Trop tôt pour mourir
Elsa et son mari doivent se rendre à un mariage. La journée s’annonce radieuse. Mais parfois la mort rôde et s’entremêle à la vie, alors l’union est douloureuse…
Cette journée allait être exceptionnelle. Je l’avais senti dès le matin, à mon réveil. Peut-être même avais-je rêvé de quelque chose, cette nuit-là, et la perception de ce quelque chose persistait à l’intérieur de mes narines, de mes oreilles, s’accrochait à la racine de mes cheveux, mais dans un état assez diffus pour que je sois incapable de le coincer entre deux neurones et de lui arracher son masque. Les pressentiments sont lâches. Ils ne s’affichent jamais ouvertement et profitent en douce de la nuit et de nos rêves pour faire de nos journées d’inquiétants parcours du combattant semés de pièges. Pièges qui ne prennent tout leur sens qu’a posteriori. Ou bien la lâcheté vient-elle tout simplement de nous, qui nous empressons d’oublier ces messages inconscients venus du plus profond de l’espace-temps pour nous prévenir, parce qu’il faut raison garder ? Parce que nous sommes des êtres rationnels, et que c’est somme toute plus rassurant de passer outre.
Bref, cette journée-là s’annonçait donc exceptionnelle.
Mais je ne savais pas pourquoi, ni de quelle manière elle le serait. Et je n’étais pas particulièrement pressé de l’apprendre. J’étais bien au lit, au chaud, avec l’amour de ma vie qui diffusait l’essentiel de cette chaleur. C’est une centrale thermique à elle seule, elle aurait pu chauffer une petite ville et ses alentours. Alors pourquoi essayer d’aller plus vite que la musique et ne pas en profiter encore un peu ?
Elsa dormait encore. A peu de chose près : l’un de ses pieds, difficilement identifiable aux seules vibrations du matelas, s’impatientait comme un chien à l’heure de la promenade. Mais le réveil n’ayant pas sonné, le reste de son corps, enroulé sur lui-même, à la manière d’un chat cette fois, ne voulait rien savoir. Nos fesses, collées ensemble, entretenaient un tête-à-tête que nos deux nudités rendaient particulièrement
