Diapason

Ce n’est qu’un au revoir

« Un concert exceptionnel », comme l’affirme la demi-page de garde du programme derrière laquelle apparaît le regard intense de ? Mieux : un au revoir tout en ferveur et émotion, à l’occasion duquel le (1854) et l’acte III de (1877-1882) représente un spectaculaire grand écart en termes de climat, d’élan, de temps musical. Une immense qualité du chef helvète est son contrôle absolu; cette formidablement tenue et construite ne fait pas exception, au risque parfois d’obérer la part de folie, d’excès, de déséquilibre, qui est aussi dans l’œuvre. Chœur masculin admirable tant dans l’expression que dans la couleur. Dans son bref solo du , le ténor Andreas Schager projette, mais pousse aussi les sons jusqu’à les forcer. L’acte III de est simplement somptueux : la maîtrise de la respiration, l’organicité constante des phrasés, la texture et les couleurs profondes mais claires – nous sommes bien à Paris, non à Munich ou Berlin – forcent l’admiration. La Kundry d’Eve-Maud Hubeaux a fort peu à faire dans cet acte III; ses gémissements et son « Dienen... Dienen! » ont de l’allure. Si le Gurnemanz de René Pape n’a plus exactement l’ampleur ni la profondeur d’antan, la justesse des mots, la présence, la noblesse, demeurent admirables. Schager connaît son Parsifal sur le bout des doigts, ce qu’atteste la moindre nuance de caractérisation. Mais là encore, le métal du timbre, quelque chose de forcé, voire parfois de brutal dans l’émission et les aigus, nous retiennent. L’Amfortas de Peter Mattei, lui, subjugue par son autorité, sa prestance, comme pour ce chant déployé sans effort, avec une stabilité et une fermeté souveraines. Jordan, le chœur et l’orchestre dispensent à tous l’écrin qu’ils méritent. Salle debout, longues ovations, discours et remise de cadeaux, évidemment. Le prestigieux Opéra de Vienne est le nouveau havre de Philippe Jordan. Mais il l’a dit : il reviendra. En attendant, remercions-le pour le travail accompli. A bientôt, Maestro!

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