JACK LANG L’INDÉTRÔNABLE
Flair, charme, entregent, un animal mondain qui s’adapte à toutes les cultures
Il a traversé la pandémie sur un nuage. Un léger Covid asymptomatique, rien senti, ses habituelles virées à Marrakech ont préservé sa belle humeur et sa bonne mine. Le visage est tout doré, cheveux mousseux, chemise outremer et sourire étincelant, ravi de voir la Seine s’épanouir sous les fenêtres de son bureau, au 8e étage de l’Institut du monde arabe. « Monsieur le président… le masque », rappellent gentiment ses conseillers et il hausse les épaules, décroise ses baskets Camper, demande un thé vert, un soupçon de sucre. Jack savoure, le printemps s’annonce languien.
Jack Lang voudrait cimenter sa légende. Mais il sent bien qu’il ne peut tout verrouiller
Les commémorations du 10 mai 1981 vont honorer le plus fidèle et le plus populaire des mitterrandiens. Il sera le maître d’un colloque organisé à la Bastille avec Mazarine Pingeot, et la star de nombreuses festivités, d’émissions, d’ouvrages saluant son héritage. «Que vive la loi unique du prix du livre ! » (association Verbes), publie Marie-Rose Guarniéri, libraire à Montmartre, qui a tenu à célébrer la législation ayant sauvé sa profession contre les géants de la distribution. Un collectif de chercheurs dissèque « Les années Lang » (La Documentation française), tandis que le sociologue Frédéric Martel, connu pour son enquête explosive « Sodoma » sur les mœurs du Vatican, s’est plongé dans des centaines d’archives pour éditer «Une révolution culturelle. Dits et écrits » (Robert Laffont). « J’avais l’image d’un Lang un peu dilettante, faisant de grands discours et dansant sur les chars de la Gay Pride, dit-il. J’ai découvert un travailleur acharné. »
On le voit jeune ministre lancer avec François Mitterrand les grands chantiers – de la pyramide du Louvre à l’Opéra Bastille –, on l’entend le flatter, le couvrir d’idées, le servir, rarement le contredire. On le voit batailler, visionnaire, technique, s’accrochant à son budget, harcelant de notes tout l’appareil d’État, imaginant la Fête de la musique, du
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