OLIVIER GREIF TOUS SES MONDES LOINTAINS

1 er novembre 1973
Cet épisode cocasse de jeunesse peut se lire, symboliquement, comme un condensé de la vie future d’Olivier Greif, partagé entre spiritualité orientale et musique occidentale.
Vers dix heures, nous partons pour Bonn. Ayant l’intention de visiter la maison natale de Beethoven, nous avons la désagréable surprise d’en trouver la porte close. Tandis que nous devisons dans la rue sur la suite à donner aux événements, la fameuse porte s’ouvre de l’intérieur et laisse bientôt s’échapper une foule bigarrée, composée… du Dalaï-Lama, de sa suite (quelques moines tibétains en robe ocre) et de diverses personnalités européennes, dont Hermann Abs, directeur de la Deutsche Bank. Après que le Dalaï-Lama, en passant devant moi, m’a adressé un large sourire et a apposé légèrement sa main droite sur mon front, et l’attroupement une fois dissipé, nous exposons notre infortune à Hermann Abs. Pris d’une vive compassion (bouddhique, sans doute !) pour mes parents et pour moi-même, il nous fait lui-même visiter la maison de fond en comble, en nous prodiguant un luxe de détails fort documentés (il est également président d’une société Beethoven). Honneur suprême : il ouvre pour moi le Hammerklavier de Beethoven et me permet d’y jouer; à l’en croire, un privilège accordé seulement une fois par an, lors d’un concert. Gloire au bouddha !
11 octobre 1976
Le compositeur revient ici sur des questions qui lui sont chères: le lien entre langage musical et expression de la foi, à travers une mise en regard de la musique indienne et de la musique européenne.
Il y a, je crois, un rapport étroit entre les caractéristiques du langage musical d’une civilisation et les divers aspects de sa pensée collective et de son évolution. C’est comme si l’un chevauchait l’autre, comme si la musique parfois précédait
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