Charles Baudelaire
Coincé entre la génération de Victor Hugo et celle de Paul Verlaine, Charles Baudelaire (1821-1867) est, au moins autant qu’eux, sensible à un art qui l’a inspiré et qu’il a beaucoup inspiré en retour. S’il ne sait pas lire la musique, il la ressent avec une intense sagacité. Elle « me prend comme une mer ! […] Je sens vibrer en moi toutes les passions / D’un vaisseau qui souffre ; / Le bon vent, la tempête et ses convulsions / Sur l’immense gouffre / Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir / De mon désespoir ! », écrit-il.
Ce dandy romantique, porté par le « goût de l’infini qui pousse sans cesse l’homme à la recherche de l’idéal », voyage, dilapide le patrimoine familial, se lance dans le journalisme, la poésie, la consommation (frénétique) d’« excitants ». Avec plusieurs poèmes frappés d’interdiction, (1857) lui attirent une condamnation pour « délit une valse Offenbach (le curieux la dénichera dans un récital de John Mark Ainsley chez Hyperion). Mais la quasi-totalité des quelque cinq cent vingt mélodies tirées du recueil le seront après la mort du poète. De Duparc à Gretchaninov, de Gustave Charpentier à Jongen, de Debussy à Sorabji, de Scelsi à Rorem : ses vers ont revêtu les styles les plus divers. Sans compter les pages pour orchestre (Dutilleux !), et les chansons.
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