L’oiseau DE MALHEUR
Pour Maud, son mari volage ne devait pas s’en sortir. Leur séjour à la montagne serait le moment idéal pour enfin intervenir.
Maud renifla avec mépris. Ici, dans cette région de montagne, tout sentait l’étable et le lait caillé. Elle rythma son pas sur celui de Pierre, son mari. Ce n’était pas le moment qu’il lui échappe. Le jour se levait, et le soleil commençait à éclairer les façades des maisons assoupies. Elle se sentait étrangère à la beauté du vieux village médiéval, et l’air froid qui dévalait des sommets comme un souffle sauvage lui coupait déjà la respiration. Qu’est-ce que ça allait être quand ils allaient attaquer la montée… Ils dépassèrent l’église Saint-Aspais, abandonnèrent les rues étroites et s’engagèrent dans la rue principale vers la sortie du bourg. Les maisons se firent plus rares. Bientôt, apparut la toute dernière, peinte en vert, qui ressemblait à un dessin de conte de fées. Ils abordèrent enfin la petite route qui serpentait au milieu des mélèzes.
– Ça va ? lança son mari par-dessus son épaule.
– Tu ne vas pas commencer à me demander si ça va toutes les cinq minutes ? répondit-elle, énervée. Surpris par son ton, il s’arrêta, se retourna et la dévisagea. – Il est encore temps de renoncer, dit-il calmement. Je ne t’en voudrai pas. Je me doute que tu m’as demandé de m’accompagner uniquement pour me faire plaisir. L’hôtel n’est pas trop loin, tu peux encore y retourner si tu veux.
Il la fixait de ses yeux verts, ces yeux qui, autrefois, la bouleversaient.
Comme elle l’avait aimé ! Éperdument. À la folie. Il avait suffi qu’il la regarde et elle avait été saisie de vertige. Il avait pulvérisé son cœur et son cerveau. Il était le seul homme qui avait compté pour
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