PASSÉ RECOMPOSÉ
La formule d’Antoine Lavoisier s’affiche en ouverture de leur page web: «. Bien avant que l’urgence écologique ne s’impose, le duo de Quintana Studio donnait déjà le ton, fermement décidé à faire bouger les lignes. Tout commence à Mahon, capitale de siècle y a laissé le charme de bâtisses de style géorgien, qui devient vite source d’inspiration pour le jeune tandem. Mitoyennes les unes des autres, ces maisons de ville frappées de blanc de chaux dessinent le dédale architectural de Mahon. Côté rue, les façades étroites masquent l’étendue d’habitations distribuées autour de couloirs, ouvertes à l’arrière sur la fraîcheur de cours végétalisées. Un héritage menacé par la tentation de rénovations sauvages qui, selon les décorateurs, encouragent l’effacement de l’histoire. Familiers de l’île depuis l’enfance, Pol Castells et Benito Escat vivent leur passion comme un acte de résistance contre l’oubli. Leur engagement s’incarne dans un style affirmé qu’ils exportent aujourd’hui hors des terres catalanes. Prendre appui sur les traces du passé, se servir de l’existant pour écrire une nouvelle page d’histoire, ouvre un véritable champ esthétique. Montrer ce qui jusque-là restait invisible est devenu manifeste. Cette villa géorgienne XVIII transformée en maison de vacances d’une famille française révèle leur choix éthique. À leur arrivée, les fondamentaux sont là, mais la beauté des lieux est occultée par un morcellement excessif. Les perspectives se sont brouillées avec le temps, des enduits masquent les décors et ternissent l’identité de l’espace. Dans un premier temps, ils décloisonnent, abattent une partie des murs du couloir pour redonner du volume et poser de nouvelles lignes de fuite. La cage d’escalier se révèle, la lumière circule, la convivialité reprend ses droits. Un pan de fresques refait surface, un mur de pierre se dévoile, des fils électriques traversent les murs. C’est à ce moment précis que la signature de Quintana Studio s’exprime. Tout ce qui réapparaît de manière accidentelle devient décor: les variations des différents carreaux de ciment au sol, les raccords d’enduit sur les murs, les bouts de papier peint sous forme de patchwork aléatoire, les bribes de fresques en filigrane, les parcelles de pierre de mares découvertes par la découpe des plâtres. L’humour se prolonge dans la création de meubles, comme la structure de ces miroirs conçue à partir de tuyaux de canalisation en cuivre. Ces strates court-circuitées, superposées, apportent la fantaisie. Mobilier vintage, récup revisitée et autres curiosités installent la touche finale. Ainsi, l’éclat d’un miroir sorcière géant s’exhibe sur un mur, une cheminée en verre cathédrale s’illumine de l’intérieur, un bassin de nage prend des airs de piscine olympique des années 1950. Les époques se fondent, les frontières s’effacent et le charme de Quintana Studio opère.
