La nouvelle science de la phytothérapie
Expériences ésotériques, pratiques new age… Face aux progrès de la chimie et à l’heure des toutes-puissantes molécules de synthèse, se soigner par les plantes était devenu l’apanage de quelques originaux isolés. Cette démarche ancestrale, sur laquelle s’est pourtant appuyée la médecine à ses débuts, avait fini par tomber en désuétude, quand elle n’était pas tournée en ridicule. L’heure de la revanche a-t-elle sonné? La pharmacopée naturelle, rebaptisée “phytothérapie”, revient depuis quelques années sur le devant de la scène, parée de nouveaux atours… scientifiques.
La phytothérapie convoque en effet aujourd’hui nouvelles technologies, chimie, génétique… pour tenter de décortiquer, étayer, démontrer ou, a contrario, invalider les pouvoirs des plantes. Grâce au criblage à haut débit, cette nouvelle science est désormais capable de tester in vitro des milliers de molécules par jour, qu’elle pioche dans de gigantesques “chimithèques” constituées au fil du temps. Identifiant peut-être demain de nouvelles plantes aux vertus médicinales. La chimie, elle, avec de nouvelles méthodes d’extraction et de nouveaux solvants – CO2 supercritique, hexane, eau bombardée d’ultrasons (lire p. 34) – permet d’améliorer et peut-être d’augmenter demain leur efficacité.
UN ARSENAL DE MOLÉCULES DÉFENSIVES
Et ce n’est pas tout, “les changements induits par un extrait végétal complexe peuvent désormais être observés au niveau du protéome et du métabolome, c’est-à-dire au niveau des protéines et des intermédiaires métaboliques d’un ensemble cellulaire d’un organe ou d’un organisme”, s’enthousiasme Jacques Fleurentin, pharmacien et président de la Société française d’éthnopharmacologie. Sans compter que “la génétique et les connaissances acquises sur le microbiote pourraient bientôt permettre de mieux comprendre pourquoi une même plante a des effets différents d’un individu à l’autre”, ajoute Loïc Bureau, professeur associé à la Faculté de pharmacie de l’université Rennes 1. Autant d’espoirs de répondre à LA question centrale posée par la phytothérapie: comment expliquer son fonctionnement, dont les subtilités continuent de nous échapper?
Ce que l’on comprend assez bien, pour l’instant, c’est pourquoi les plantes contiennent des substances
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