Gallen-Kallela ou le lyrisme du paysage finlandais
Des sous-bois couverts d’une épaisse couche de neige figés dans le silence. Des vues panoramiques de lacs offrant l’image d’une nature sauvage et préservée. Mais aussi des tableaux inspirés de mythes nordiques. L’exposition Gallen-Kallela, Mythes et nature se consacre à une partie précise de l’œuvre du peintre finlandais: la représentation du paysage en près de 70 œuvres. Des portraits sont néanmoins exposés. «Au début de sa carrière naturaliste, il ne peignait pas de paysage sans paysan, constate Laura Gutman, historienne de l’art et co-commissaire de l’exposition. Dans cette première approche, on observe une interaction complète entre sujets et nature, comme dans Fille dans le vent, où le personnage est intégré à son environnement. Le vent souffle dans sa jupe, dans ses cheveux, dans les hautes herbes à ses pieds et dans l’eau derrière elle.»
Dans l’artiste s’y représente peignant, daté de 1889, il peint un homme blessé à la main. «Les portraits sont souvent, comme ceux-là, des scènes en intérieur, plus qu’en extérieur, poursuit Laura Gutman. Mais la présence du bois et d’autres matériaux naturels est constante.» Les yeux brillants de fièvre de l’homme blessé et alité de fixent le spectateur d’un regard intense. «C’est le portrait d’un vagabond qui va de métairie en métairie. En Finlande, en raison du climat, une obligation légale interdit de laisser quelqu’un dehors. Ce pauvre bougre est blessé à la main. Ce type de portrait est caractéristique du naturalisme dans le sens où il s’intéresse à un sujet qui n’est pas un grand sujet, mais quelque chose de pathétique. Ce tableau misérabiliste est mal reçu en Finlande, où l’on considère que l’art est fait pour galvaniser, célébrer la grandeur du pays. On l’associe à la décadence française.» Et pour cause. Il s’inspire du naturalisme d’Émile Zola et du peintre Jules Bastien-Lepage, dont il avait visité une exposition en 1885.
