Mon cœur à son passé renonce
La tombola eut un grand succès. Agnès et ses deux amies avaient pris beaucoup de plaisir à rassembler les quelque soixante pièces prévues. Elles avaient visité tous les antiquaires du faubourg Saint-Honoré à la recherche d’objets rares ou insolites. Et le comte avait complété par quelques jolies pièces antiques de sa collection.
À quatre heures, les derniers invités quittaient La Pagode et Agnès, rompue, s’affalait dans un fauteuil.
– Quelle soirée ! je n’aurai jamais la force de monter jusqu’à ma chambre, je crois que je vais dormir ici…
– Certainement pas « petite sœur », tu dormiras dans ton lit !
Et l’enlevant dans ses bras, Pierre porta la jeune fille jusqu’à sa chambre où Sophie, la jeune camériste, l’attendait pour l’aider à retirer sa précieuse robe et se mettre au lit.
Ce même jour à midi, le comte, ses enfants, Félicie Couderc et Mathieu Delage prirent place dans la petite église de Saint-Mandé pour la messe de Noël.
De la nombreuse domesticité, seuls la cuisinière et le majordome étaient restés à La Pagode. En effet, le comte avait l’habitude d’accorder quelques jours de congé pour les fêtes, permettant ainsi à chacun de se retrouver en famille. Félicie et Mathieu, n’ayant plus que de lointains cousins, choisissaient de rester et ils en étaient très heureux.
En toute simplicité, ils partageaient à cette occasion la voiture du comte pour se rendre à l’office de Noël ainsi que le petit repas qui suivait. Il n’avait pas été facile de faire accepter cela aux
