Le complexe du best-seller
La romancière anglaise Virginia Woolf est formelle : pour bien écrire, il faut posséder une « chambre à soi », à l’écart des cris d’enfants ou d’un conjoint trop étouffant. Bien sûr, un penthouse inhabité fera aussi parfaitement l’affaire. Depuis son déménagement rive gauche, Guillaume Musso travaille dans son ancien appartement, près du quartier de l’Opéra : un dernier étage à terrasse avec vue sur une forêt de zinc. Quand il me reçoit en cette troisième journée déconfinée, il flotte dans ces lieux une atmosphère engourdie. Musso n’y a pas mis les pieds depuis deux mois. « J’ai passé la plus longue période de ma vie sans écrire », glisse-t-il, apportant deux tasses d’expresso. L’atelier de Guillaume Musso conserve quelques vestiges de son ancienne vie domestique : cuisine équipée, table à manger en bois transformée en bureau et décoration soignée, avec au mur une toile carrée du peintre de street art américain JonOne.
Il parle d’une voix douce qui s’interrompt parfois au bord du bégaiement, timidité d’adolescent restée coincée dans la bouche. L’écrivain le plus lu de France – et l’auteur francophone le plus lu du monde – est un inconnu : peu d’apparitions à la télévision ou de portraits dans la presse. Il peut aller chercher ses deux enfants à l’école sans être dévisagé. Musso ne mange pas de fruits note son ami Philippe Robinet, le patron de Calmann-Lévy.
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