L'ÉDITO
acques Prévert l'appelait « le Finistère le plus près de Paris ». Avec la côte bretonne, le Cotentin partage la rudesse magnifique de caps qui se perdent dans un tête à tête, étourdissant avec l'océan, le jeu d’équilibriste des sentiers des douaniers, », que raillait avec bienveillance son ami Marcel Carné. Lequel débarqua avec Jean Gabin à Cherbourg et Saint-Vaast-la-Hougue tourner des scènes de … Déroutant, le Cotentin l'est sans état d’âme. Il nous fait tutoyer le ciel depuis le Nez de Jobourg, d'où l'on peut observer le Raz Blanchard, l'un des courants de renverse les plus dangereux au monde qui serpente entre le cap de la Hague et les îles anglo-normandes, pour mieux nous plonger dans la douceur dorée des plages de Barneville-Carteret. On quitte la simplicité de carte postale de Barfleur, fief du peintre Paul Signac et élu l'un des Plus Beaux Villages de France, pour découvrir la cité portuaire de Cherbourg en pleine révolution gourmande et culturelle. On admire les bateaux de pêche multicolores du premier avant d'embarquer sur du second, plus grand sous-marin visitable du monde. Et puis que serait le Cotentin sans ses jardins? Le jardin botanique de Vauville et ses mille espèces végétales bien sûr, oasis exotique ciselée à quelques centaines de mètres de la mer par Éric Pellerin, troisième génération de ces jardiniers voyageurs qui ont invité l'hémisphère sud au nord de la presqu’île. Paradis des botanistes, le Cotentin l'est de nature, du Val de Saire, surnommé le « jardin potager », à la myriade de jardins privés à visiter, qui doivent tant à la passion de leurs propriétaires. D'un jardin à l'autre. En Bretagne cette fois, près de Tréguier, le domaine du Kestellic est une folie romantique et intimiste à flanc de falaise, perchée au-dessus de la vallée du Jaudy, avec ses sentiers sinueux taillés à même la roche et ses bassins suspendus. Végétation méditerranéenne ou exotique, l'atmosphère est tour à tour celle, nostalgique, d'un lac italien, puis celle, luxuriante d'une vallée sud-américaine avant d’évoquer celle, sauvage de la lande écossaise… Des jardins merveilleux comme autant de promesses de déconnexion et de voyages au bout du monde, dans la fraîcheur de nos régions atlantiques.
