Le fana de l'aviation

Un technocrate au Pentagone

Parler d’un chien qui déboule dans un jeu de quilles est un doux euphémisme pour illustrer l’arrivée de Robert Strange McNamara au Pentagone le 21 janvier 1961. Il proclama d’entrée de jeu son intention de révolutionner la gestion du ministère de la Défense. À 44 ans il arrivait de Detroit, où il quittait la direction de Ford. Ce n’était pas la première fois qu’un dirigeant de l’industrie automobile s’installait au Pentagone : Charles E. Wilson était à la tête de General Motors quand il fut nommé en 1953. Lorsque Kennedy lui proposa le poste, NcNamara répondit qu’il n’y connaissait rien à la politique, ce à quoi le président répliqua : “Moi non plus, nous apprendrons le travail ensemble !”

McNamara était un pur produit de la Harvard Business School, département managment. Il fit de la statistique comparée non seulement une méthode globale mais une véritable religion, une sorte d’alpha et oméga qui devait permettre de tout analyser, de tout comprendre pour apporter des solutions optimisées.

Optimiser les opérations de bombardement

La première application concrète de ses études commença en mai 1942 lorsque McNamara fut embauché par l’USAAF (United States Army Air Forces) dans le Statistical Control Office (Bureau de contrôle statistique). Il fut envoyé en Grande-Bretagne auprès de la 8th Air Force pour analyser les résultats de la campagne de bombardement et optimiser les opérations. Ce fut à cette occasion qu’il rencontra le colonel Curtiss Le May, qui appliqua ses suggestions. McNamara expliqua plus tard : “Le May était extraordinairement belliqueux, beaucoup le disaient même brutal. Il a lu mon rapport [McNamara soulignait dedans que plusieurs équipages avaient fait demi-tour par peur de la Flak, NDLR]. Il a alors donné un ordre : “Je serai dans l’avion de tête à chaque mission. Tout avion qui décolle passera au-dessus de la cible, ou l’équipage sera traduit en cour martiale”. Le taux d’abandon a chuté du jour au lendemain. Voilà le genre de commandant qu’il était.”

Une tornade au Pentagone

Les deux officiers se retrouvèrent dans le Pacifique. Le May venait de prendre la tête de la campagne des Boeing B-29 “Superfortress” sur le Japon, McNamara intégra la petite équipe de statisticiens en place auprès de l’état-major. Ses analyses très fines des premiers raids furent importantes pour orienter Le May vers des opérations à plus basse altitude avec des bombes incendiaires (lire n° 544). Entré comme capitaine, McNamara était lieutenant-colonel en 1945 lorsqu’il quitta l’uniforme pour rejoindre Ford avec quelques experts du Statistical Control Office, les “Wizz Quids” – comprendre les petits génies. Ses méthodes d’ana lyses statistiques firent des merveilles. Méthodique, froid avec ses collègues,

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