Robert Badinter fait parler les fantômes
C’EST EN DÉCOUVRANT ROBERT BADINTER MASQUÉ que l’on mesure à quel point l’homme est tout yeux et sourcils. Quand il nous reçoit dans son bureau-bibliothèque baigné de soleil, sa bouche est dissimulée par une protection FFP2, mais son visage continue de parler. De s’enflammer, même, quand il évoque les trois pièces de théâtre qu’il publie ces jours-ci chez Fayard. Le recueil s’intitule Théâtre I, un titre « très optimiste » – le commentaire est de lui –, puisqu’il en appelle d’autres. L’une des trois oeuvres (déjà jouée à La Colline) traite du procès d’Oscar Wilde, ou comment un génie décide de se suicider en s’en remettant à la justice hypocrite et prude de la société victorienne du xixe siècle. Une autre imagine la conversation entre le chef de la police de Vichy, René Bousquet, et le président du Conseil, Pierre Laval, dans la cellule de ce dernier, la veille de son exécution. Pour comprendre l’incroyable acquittement dont a bénéficié aprèsguerre le préfet Bousquet, Robert Badinter s’est plongé dans les minutes de son procès, a tenté de retrouver les dossiers et documents officiels, jusqu’à arriver à une impasse. Laval, Bousquet: « Ces deux destins si proches et si différents ont constitué tous deux des échecs pour la justice française », écrit-il en introduction. La justice, toujours, en fil rouge.
« Après-guerre, le théâtre était un art effervescent. C’était le temps des
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