu, dans
l’imaginaire populaire, un élément du blason identitaire national. L’huile produite par le
moulin traditionnel, à meule de pierre et presse de bois, qui triture l’olive bien mûre à la
cadence d’un cheval serait la meilleure du monde !
L’huile d’olive est redevenue de mode en occident. Celle de Kabylie a la chance d’être
entièrement biologique. L’olive est produite sans engrais, sans pesticides, triturée sans
adjuvants. L’huile, fabriquée selon les procédés technologiques européens, est
conditionnée sans conservateur ni colorant et classée suivant les normes internationales.
Le célèbre cru de Tablazt médaillée à l’exposition universelle de Bruxelles de 1910, les
huiles âpres des orées forestières des Bibans, les huiles vert jade des piémonts d’Illoula,
les huiles lourdes de haute Kabylie aux arômes fugaces de pin et de chêne, les huiles rose
orangées de Seddouk, les huiles mordorées du littoral des Babors, ce florilège aux mille
saveurs, aux mille couleurs, signerait-il la renaissance de notre olivier ?
Le terroir est malade. Le savoir-faire s’est perdu. Les rituels identitaires se sont
folklorisés. L’ultime génération de paysans accomplis s’accroche à un passé agricole
mythifié, sans pouvoir transmettre des compétences mesurables autres que des clichés et
des croyances régulièrement démenties par la science agronomique. La nouvelle
génération d’oléiculteurs découvre le résultat effarant de l’abandon de cet arbre
emblématique durant les quarante ans qui ont suivi la fracture des années de guerre. Des
survivances culturelles fébrilement sauvegardées par de tenaces idéalistes entretiennent
encore l’espoir d’une relance salvatrice.
Tout est à refaire en somme ! Suivez-nous dans ce surprenant voyage, en compagnie
d’oléiculteurs résolus, à travers les oliveraies de la Kabylie centrale et à l’intérieur des

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moulins de l’historique vallée de la Soummam : un zoom sur ce que nous n’aurions jamais
du perdre, une douloureuse mais vitale introspection.

Première partie
Des oliviers et des hommes
« Il y a des joies qui ne s’achètent pas, des plaisirs insoupçonnés, des bonheurs
tranquilles …Ces joies, ces plaisirs, nous seuls les connaissons lorsque nous allons
le matin aux champs faire la cueillette dans la rosée. » Mouloud Feraoun 1

L’homme qui parle aux oliviers


Azerzour, l’étourneau, arrive au début d’octobre. Des nuées de passereaux voraces qui
volent invariablement d’est en ouest. L’huile se forme alors dans la pulpe de l’olive
encore verte. Cette arrivée constitue pour les paysans de Kabylie le signal des préparatifs
rituels de la cueillette.
Fidèle à la culture des ancêtres, Aissa accomplit les travaux de nettoyage des oliveraies en
leur temps. Nous l’accompagnons dans l’oliveraie d’Ichikar, en amont du village
historique d’Allaghane, au pied des contreforts méridionaux du Djurdjura, pour passer
avec lui une journée de nettoyage de l’olivette. Il est sept heures du matin ce premier
vendredi de novembre 2003. Le soleil monte paresseusement derrière les monts Guergour
à l’est de Bgayet, la ville de tous les fantasmes. Le maquis dense et mouillé attend la
caresse chaude des rayons solaires. Faire un feu est le premier geste du paysan. Les
souches de genêt (azezou) constituent la première couche de la construction, les
branchettes d’oléastre (azebouj) et les feuilles bistre de lentisque (amadagh) la seconde,
les rameaux secs de caroubier le dernier étage. Aissa frotte l’allumette, amorce le feu
dans une touffe d’herbe sèche qu’il utilise en guise de mèche. Les flammes s’emparent
bruyamment du bûcher. Il y rajoute du gros bois, de vieilles branches d’olivier (azemour)
et d’aubépine (touvrazt). Il aura besoin de grosses braises pour réchauffer son unique
repas de la journée. De hautes volutes de fumée montent dans le ciel. Un parfum de pin
(tayda), de résine (tizeft) et de lavande (amezir) brûlés embaume l’oliveraie. L’oléiculteur
sort les outils de travail cachés la veille dans les repousses et les drageons d’un vieux
caroubier. Une pioche mixte, deux grosses haches, une scie à élaguer, un lourd sécateur,
une houe et une longue fourche constituent l’attirail du vieux Aissa. Il parle en travaillant
sans se distraire de sa tache. Pour une fois qu’il a une écoute intéressée à ses histoires
d’olivier, il ne va pas se taire ! …

Bûcherons et fagotiers

La porte de l’automne est définitivement close. L’hiver s’installe pour durer. Pour la
deuxième année consécutive, le spectre de la sécheresse s’éloigne. La neige fouette les
corps et ravive les âmes. ...
Le paysan tient encore à sa réputation : pas une olive ne doit rester dans les champs !
Telle est la rigoureuse règle instituée par les ancêtres.
... Il se réfugie dans les usages ataviques insolites souvent salvateurs et garants de la
cohésion du clan. Ces pratiques socioculturelles rituelles donnent du sens à sa vie,

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Jours de Kabylie page 124 Editions du Seuil

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enfantant le bonheur d’un millier de petits riens puisés de merveilleuses traditions et de
singulières croyances.

Accompagner le troupeau qui part en longues et dangereuses transhumances, ou accueillir


la caravane des fagotiers de retour des lointaines montagnes, leurs bêtes chargées de
falourdes (takochit) et de margotins de bois de toutes les essences, sont des survivances
d’un passé lointain, des pratiques rares qui font encore l’identité du paysan. Le métier de
bûcheron et celui, plus insolite, de fagotier ont quasiment disparu depuis que la bouteille
de gaz butane a colonisé les foyers des montagnards. On brûle moins de bois, on
construit moins de cheminées.
…Le fagotier fréquente les maquis et les forêts. Il rapporte des essences variées et plus
productives de braise et de calories pour un meilleur prix. Il ramasse les souches de bois
mort, celles du tremble (Issemlil), de l’aubépine (Touvrazt), du cèdre (Avawal) et de
nombreuses autres espèces comme le pin (tayda), le chêne (Akerouch), le caroubier
(Akharouv), le sapin (assefsaf) et (achekrid), le chêne vert…

…Les paysans tiennent viscéralement au kanoun, l’âtre autour duquel sont nées tant de
légendes mystérieuses, tant de vocations de conteurs et de narrateurs célèbres. La
cheminée de pierre taillée est une icône inoubliable de leur enfance.

Le burnous de neige

« C’est de l’or qui nous tombe du ciel » affirme, heureux, Aissa l’oléiculteur, la mémoire
marquée par les affres et les désespérances d’une décennie de sécheresse. La neige
tombe drue. Les oliviers ploient sous les gros flocons (Ametchim). Les congères (Izevlaj)
s’amoncellent aux détours des chemins. Les enfants, mal habillés mais contents, jouent
dans la poudreuse chantant « Yekat itezi » 2 . ..

Le froid a imposé ses règles aux villageois. Les burnous et les kachabias alourdissent
les silhouettes difformes des paysans. Les godillots ont remplacé les mocassins. Certains
fellahs nostalgiques, ressortent Arkasen, les escafignons des ancêtres, grossières chaus-
sures en peau de bœuf montantes jusqu’au mollet, parfois prolongées par des guêtres
(Travaq). Les femmes portent des houppelandes (Tihouyak), des pagnes de grosse laine
(Fouta), et se chaussent de bottines de caoutchouc. Elles exploitent le répit offert par
l’enneigement des oliveraies pour faire les grandes lessives et nettoyer les maisons
quelque peu négligées. Les plus vieilles d’entre elles ont encore la maîtrise des recettes
d’hygiène et de médecine traditionnelle. Elles préparent des shampooings à base
d’amadagh, la cendre de lentisque. De la neige fondue est versée bouillante sur une
passoire contenant un fond de cendres brûlantes. Taqetart, la décoction obtenue, sera
conservée durant des semaines. Son pouvoir moussant et anti-pelliculaire est relevé par
l’association de Tounwats, l’écorce de pin et de brindilles d’Amezir, le romarin.
A la faveur d’une éclaircie, les hommes réparent les toitures qui n’ont pas tenu sous le
poids de la neige. On vérifie également l’état des jarres et des amphores. Certaines
familles ont déjà sorti de grosses quantités d’olives vers les moulins. Elles attendent
fébrilement Izid, la trituration, et la récupération de la nouvelle huile qu’elles feront, par
devoir et avec une fierté certaine, goûter aux voisines. Achvayli, la grosse jarre solide-
ment calée au mur, Tabetit, le tonnelet de bois, Tachevrit, la gargoulette d’argile et les
nombreux barils, cruches et cruchons, sont décrassés et nettoyés, leurs fissures colmatées
à la cire, prêts à recevoir la sève miraculeuse mordorée de la perte noire.

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Les flocons de neige tournoient

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Tiwizi, l’âme du arch Kabyle

L’entraide chez les montagnards du Djurdjura est une pratique vitale. La nature est
hostile. Seule la solidarité à tous les niveaux peut maintenir la cohésion du tissu social.
Durant la cueillette des olives, les familles ayant terminé tôt le ramassage, mettent leurs
bras à disposition de leurs proches et des voisins. C’est une obligation entrée dans le
code de l’honneur et chacun son tour. La récolte se déroule dans un joyeux tintamarre.
Plusieurs voisins se retrouvent, avec chèvres et enfants, sous le même olivier. On travaille
en festoyant. Les chefs de familles font les comptes tout en gaulant les olives (Azway) ou
en cueillant, promptement à la main (Achraw), les rameaux chargés de fruits. Ça parle
rendement ! On compare les olives précocement ramassées, Azemour nechaw, avec Aâqa-
laâqav, les olives mûres noires et légères de la fin de saison. On émet des doutes sur la
rectitude et l’honnêteté des fabricants d’huile, avec force détails et gros jurons. La
suspicion est de mise. Le paysan est ainsi fait : « quand il vend, il pense que ce n’est pas
cher payé, quand il achète, il se croit grugé » 3 …


La cueillette du bonheur

« Abandonner une seule olive dans les champs est une honte pour le propriétaire de
l’oliveraie et pour tout le village. Qu’il vente, qu’il pleuve, ramasser les olives est un
devoir sacré. C’est notre culture, notre identité » affirme Lhassen, le paysan accompli, au
fait des usages campagnards et des valeurs qui structurent la société kabyle.
La cueillette bat son plein. C’est une véritable course contre la montre dans ces journées
courtes d’hiver…

Lhassen, l’oléiculteur, donne les premières consignes : « Nous devons d’abord ramasser
les olives tombées durant la nuit une à une jusqu’aux limites des frondaisons de l’arbre,
avant de faire le lit avec Ichelafen, les filets de récolte. Il restera alors à apposer les
échelles qu’il faut parfois attacher à une branche avec un filin, si l’arbre est trop haut,
trop vieux ou situé sur une pente. La cueillette est une fête qu’il ne faut pas endeuiller par
un accident. Il faut s’entourer de toutes les précautions d’usage ». L’âne lance un
braillement sonore. « Il a vu arriver toute la famille » dit Tarik l’espiègle…

La foire de l’olive

« Nous n’avons pas le cœur à la fête. Nous exposons nos produits pour exprimer nos
problèmes. C’est un dernier SOS que nous lançons aux pouvoirs publics… »
Cette exposition de la précarité paysanne permettra néanmoins aux amoureux des
saveurs du terroir de se faire plaisir dans un périple convivial. Ils effectueront un voyage
visuel à travers les oliveraies de la Kabylie profonde représentées par leurs fruits, leurs
huiles, les ustensiles artisanaux portant l’histoire millénaire de l’oléiculture. Le langage
muet des objets maladroitement exposés par les inconditionnels protecteurs de la

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Dicton du Djurdjura méridional

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spécificité culturelle locale racontera leur être et leur identité. Cinquante paysans donnent
vie à cette fête de l’olive, la neuvième du genre. Ils apportent chacun son thème, son
produit fétiche, ses couleurs, de la graine de caroube mordorée, au noyau grisâtre de
l’olive, passant par le miel jaune pale et la gelée royale aux reflets dorés. Des centaines de
bouteilles d’huile de divers volumes forment sur les étals encombrés un camaïeu
jaunâtre translucide où pétillent des reflets irisés d’un vert profond. Tout comme le
vin, l’huile d’olive possède ses crus qui changent tous les ans. Rondes, ovales, oblongues
ou pointues, les olives sont noires, roussâtres, vertes et rarement blanches. Elles donnent
toutes des huiles différentes. Douces ou piquantes, fines ou opulentes, Jade ou dorées, les
huiles sont élégantes et innombrables.
Durant quatre jours les paysans convient la population de la Soummam à une
introspection de son âme kabyle. La témérité de nombreux jeunes qui se lancent dans
l’activité agricole, armés de leur seule conviction, est une agréable surprise dans ce
monde désenchanté. Plus surprenante encore est la ténacité de fellahs plus âgés persuadés
que l’avenir de la Kabylie est dans l’oléiculture.

Ighil-Ali, la perle des Bibans

…Malgré le vieillissement Ighil-Ali demeure la perle sertie au milieu d’une centaine de


bourgs parsemés sur le versant nord des Bibans face à l’imposant Djurdjura.
Le gros bourg a eu son époque de splendeur, tel que sur cette carte postale de 1924 qui
porte en légende « Village Kabyle d’Ighil-Ali », mention traduite en Anglais par «
catholic village of Ighil-Ali », pour les besoins de propagande religieuse de la mission
des pères blancs ! Le village symbolisait l’opulence et la civilisation avec les paramètres
citadins, en pleine montagne farouche encore moyenâgeuse.
« On prenait la diligence postale qui remontait d’Allaghane, chargée de voyageurs et de
colis descendus du train d’Alger. Il fallait être bien habillé pour visiter le bourg des
selliers, des cordonniers, des matelassiers, des dinandiers, des bijoutiers et autres
étonnants armuriers. Les habitants d’At-Abbas ont tôt connu l’exode et l’émigration
après l’insurrection de 1871 dirigée par le bachagha 4 Mokrani, le chef spirituel et
militaire de la région. Les survivants aux massacres et aux séquestres collectifs avaient
préféré fuir vers des contrées plus tranquilles. Oran, Alger et Constantine constituaient
les destinations privilégiées des At-abbas »

L’huile d’olive de Kabylie

L’algérien de culture fondamentalement paysanne ne traite pas l’huile d’olive


comme un produit ordinaire acheté au marché du coin. Il lui accorde une valeur
sentimentale, voire esthétique, comme celle que l’on réserve aux bijoux. Mieux
encore, il attache à l’huile d’olive un pouvoir de guérison miraculeux. C’est la
panacée à tous les maux. Le produit que l’on doit posséder à la maison au même
titre que le sel, le miel ou le citron. Les croyances kabyles anciennes accordent à
l’huile d’olive une âme, avec le pouvoir magique de dissoudre tous les maléfices.
Sa consommation est réputée allonger l’espérance de vie, fortifier le corps et
clarifier la vue. Pour que son âme ne s’évapore pas, on la conserve dans un
endroit sombre dans des récipients hermétiquement fermés. Les jarres de terre
cuite et les bonbonnes de verre fumé couvertes d’un clissage d’osier la protègent

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Chef tribal

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de l’effet dénaturant de la lumière. Les amphores, les cruchons d’argile, et les
barriques de bois lui conservent sa saveur et son goût originels. Offrir de l’huile
d’olive a, de tous temps, été un geste de concorde qui rétablit la paix entre les
ménages et les villages. Au temps du troc, elle a joué le rôle d’équivalent général
pour l’échange de biens agricoles et artisanaux. Les paysans des hauts plateaux
sétifiens sillonnaient les villages de Kabylie pour troquer leurs excédents de blé
et d’orge contre de l’huile d’olive. Le règne de la bureaucratie a perverti la
culture de l’offrande pour coller à l’huile d’olive un puissant pouvoir de
corruption. …

Meule de pierre et presse de bois.

« Agharef, Lhod, Lqoqna, Eriech, Taqofets, Tabetit…» voilà des termes vernaculaires
qu’on entendait dans les ateliers traditionnels où des chevaux faisaient tourner des meules
de pierre et des pressoirs de bois. Des mots rares, sans doute perdus à jamais, remplacés
par « super presse, séparateur, centrifugeuse, tapis roulant, force motrice » etc. Le
progrès est le bienvenu, avec ses apports positifs, diminuant la pénibilité du travail et
augmentant la production. Les agriculteurs, conservateurs par nature, sont rétifs devant
ses effets négatifs qu’ils décèlent d’instinct. La qualité de l’huile par exemple ! « L’huile
produite sans pression est de loin meilleure que celle issue du broyage des noyaux et
extraite par centrifugation » affirment–ils. Voilà un argument professionnel imparable
que personne ne réfute dans le monde de l’oléifaction. « Mais cette huile, dite vierge,
obtenue sans aucune pression sur la pâte se mesure dans d’infimes quantités destinées à
la pharmacopée traditionnelle. Elle ne peut satisfaire le marché. Elle s’oxyde en
vieillissant, alors que l’huile des centrifugeuses, amère au début, se bonifie avec le
temps » rétorquent les modernistes.
La civilisation amazighe rayonnait sur l’Afrique du Nord avant l’avènement de l’empire
romain. La maîtrise de l’extraction de l’huile d’olive remonte au moins à cette époque
marquée par les guerres mais aussi par d’intenses échanges commerciaux avec l’orient et
l’Europe du sud, facteurs moteurs dans le développement de l’oléiculture. Des vestiges de
vieux moulins de pierre et de bois témoignent qu’en Kabylie, il y avait au moins un
pressoir par village. Plusieurs familles s’étaient spécialisées dans la fabrication de l’huile.
De nos jours, l’extraction de l’huile est un savoir bien assimilé qui utilise un arsenal varié
de moulins. Il y a en Kabylie quasiment tous les types de presses que l’homme a inventés,
depuis l’antique pressoir d’Aristée jusqu'au moulin à centrifugeuse, procédé technique
dont la première application, une écrémeuse, a été inventée par Gustaf de Laval 5 en
1883…
…Les paysans n’ont cure des arguments techniques ! Le vieux moulin de pierre et de bois
fait partie de leur blason identitaire. Le pressoir est actionné par un cheval, un mulet ou
un bœuf. L’huile est récupérée à la feuille de cuivre dans des barriques de bois. Un rituel
de dégustation quotidienne de l’huile nouvelle est entretenu en permanence durant toute
la campagne. On dévore des kilos de figues sèches trempées dans l’huile vierge. On
s’offre des galettes bien chaudes sans se soucier du coût de production. Le bonheur n’a
pas de prix.
…!

Libérez l’avenir

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Ingénieur suédois (1845-1913).

7
L’olive Algérienne est produite sans engrais et sans pesticides. L’huile est entièrement
naturelle avec un goût de maquis fleuri de romarin (Amezir), de jujubier (Azogar), de
bruyère (Afouzel) et de lentisque (Amadagh). De nombreuses variétés concourent à une
pollinisation riche et plurielle. Autrefois l’huile algérienne avait sa place sur le marché
international. Des considérations politiques relevant d’un nationalisme étroit et sectaire
ont fait perdre au pays l’un de ses plus sérieux atouts dans la mondialisation. Il demeure,
selon les estimations des économistes de l’association Tazerajt, qu’au coût de production
actuel, l’huile de Kabylie avec ses qualités et ses défauts est parfaitement concurrentielle
sur le marché européen…

Annexe 1

Calendrier agraire amazigh

Périodes du calendrier Rites observés.


calendrier jours grégorien Conduites de
amazigh l’oliveraie
L e k h r i f ------------ A u t o m n e
Amewwan, Entrée de
Lekhrif 1 30 août l’automne

Smayem Du 30 août Visites


n’Lekhrif 5 au 4 familiales
(tirza) septembre
Teyab Du 5 au Maturation
erremane 26 30 des grenades
septembre
…. … ….. ……
…. …. ….. ……
mois de Battage du
Assarwet 30 juillet blé.
Smayem Du 25
ou 36 juillet au Période de
nevdou 29 août canicule.

...

http://www.tadukli.fr

http://tadukli.free.fr

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