Dans son ouvrage Les Statues de la discorde, paru en février 2021, aux éditions Passés Composés, l’historienne Jacqueline Lalouette recense seize statues qui ont été vandalisées ou contestées sur le sol français ces dernières années(1). Elles représentent « neuf personnes dont la vie et l’action ont un rapport avec l’esclavage – rapport parfois déformé ou même fantasmé ». Et de citer Victor Schœlcher, pourtant considéré sous nos latitudes hexagonales comme l’homme politique qui fit pour de bon abolir l’esclavage à travers le décret du 27 avril 1848. Mais en Outre-Mer (en Guyane, Guadeloupe et Martinique plus précisément), cinq monuments à son effigie ont été détériorés ou carrément détruits ! L’homme étant perçu par les opposants à son action, et donc à son « prétendu » héritage, comme un être paternaliste, désireux de balayer le combat des esclaves noirs eux-mêmes et plus intéressé par la postérité que par la libération de ces hommes asservis. Aux représentations statuaires de Schœlcher, il faut ajouter celles de Christophe Colomb, Colbert, Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, Charles de Gaulle, Pierre Belain d’Esnambuc, Joséphine de Beauharnais, la première épouse de Napoléon Bonaparte, le général Charles Victoire Emmanuel Leclerc, beau-frère de Napoléon… et, dernier symbole visé et non des moindres, l’empereur Napoléon Ier lui-même !
Une fissure devenue une fracture
Ce n’est a priori pas pour des raisons politiques ou idéologiques que sa gigantesque statue en bronze située devant l’hôtel de ville de Rouen devait être « déboulonnée » aux premiers jours Mais avant même l’arrivée des premières grues, elle fut dégradée – principalement le piédestal – dans la nuit du jeudi 25 juin 2020, aspergée de peinture rouge. , rappelait alors France 3 Normandie dans un reportage consacré à l’événement. Pourtant, à écouter Jacqueline Lalouette interviewée par L’Express en décembre dernier: Ce que confirmait Thierry Lentz, le directeur de la Fondation Napoléon dans une tribune publiée le 26 septembre 2021 dans Le Figaro: