Campagne présidentielle: quand la France s’ennuie (bis)
e qui caractérise actuellement notre vie publique, c’est l’ennui. Les Français s’ennuient. Ils ne participent ni de près ni de loin aux grandes. Le journaliste poursuivait: « Les empoignades, les homélies et les apostrophes des hommes politiques de tout bord paraissent à tous ces jeunes, au mieux plutôt comiques, au pire tout à fait inutiles, presque toujours incompréhensibles. » C’était il y a un demisiècle. Une autre époque. Celle des Trente Glorieuses, d’un règne gaulliste finissant, d’une société verrouillée, d’une France réduite à l’Hexagone. Depuis, les citoyens ont élu sept autres chefs d’Etat, mais, à quelques jours du prochain scrutin présidentiel, ils ont de vraies raisons de bailler plutôt que de batailler. Jamais une élection n’a paru aussi ennuyeuse. Un vainqueur annoncé depuis belle lurette et déjà bien installé à l’Elysée, des concurrents maintenus à bonne distance, un cocktail Covid + guerre en Ukraine qui écrase tous les autres sujets, une ribambelle de candidats radicalisés mais inoffensifs sur le résultat des urnes, et un gigantesque angle mort dès qu’il s’agit de parler de vision. Pas dupes, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir passer leur tour. Lors des législatives de 1967, seulement 1 électeur sur 5 s’était abstenu. En avril, 1 sur 3 pourrait partir à la pêche. De quoi agrandir encore la déconnexion entre les citoyens et leurs représentants. Il est urgent de rompre avec ce mortel ennui et de réveiller la campagne.
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