PARADISE ISLAND
The Sound of Silence: après le mutisme du confinement, celui de cet été privé de festivals. Montreux édite une affiche en gris et blanc intitulée “Silent Shores”. Il y a cinquante ans, les rives de la côte ouest de l’île de Wight étaient tout sauf silencieuses. Plus de six cent mille hippies, freaks et music lovers, un véritable débarquement, empruntaient le ferry à Porsmouth ou Lymington pour rallier Ryde, Cowes ou Yarmouth, et rejoindre Freshwater, puis East Afton Farms où se tenait le troisième Festival of Music, inauguré en 1968 par Jefferson Airplane et sacralisé l’année précédente par la venue de Bob Dylan et du Band, première apparition majeure après trois ans d’absence et de rumeurs. “Wight is Wight/Dylan is Dylan/Viva Donovan”.
Le timing est imparable: le film de Woodstock est sorti le 4 août, donnant une feuille de route à toute une génération. La chanson de Joni Mitchell qui le chronique, électrisée par CSNY, est numéro un en Grande-Bretagne dans la version tendre de Matthews Southern Comfort. En France, viennent de se dérouler nos propres tentatives, à Valbonne (Iron Butterfly, Gong, Zappa et Ponty), Aixen-Provence (Johnny Winter, Colosseum, Leonard Cohen, qui entre en scène sur un étalon blanc) et Biot, prémonitoire, écourté par les bagarres provoquées par les “maos” ( Joan Baez, Country Joe, Derek and the Dominos et Soft Machine n’ont pu se produire).
Guillaume Durand, 17 ans, bac en poche, est venu en autostop et bateau avec un copain de lycée et un cousin: Les toilettes sont un problème: un côté garçon, un côté fille, mais pas de papier ni de porte, on se soulage à la vue de ceux qui attendent, et ils Nick Kent, 18 ans, futur prince de la rock-critic anglaise, était déjà là pour Dylan l’été d’avant. Il partage une tente avec deux amis.
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