Du couvent au musée
Étonnamment, Deauville ne disposait jusqu’alors d’aucun musée. La station normande avait pourtant inauguré, en 1992, un palais des congrès prompt à accueillir son Festival du cinéma américain (créé en 1975) et quelque 160 argumente l’architecte parisien au sujet de son projet qui se déploie sur plus de 6 000 m2. Si Alain Moatti a conservé une grande partie de l’enveloppe en brique, il a aussi sublimé certaines parties existantes, à l’image de la chapelle qui se mue en auditorium et dont les ouvrants conservent les vitraux originaux, ou bien encore du cloître dont le centre a été couvert et qui s’affiche comme la pièce majeure du dispositif. Cette salle de 400 m2 permet d’accueillir en toute saison des visiteurs qui peuvent s’y installer pour lire, travailler, échanger, se détendre… Comme pour magnifier l’impressionnant volume, un lustre composé de 14 285 tubes de polycarbonate verticaux se détache du plafond et forme un grand nuage. L’installation tend à homogénéiser la lumière naturelle, quelle que soit la saison, en même temps qu’elle devient une source éclairante, douce et diffuse, la nuit venue. Dans les deux niveaux de salles qui courent sur tout le pourtour, l’architecte a déroulé un immense « ruban » le long duquel s’agrègent livres, photographies, films et documents sonores autour des thèmes chers à la ville: l’activité équestre, le cinéma, la plage… En outre, des espaces d’exposition permettent l’organisation d’accrochages temporaires, comme celui, inaugural, intitulé « Sur les chemins du paradis », confié à Régis Debray, ou bien de l’accueil de la collection d’oeuvres du peintre André Hambourg (1909-1999), léguée à la ville. Alain Moatti mise sur cette grande porosité entre les disciplines artistiques qu’offre le bâtiment pour parler de culture autrement.
