MÉTAPHYSIQUE QUANTIQUE Vers de nouveaux vertiges
La théorie quantique est déconcertante. D’un côté, c’est un triomphe absolu de la science: elle n’a jamais été mise en défaut et toutes ses prédictions ont été confirmées expérimentalement avec un luxe de détails inouï. De l’autre, ce qu’elle nous dit du monde semble totalement contraire à l’intuition, voire à l’entendement. Son message est si difficile à décrypter qu’un siècle après son avènement, l’étrange mécanique fait toujours l’objet d’interprétations multiples et violemment contradictoires (lire p. 84). Au point que les spécialistes, qu’ils soient physiciens ou philosophes, ne sont, en définitive, même pas capables de dire si elle nous parle bien de la réalité ou d’autre chose. Des limites intrinsèques de la connaissance ? Des nôtres? Une seule chose est certaine, la physique quantique demeure plus que jamais un vertigineux casse-tête métaphysique.
Et pour cause, avec elle, un même objet, onde ou particule, semble pouvoir être tour à tour une chose et son contraire. De plus, selon ses équations, les électrons, les atomes, et même les chats semblent pouvoir être dans plusieurs états simultanément. À moins qu’à l’inverse, ils ne se trouvent jamais en réalité dans aucun état défini. Pis : plusieurs objets pourtant séparés spatialement peuvent se trouver dans une situation telle qu’ils forment un tout irréductible. Enfin, dans le langage de la mécanique de Bohr et d’Heisenberg, l’observateur est manifestement le seul à même de faire émerger du flou quantique un soupçon de réalité tangible, quoique de façon totalement aléatoire…
Cette étrangeté nous assaille. Nous dérange. Et pour cause, elle va à l’encontre de la totalité des présupposés des sciences classiques selon lesquels le monde serait composé d’objets individualisés et dotés de traits les caractérisant en propre, qui évoluent selon des lois déterministes, et auxquels on accède sans que cela n’ait d’effet sur leurs propriétés.
ELLE CONTREDIT TOUTES NOS INTUITIONS
Mais ce n’est pas que ça! Car ces présupposés ne s’imposent pas seulement à nous. Si bien qu’au final, , note Alexei Ginbaum, chercheur au CEA-Saclay.
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