ÉTAT D’URGENCE EN SEINE-SAINT-DENIS
Des piqûres à la chaîne et peut-être, enfin, le bout du tunnel. Le département le plus pauvre de France est aussi celui qui paye le plus lourd tribut au Covid. En tête des contaminations et à la traîne pour les vaccinations, alors que près d’un quart des Français de plus de 18 ans ont reçu une première dose. Ici, personne ne parle de troisième vague : depuis octobre, les hôpitaux de Seine-Saint-Denis n’ont connu aucun répit. La misère, la promiscuité sociale et un sous-équipement chronique exacerbent la fragilité de ce territoire de 1,6 million d’habitants.
Pour éviter le naufrage sanitaire et social, 20 000 associations se battent sur le terrain
A Drancy, au lycée Eugène-Delacroix, sur 2 400 élèves, vingt ont perdu un de leurs parents, décédé du Covid. Vingt orphelins en un an. Dans une classe, deux adolescents ont enterré leurs pères. Les enseignants ont dénoncé « mars et le 19 avril 2020 – et a, en un an, accumulé un quart de décès supplémentaires – jusqu’à 53 % à Villetaneuse contre 9 % en moyenne sur le territoire! Certains pointent le comportement de ses habitants, fantasment des cohortes de jeunes qui se fichent des masques, se regroupent, ignorent la pandémie, multiplient les fêtes clandestines… Hypothèse balayée par les élus, les acteurs sociaux et les autorités. Les gestes barrières ont été plutôt respectés. «Une grande majorité a suivi les mesures, quand des groupes, par négligence ou provocation, ont fait l’inverse, relate Nicolas, policier dans le 93 depuis quinze ans. Il y a des accrochages depuis quelques semaines, précise-t-il. La situation se tend. La faute au ras-le-bol général et à la fatigue qui nous accable! On est sur le fil du rasoir, mais, jusqu’ici, on s’en est très bien sortis.»
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