Sur la route

Fa dernière fois que Valéria avait voyagé seule, Clara n’était pas encore née.

Mais sa fille était maintenant au lycée et Valéria ne savait pas où le temps avait pu filer. L’apparition d’un sac vert sur le tapis à bagages la sortit de sa rêverie.

Ce n’était pas encore le sien, la poignée n’était pas de la bonne couleur. Valéria en profita pour se recoiffer. Ses longues boucles brunes l’encombraient un peu. Se sentirait-elle assez libre, et assez à l’aise en anglais, pour oser se faire couper les cheveux en Californie ? L’idée l’amusa. A Los Angeles comme à San Francisco, la mode avait l’air d’une affaire folle et sérieuse, et se déclinait sous toutes les coutures, du « bling bling » des soirées d’Hollywood au look faussement négligé des petits génies d’Internet capables de payer une fortune pour une paire de baskets en série limitée. Cette fois, c’était le bon ! Valéria avait choisi un sac à dos pour faciliter les transports et les changements de véhicules. En retrouvant le mail de réservation, elle comprit qu’elle allait devoir prendre une navette pour rejoindre le parking du loueur chez qui elle avait réservé sa voiture. Elle espéra de tout cœur que ce bus s’arrêtait à tous les terminaux de l’aéroport et qu’elle n’aurait pas à se lancer dans un jeu de piste, avec le peu d’énergie qu’il lui restait après plus de onze heures de vol entre Paris et Los Angeles. Avant d’aller s’informer dans l’un des bureaux du terminal d’accueil, elle visa une supérette « 7-Eleven » et s’offrit un cherry coke.

C’était Tracy qui lui avait fait découvrir ce soda à la cerise, au milieu des années 1980. Les parents de Valéria qui enseignaient la géographie et le sport au collège avaient accepté de recevoir Tracy, à la demande d’une copine prof d’anglais.

Dans une famille comme celle de Valéria, on n’avait pas de « filles au pair », c’était un truc réservé aux grands bourgeois désireux que leurs enfants mettent toutes les chances de leur côté en