Le quartier du Fleuve
6 RÉSUMÉ: Marguerite a rendez-vous avec l’adjoint au maire, responsable de l’équipement. On lui présente le jeune architecte en charge du projet, le fils du peu recommandable Franck Moritz. Celui-ci l’entretient du chantier, afin qu’elle puisse alimenter son article, informations précieuses dont elle se servira aussi pour son futur son roman. Dès que la démolition des maisons insalubres du quartier sera terminée, débutera la construction d’une cinquantaine de pavillons. Les habitants des Cabanes seront tous relogés. Hugo Moritz lui propose de se rendre sur les lieux. En chemin tous deux discutent. Une tendre complicité semble les unir, comme celle qui unirait une mère à son fils. (Voir Veillées nos 3447 et suivants.)
Chapitre 9
Fin avril. Mercredi. Gabriel se souvient de l’époque où les Plantier, Jules et Marthe, veillaient sur lui, attentifs, affectueux, parfois sévères, vite inquiets aussi, se comportant comme des parents, en somme. On lui disait, à l’école : « Les Plantier sont payés pour te garder ! »
Il était revenu en larmes, ce jour-là, mais les braves gens lui avaient expliqué : l’amour, ça n’a pas de prix.
Chaque fois que Gabriel a eu un coup de déprime, il est revenu chez eux. Un lit l’attend toujours dans la petite chambre du fond qu’il occupait naguère. Il leur a présenté Marguerite, et il a su qu’ils approuvaient son choix. Aujourd’hui, il souffre. Marguerite lui a appris à voir le monde différemment, comme les Plantier l’ont fait quand il était môme. La magie n’opère plus. Gabriel a l’impression d’être resté au bord du chemin, Marguerite poursuit toute seule. Elle est persuadée d’avoir tout fait pour lui, elle croit avoir réussi. De son côté, pourquoi ne lui avoue-t-il pas à quel point il est mal dans sa peau ?
Quelle heure peut-il être ? Gabriel n’en a aucune idée. Il est parti sur un coup de tête et a pris la route qui longe les gorges du Doux. Il a beaucoup plu et la rivière torrentueuse galope entre ses rives abruptes.
Il s’arrête après un virage, se gare sur un espace déblayé. Il descend, se penche sur l’abîme. Il se demande s’il aurait le courage de s’y envoler. Puis il a honte de
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