Victor Belmondo
Évidemment, il a quelque chose en lui de son grand-père. La bouche charnue, le nez bien présent (même si le sien n'est pas cassé), les yeux rieurs. Mais la ressemblance avec l'acteur d'et de s'arrête là. Victor Belmondo, 27 ans, a un charisme, une personnalité bien à lui, et un jeu d'acteur assez affirmé pour passer sans faiblir de la comédie à la tragédie, du rire aux larmes… Ilaux côtés de Jean-Pierre Bacri, puis de Lisa Azuelos, avant d'affronter son premier rôle principal dans Preuve que le nom fameux de Belmondo n'ouvre pas toutes les portes. « Au contraire, je crois que je dois bosser plus pour prouver ma légitimité », dit-il, sérieux. Dans la comédie dramatique de Christophe Barratier, ironiquement, il incarne un caricatural fils à papa. Le genre à s'enfiler des shots de vodka toute la nuit en boîte, à emboutir des voitures de course ou à faire chauffer la carte Am Ex de papa. Devant le désastre, son père chirurgien (Gérard Lanvin) menace de lui couper les vivres s'il ne s'occupe pas d'un de ses jeunes patients, âgé de 12 ans, gravement atteint. Un scénario, tiré d'une histoire vraie, à la que Victor Belmondo a tout de suite aimé. « J'adore les films qui provoquent des émotions variées, dont on ne sort pas neutre, explique-t-il. Mon rôle était une belle promesse, car c'est un personnage qui va évoluer tout au long du film grâce à sa rencontre avec le jeune garçon. Mon travail en amont, ça été de comprendre pourquoi il agissait comme ça, et d'essayer de le rendre sympathique. » Bien sûr, précise-t-il, le personnage ne lui ressemble pas. « Je n'ai pas grandi dans ce luxe ni dans cette débauche. C'est même à des années-lumière de mon enfance, qui a été nettement plus calme et plus modeste, même si je n'ai jamais manqué de rien, et même plus… » Le chouchou, lui, même s'il a eu le privilège de traîner très tôt dans les coulisses du Théâtre des Variétés, acheté par son grand-père, est plutôt un passionné et un sacré bosseur. À 12 ans, il tourne dans un court-métrage et tombe en amour pour le cinéma. « Sur le plateau, pour la première fois de ma vie, je me sentais à ma place. » Plus tard, il s'inscrit dans une école de cinéma option scénario et suit le cours Peyran-Lacroix au Théâtre de la Pépinière tout en multipliant les petits boulots. « J'ai été serveur, livreur de bo bun, assistant ou technicien régie sur les tournages… J'ai réussi à décrocher un agent, me suis fait recaler de tonnes de castings, j'ai douté, mais je n'ai pas abandonné. Le cinéma, chez moi, c'est viscéral. » Atavisme ? Avec son grand-père Jean-Paul, il a une relation « classique » de petit-fils avec son papi. « On est tous les deux passionnés de cinéma et de sport, mais le fait que je devienne comédien n'a pas changé grand-chose. » Ses modèles à lui s'appellent Patrick Dewaere, son acteur préféré, et dans la génération au-dessus de lui, Reda Kateb, Roschdy Zem, Tahar Rahim ou Guillaume Gouix. Et avant le confinement, il allait au cinéma cinq à sept fois par semaine. Pour Victor Belmondo, la vie est (Bé)belle.
