Mon cœur à son passé renonce
Chapitre premier
Lorsque Renaud de Monfort regagna sa demeure, après trois semaines d’un périple dans le Péloponnèse, il était épuisé, mais heureux. Un observateur averti aurait perçu dans son regard clair une excitation bien inhabituelle.
Sa voiture à peine immobilisée devant le perron, il sortit, surveillant le déchargement de ses malles que deux valets accourus s’apprêtaient à enlever. Une caisse en bois, soigneusement fermée, retenait toute son attention.
– Doucement, Jacques, ceci est infiniment précieux! Antoine, aidez-le à la transporter dans mon cabinet de travail.
Mathieu Delage écarta les deux battants de la porte d’entrée et alla au-devant de son maître.
– Nous ne vous attendions pas si tôt, monsieur le comte. Avez-vous fait bon voyage ?
– Oui, mais je suis moulu ! Pour rentrer plus vite, j’ai voulu profiter d’un navire marchand qui appareillait pour Marseille, et le confort n’était pas à bord ! Faites-moi préparer un bain, Mathieu, et monter un peu de café s’il vous plaît. Ces diables de Grecs le font « à la turque » et il y a autant à manger qu’à boire ! s’exclama le comte en abandonnant manteau, gants et chapeau entre les bras de son fidèle majordome.
– Tout de suite, monsieur le comte.
Les femmes de chambre, valets et cuisinières s’étaient rassemblés dans le hall pour saluer le maître de maison. Il gratifia chacun d’un mot aimable ou d’un sourire et tous s’empressèrent de retourner à leurs tâches.
– Dois-je faire prévenir votre fils ? demanda Mathieu Delage.
– Non, laissons-le rentrer comme d’habitude.
– J’ai déposé votre courrier sur votre table
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