Arrêté le 26 août 1945 par les Britanniques, Manstein est envoyé le 19 octobre à Nuremberg pour témoigner en défense de l’État-Major général et de l’OKW. Ces organisations sont en effet accusées, parallèlement aux dignitaires nazis, de complot et crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le feld-maréchal n’est pas là par hasard. William Donovan, principal adjoint du procureur en chef américain Robert Jackson, qui veut un point de vue interne sur l’évolution de l’armée allemande de 1918 à 1945, s’est tourné vers l’avocat hambourgeois Paul Leverkuehn. Ce dernier l’a redirigé vers le feld-maréchal Brauchitsch. Lequel à son tour demande l’aide de Manstein et des généraux Halder, Warlimont et Westphal.
Ce quintette produit un mémoire de 134 pages intitulé , daté du 19 novembre 1945. Manstein et Westphal se chargent de l’essentiel, soit des périodes 1920-1938 puis automne 1942-1945. Les autres couvrent la période intermédiaire. Le « mémorandum des généraux », comme on l’appellera, n’a rien de neutre: il cherche à disculper l’État-Major général et l’OKW pour le déclenchement de la guerre, la planification de guerres d’agression et la rédaction d’ordres criminels, notamment le fameux « ordre des commissaires ». Il contribue à maints égards