Le barde à la barre
À CE DÎNER DE TÊTES, ENTRE LE MAGAZINE ROLLING STONE ET LUI, Bob Dylan pensait partager le couvert entre amis, “off the record et unleashed”. Puis vint la question de l’esclavage, une question si peu légère qu’il convient de ne pas la maltraiter lourdement. Dans les rouges codes pénaux du monde, l’esclavage est un crime contre l’humanité. Aussi, en parler dans des termes qui défrisent est assurément une infraction. Cette fois, Dylan allait être acteur, une partie au procès, et la corde de la sentence s’apprêtait à s’abattre froidement sur la nuque longue et fière de notre héraut.
Dans cette rare interview de 2012, Bob Dylan s’était astreint à tout dire. La musique bien sûr, mais aussi ce pourquoi l’homme compte en Amérique et de par le monde: sa vision de la société. Mais Tocqueville était plus ou moins passé à côté de l’esclavage, relégué au cimetière de ses idées révolutionnaires. Las de la pudibonderie des WASP de sexe féminin, il avait refilé le bébé à son compagnon de voyage, Gustave de Beaumont. Le collègue en avait tiré un récit romantique, avertissant le lecteur dès les premières pages: Tout était écrit. Logiquement, Dylan déroulait la pensée de l’aristocrate. Question: Réponse:
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