Une véritable folie religieuse a fait des femmes l’origine des malheurs du monde

Cahiers de Science & Vie: Quel a été, selon vous, le processus de construction du mythe de la sorcière?
Il y a en réalité deux « sorcières», dont les images se sont rapprochées. La première est une sorcière du monde rural – ou un sorcier – qui pratique une magie opérationnelle pour faire le bien ou causer des torts. Pendant longtemps, on ne la poursuit pas: tout au plus critique-t-on ses superstitions. Mais au début du XV siècle, l’Église catholique connaît une énorme crise: schismes, papes, antipapes… Et à l’époque du concile de Bâle (1431-1449), certains lettrés découvrent avec ravissement une forme d’intolérance extrême. Jusque-là, on considérait en effet que si le démon existait, il pouvait seulement pénétrer dans l’esprit humain, en particulier dans les rêves, et faire dévier de la route chrétienne. Or ces extrémistes, que l’on trouve ensuite dans les rangs des catholiques, mais aussi des protestants, puisent dans les chasses aux hérétiques –. Il faudra cependant attendre un siècle, c’està-dire 1580, pour que cette théorie d’une réalité physique du diable passe dans la justice laïque.
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