Nous tâtonnons dans la nuit
es mesures seront prises. Des lois seront votées. Le mot de République sera prononcé. Souvent et ardemment. Et puis, après l’émotion et les accolades, tout redeviendra comme avant. Tant d’autres soucis nous guettent. Tant d’autres menaces existent: pandémie, crise économique, chômage… Bien sûr, les attentats islamistes nous indignent. Nous haïssons le crime, rejetons le fanatisme, redoutons la mort! Combien nous nous mentons à nous-mêmes, nous, Français. Ah, certes, nous avons bien souvenance qu’un jour Montaigne, Molière, Voltaire, Hugo nous ont mis en garde contre le fanatisme et ont écrit là-dessus des pages qui, pendant quelques siècles, nous ont offert cette boussole qu’on appelle civilisation. Mais nous tâtonnons dans la nuit. En vérité ces pages, pour la plupart, sont délavées. Elles réveillent tout au plus des souvenirs de dictées et de commentaires de textes. Elles ont cessé de former nos consciences. Si la lettre demeure, l’esprit en est mort.
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