L’ami allemand
(une éternité déjà), l’ancien Premier ministre britannique David Cameron annonçait l’organisation d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (qui se solda par la victoire du Brexit le 23 juin 2016), l’initiative fut accueillie avec colère et indignation sur le continent. Un nouveau chantage de Londres ! Le risque lié à la sortie des Britanniques de l’UE était réel, mais il le 5 juin 2014. Celui qui fut chef du gouvernement sous la présidence de François Mitterrand reprochait durement aux Britanniques les bâtons mis dans les roues de l’Europe au fil des décennies. Leur départ, dont rêvaient Rocard et d’autres, permettrait enfin à l’Union européenne de faire sauter le verrou britannique. Michel Rocard eut le temps de connaître la décision des Britanniques en faveur du Brexit, mais ce fut tout. Il mourut neuf jours après. Ce qu’il ne pourra constater, en revanche, ce sont les blocages qui continuent de paralyser l’Europe, alors que le Royaume-Uni a déjà mis un pied dehors. « Doctor No » s’en va et laisse la place à « Doktor Nein ». Le Royaume-Uni, dont le seul intérêt portait sur le marché unique, n’a cessé de freiner l’avancement du projet européen. La France, l’un des moteurs traditionnels de l’Europe, se trouvait dans l’incapacité de prendre de nouvelles initiatives depuis le fiasco du référendum sur la Constitution européenne de 2005. Jusqu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, il y a tout juste un an, Paris ne jouait plus le rôle de locomotive européenne. Dans ce contexte, l’Allemagne pouvait donc bien s’ériger en défenseur de l’esprit européen. Si elle ne prenait aucune mesure, se justifiait-elle, c’est parce que Londres et Paris l’en empêchaient.
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