REFLETS HYPNOTIQUES
Une console taillée dans un verre de cinq centimètres d’épaisseur, comme si on l’avait sciée dans la glace du lac Baïkal. Prisonnières de la matière, des bulles apparaissent en transparence, ainsi que des traces, des stries… Le, confie cet alchimiste capable, à travers un bloc translucide de quatre-vingt-dix kilos, d’évoquer un paysage de forêts cristallines et d’hiver sibérien. Ce goût de la lumière, Kiko Lopez le doit sans doute au soleil de son île natale, Porto Rico, qui a nourri son sens du contraste, de la ligne et des formes. Il part étudier l’architecture et le design industriel à la prestigieuse Rhode Island School of Design, puis, en 1990, ouvre dans le Luberon un atelier où il commence à créer des luminaires sur mesure. Peu à peu, explorant savoir-faire innovants et techniques ancestrales, se formant auprès des meilleurs artisans vénitiens, tchèques ou américains, Kiko Lopez s’empare de l’énorme potentiel artistique de son matériau fétiche, le verre. Jouant avec brio de ses qualités paradoxales – fragilité et plasticité, mystère et transparence –, il en fait surgir cloisons, paravents, portes, mobilier, mais aussi miroirs, photophores, flacons, talismans… Sa source d’inspiration? La nature et ses imperfections. Dans son atelier-laboratoire, l’homme taille, coupe, courbe, chauffe, oxyde, argente, et invente sans fin : effet de matière molle pour le miroir « Don Q », vibration chamanique pour le lustre « The Wild », inspiré des bois du cerf, dorure à l’or fin ou argenture pour des tableaux-miroirs traités comme des vitraux ou des … Des pièces uniques à la puissance onirique qui séduisent architectes, designers, galeristes et collectionneurs du monde entier, ainsi que des décorateurs, comme Joseph Dirand, India Mahdavi, Alberto Pinto, Jacques Grange… La diva du design Rossana Orlandi ne s’y est pas trompée en choisissant de représenter le créateur dans son influente galerie milanaise. Parcourant le monde, de Berlin à Miami, d’Amman à New York, pour accompagner l’installation de ses œuvres, Kiko Lopez revient toujours sous ce ciel de Provence qui, depuis trente ans, lui prodigue sa lumière inspirante. Dans son atelier des Beaumettes, ce matin-là, il explique:
