HAÏTI LES GANGS FONT LA LOI
Les caïds les plus recherchés se déplacent à visage découvert
De notre envoyé spécial à Port-au-Prince
« Champagne », secouriste : « J’ai reçu quatre balles. J’ai dû ramper au milieu des cochons qui dévoraient les cadavres »
Bel-Air, au cœur de Port-au-Prince. Un homme a reçu trois balles. Il est vivant, en route vers l’hôpital. Son ami, Alex, hurle en brandissant son tee-shirt trempé de sang. Des gravats et un poteau électrique abattu bloquent l’accès du quartier aux voitures. Pour se faufiler dans cette zone insalubre, sans aucun service public, il faut se frayer un chemin à moto sur les trottoirs défoncés, zigzaguer entre les ordures qui dégagent un fumet putride sous une chaleur de plomb, puis montrer patte blanche aux cerbères qui surveillent les allées et venues. L’endroit a connu quatre massacres depuis deux ans. Début avril, treize personnes ont encore été assassinées, cinq autres ont disparu. Les assaillants ont pris l’habitude de découper les corps en morceaux, de les jeter aux porcs et aux chiens errants ou de les brûler pour ralentir leur identification. Entre les attaques brutales, une guérilla urbaine de basse intensité fauche chaque jour ses victimes.
Assis à l’ombre d’une gargote, Roy Acasseit parle d’un ton las. Le leader de Bel-Air n’en peut plus de compter ses pertes : « Le gouvernement réprime l’opposition avec des gangs, pour s’approprier
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