Marine Le Pen, ses secrets de campagne
Le cochon de lait et les frites sont posés sur la table. En cette soirée du printemps 2021, Ingrid, la colocataire de Marine Le Pen, est occupée aux fourneaux dans leur maison de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines), ville de la banlieue chic de l’ouest parisien. Alexandre Devecchio discute avec Jordan Bardella. Le rédacteur en chef adjoint du FigaroVox, les pages débat du quotidien conservateur, connaît bien le député européen. Ils ont tous les deux grandi en Seine-Saint-Denis, ont fréquenté le même collège, partagent de nombreux constats politiques, sur l’immigration, les classes populaires… Dans le salon, le journaliste vedette de LCI, Eric Brunet, échange quelques banalités sur Charles Aznavour avec Marine Le Pen. La candidate à la présidentielle n’a pas la tête à parler politique. Les enceintes crachent du Tata Yoyo, le tube d’Annie Cordy. Jusqu’à plus d’une heure du matin, la patronne de l’extrême droite française chantera des airs populaires pour ses invités.
Depuis sa lourde défaite de 2017 contre Emmanuel Macron, les proches de Marine Le Pen se sont donné pour mission de lui organiser des mondanités. Il s’agit de diffuser dans le Tout-Paris l’idée que la fille de Jean-Marie Le Pen n’est pas ce danger pour la République dont parlent ses opposants. Un enjeu. En privé, Verlaine Djeni revendique une quarantaine d’agapes de ce type. L’ex-socialiste Céline Pina, proche comme Rachel Khan du mouvement pro-laïcité le Printemps républicain, a refusé l’invitation. L’animateur Cyril Hanouna, lui, n’a pas répondu. Mais combien d’autres acceptent d’aller pousser la chansonnette avec la « fille du diable »?
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