La belle canuse

13 – RÉSUMÉ: Une bonne nouvelle attend Joseph. Son avocat a obtenu une réduction de sa peine. Après cinq longues années d’incarcération, il est de nouveau libre. Il se rend immédiatement chez la veuve Plumeur retrouver les siens. Tous sont très émus. Mais il va bientôt falloir songer à regagner la Croix-Rousse. Le cœur de la vieille femme se serre. Elle sait qu’elle ne les reverra plus, Lyon est trop éloigné. Après un voyage éprouvant, la petite famille arrive enfin montée Rey où les attendent Mathieu et Jean, et leurs amis. Hélas ! quinze jours plus tard, de nouveau la malchance s’abat sur les Forel. Par un arrêté du ministre de l’Intérieur, Joseph est interdit de séjour dans l’agglomération lyonnaise pendant deux ans. Où vont-ils aller ? (Voir Veillées n^os 3467 et suivants.)

Après quelques nuits sans sommeil, Joseph se décide à parler à sa fenotte :

– Serais-tu très triste de quitter la Croix-Rousse ?

– Mais pourquoi me demandes-tu cela ? Et pour aller où ? Ici nous sommes chez nous !

– Nous sommes chez Mathieu plutôt.

– Mais je t’ai déjà expliqué mille fois, mon ami, ce n’est pas une vraie vente, c’était juste pour éviter la saisie, la…

– Je sais, ma colombe, mais je ne me sens plus chez moi ici et puis les choses ont changé et à présent cette interdiction de séjour…

– Mais Pierre va…

– Oui, il obtiendra un sursis, jusqu’à quand ? Non, je ne veux pas vivre ainsi. Écoute, j’ai réfléchi, voilà tu sais que les parents de ma défunte avaient une petite maison, c’est un bien qui revient aux enfants alors on ne peut pas nous la prendre ; par contre jusqu’à la majorité de Marguerite, je peux en jouir… qu’en dis-tu ?

– Je ne sais pas, je ne m’attendais pas à… Tu semblais tellement heureux de rentrer. Et Jean ? Et Pierre ? Et puis c’est où ?

– Ce n’est pas très loin, un gros village, l’Arbresle, je n’y suis allé qu’une fois mais j’ai souvenance que c’est charmant. La maison est en bas du bourg, sur les bords de la rivière, la Brévenne, je crois. Nous ne serons pas loin, ma fenotte, Pierre et les siens pourront venir nous voir, ils ont une voiture. Quant à Jean, je lui laisserai le choix.

– Mais de quoi vivrons-nous ? La part de l’atelier n’est pas très élevée et, et… avec trois, quatre, non trois enfants…

– Ne rougis pas, ma colombe, je ne suis pas