e château actuel occupe l’emplacement d’une ancienne fortification édifiée vers l’an mille. À l’époque, Lunéville est la propriété des puissants comtes de Metz, qui y font bâtir un castrum afin de tirer profit – moyennant péage – de la précieuse route du sel, qui relie les Alpes aux Pays-Bas. À siècle, le château féodal devient la résidence de villégiature des ducs de Lorraine, qui dominent la région. Mais c’est au xviii siècle que le site acquiert son prestige. En 1702, alors que Louis XIV, bien décidé à s’emparer de la Lorraine, fait occuper Nancy par ses troupes, le duc Léopold I se réfugie à Lunéville et s’y installe… avec l’ambition de défier le Roi-Soleil. Il entreprend ainsi de reconstruire le château, avec lustre et panache. Et pour ce faire, il engage Germain Boffrand, élève de Jules Hardouin-Mansart, le célèbre architecte de Versailles. Difficile d’y voir un hasard ! Peu à peu, Boffrand transforme ainsi Lunéville en un véritable « Versailles lorrain ». Escalier d’honneur, salons fastueux, ample terrasse: rien ne manque, pas même les cascades et bassins, qui agrémentent les jardins. La mort de Léopold, en 1729, met fin aux travaux. Mais son successeur, Stanislas Leszczynski, roi de Pologne en exil, a marié sa fille au roi de France Louis XV. Ce qui lui donne quelques privilèges, notamment celui de mener un train de vie princier. Le château de Lunéville connaît alors ses heures les plus fastes. Les plus grands philosophes des Lumières se pressent à la cour du roi Stanislas, à l’instar de Voltaire et Montesquieu. Lunéville devient ainsi l’un des centres intellectuels d’Europe. Mais en 1766, un début d’incendie embrase la robe de chambre de Stanislas. Il ne survit pas. Conséquence: ses terres sont rattachées à la France. Louis XV, qui juge le château d’un entretien trop coûteux, reconvertit l’édifice en caserne. Le mobilier est dispersé, les statues vendues, et la somptueuse chapelle transformée en magasin à fourrage !
