COMME AU THÉÂTRE
’ » Pierre Gonalons renoue avec les arts décoratifs et évoque Jean Royère, ses dessins incroyables auxquels il apportait des éléments kitsch. Ou encore Eileen Gray et souligne « » qu’il entretient également avec les marbres sculptés. Il est le premier à redécouvrir le Grand Antique d’Aubert, un marbre immergé dans le lit d’une ». Il pose le même regard analytique sur le bois, le verre, le béton. « » et cela donne ses incroyables boules de verre, mystérieuses par leur millier de paillettes colorées réalisées avec un grand verrier de Murano, ou le travail de griffures du métal pour une applique avec un artisan savoyard. Cette attention qu’il porte aux choses, au moindre détail, il la consacre aussi à l’histoire des lieux qu’il est en charge de repenser, « ». Pour son pied-à-terre parisien, au dernier étage de l’hôtel particulier Leblanc-Barbedienne, Pierre Gonalons s’inspire du lieu. Édifié à la fin du XIX siècle pour la fonderie d’art Barbedienne spécialisée dans la reproduction de bustes antiques et dans l’édition en bronze des sculptures de ses contemporains, de Barye à Rodin, il est spectaculaire avec sa façade inspirée du XVIII. « » Il revoit les volumes en libérant la charpente métallique du plafond mais garde les moulures, la cheminée, le parquet et en accentue leur présence : bande noire sur le point de Hongrie, drapé en trompe-l’oeil autour de la cheminée, luminaires en fils de Nylon suspendus au plafond. Il va jusqu’à recréer « une cuisine-office » pouvant se dissimuler par un rideau mais elle sera laquée blanc, étincelante, arty avec des pièces iconiques de designers. La décoration, orchestrée par Pierre Gonalons, pourrait résulter d’une conversation imaginaire entre un esthète du début du siècle dernier, un dandy pop culture et un créateur japonais. Dans son antre, on croise Rei Kawakubo, créatrice de Comme des Garçons et designer de meubles devenus rares. La rejoignent Atsushi Kitagawara et ses étonnants canapés au dossier de métal drapé placés comme des chauffeuses XVIII entourant la cheminée, Kazuhide Takahama et ses nombreux luminaires ou encore Hideo Mori et son cabinet en osier. Les années 1980 sont ici convoquées bien avant leur retour dans la mode. « » Il envisage le présent comme une rencontre entre le passé et le futur, évidemment mise en scène.
