Les abandonné·es de la psychiatrie
C’est un gros pavé gris qui déborde, sur lequel est écrit « Classeur des nouvelles demandes ». À l’intérieur, la secrétaire médicale y résume sur des formulaires les difficultés d’un enfant décrites par un de ses parents au téléphone.
« Troubles alimentaires, à l’hôpital, il n’y a plus de médecin qui traite ce problème», «phobie scolaire», «agressive, vole à l’école», «copain qui s’est déshabillé et s’est masturbé devant lui, le père était ivre », « craintes de mort », « son père tape Madame devant elle », « crises de violence, a été hospitalisé 48 heures », « ma fille s’automutile », « parle de se suicider »… Le classeur contient cent quarante demandes, serrées les unes contre les autres, toutes urgentes, toutes en souffrance: il y a deux ans d’attente au Centre médico-psychologique (CMP) pour enfants et adolescents de la ville de Tullins, en Isère. Quand les parents appellent, Françoise Vagner leur pose cette même question : « Serait-il envisageable d’aller consulter en libéral?» Pour la majorité d’entre eux, c’est inenvisageable. Elle tente de les réorienter, selon «le principe de
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