La Soul Du Bayou
ARENCRO, LOUISIANE. Une petite ville de 7000 habitants, dans la banlieue de Lafayette, qui s’étire le long du bayou. Ici, on est cajun avant d’être américain. Une communauté qui descend des Acadiens, ces Français d’origine ayant dû fuir le Canada au xviii siècle. Certaines familles ont trouvé refuge sur ces terres humides constellées de marécages, au fin fond de la Louisiane, et n’ont plus jamais bougé depuis. Parmi, précise Marc Broussard, fier de cet héritage. houseboat De génération en génération, la famille Broussard est toujours restée là. Marc, lui, est né à Carencro en 1982. Il vit et mourra ici. Une culture à part qui s’exprime principalement dans la cuisine, bien épicée, et la musique, l’une des premières à avoir mélangé le folk des Blancs avec le rhythm’n’blues des Noirs. Avec un père comme Ted Broussard, guitariste des Boogie Kings – groupe cajun de swamp pop très populaire dans les années 60 et 70 – et membre éminent du Louisiana Hall of Fame, il est apparu évident que Marc se destinerait à la musique. Très jeune, alors que ses frères écoutent Guns N’Roses ou Poison, lui préfère la musique cajun, le jazz et la funk de La Nouvelle-Orléans, le blues et le rock des États du Sud. De ce brassage d’influences, de cette identité très marquée par ses racines et son environnement, Marc va faire un style. Ce fameux “bayou soul”, mix des musiques qu’il aime et qu’il chante d’une voix profonde, bourrée de groove. Après un bref passage dans un groupe de rock chrétien, il enregistre (Ripley Records), son premier album solo. Il n’a que 20 ans et fait preuve d’une maturité hors norme. Pour son deuxième disque, il signe chez Island. , hommage à sa ville, est une superbe réussite. Sur certains titres (“Home”, “Lonely Night In Georgia”), les ombres d’Al Green et Ray Charles semblent planer sur le bayou. Marc y ajoute son énergie, sa ferveur, et un soupçon de pop. Il entame alors une longue tournée à travers les États-Unis. Très vite, il s’impose comme une bête de scène, jouant chaque soir comme si c’était le dernier. Publié trois ans plus tard, est une collection de reprises. Des titres soul des années 60-70, enregistrés façon “vintage”, comme au bon vieux temps. La plupart en une prise. Une seule chanson, “Come In From The Cold”, est écrite par lui, peut-être la meilleure. L’album (classé 96 au Billboard 200) attire l’attention du label Atlantic qui lui signe un contrat pour deux albums. Le premier, , ne contient que des chansons originales. Plus pop, plus formaté pour les radios, mais fidèle à son univers. Le look, lui, commence à changer. Moins rural, plus urbain. On l’imagine davantage courant les Fashion Weeks que flânant dans les bayous de Louisiane. Après son deuxième disque chez Atlantic, Marc quitte le label, remet ses chemises à carreaux, sa salopette en jean et se laisse pousser la barbe. Aujourd’hui plus que jamais proche de ses racines, après deux nouveaux albums réalisés avec des petits labels, il a publié la suite de , avec de nouvelles reprises dans la veine Motown/Stax. , annonce-t-il. De bonnes chances qu’il l’enregistre à l’ancienne, dans la grange de son jardin, au bord du bayou.
