COUP DE SABOT
Les années 1970 voient le sabot devenir l’accessoire le plus tendance des anti-mode
Si sa forme familière et ses talons qui claquent font un retour remarqué dans les grandes maisons, siècle et raconte la petite histoire du monde rural en Europe. Taillés dans un seul morceau de bois de bouleau, saule ou hêtre, ce sont les chaussures de travail traditionnelles des Bretons, mais on les retrouve aussi en Flandre, en Suède et aux Pays-Bas: ils sont pratiquement indestructibles. Leur rigidité n’en fait cependant pas des alliés du confort, on remplit les bouts de paille sans oublier de les porter avec d’épaisses chaussettes en laine. La légende raconte que le mot « sabotage » a été inventé au début du XIX siècle. Les canuts lyonnais auraient pris l’habitude de jeter leurs sabots dans les machines à tisser le jacquard en signe de protestation, une méthode de lutte sociale révolutionnaire. Leur première incursion au rayon mode a lieu dans les années 1940. Après-guerre, l’Europe manque de tout et surtout de cuir. Les sabots restent cependant synonymes de pauvreté et de pragmatisme. Mais à la fin des années 1960, le mouvement hippie les rend populaires et stylés. Ils symbolisent l’authenticité, le rejet de la société de consommation: la chaussure la plus tendance des anti-mode de l’époque. En 1970, le groupe suédois Abba monte sur scène en combinaison de polyester blanc et sabots lamés dorés. Même décennie, la plus parisienne des Anglaises, Jane Birkin, en fait un accessoire essentiel de son look bohème chic. Pour le printemps-été 2010, Karl Lagerfeld fait défiler les mannequins dans la paille: le sabot devient couture. Cet été on le trouvera partout, de la rue Saint-Honoré à la Vendée. Pour l’adopter à prix accessibles, on se tournera vers des marques comme Bosabo ou Youyou, qui perpétuent un héritage familial et made in France. Chez Hermès, Nadège Vanhee-Cybulski l’associe à des trenchs en cuir velouté. Stella McCartney le mixe avec des combinaisons néo-biker, mais on l’a aperçu aussi avec des robes de soirée chez Givenchy. Une preuve de plus, s’il en fallait, que le sabot est indémodable.
You’re reading a preview, subscribe to read more.
Start your free 30 days