Le prince Louis naît en 1081, fils de Philippe Ier (1052-1108) et Berthe de Hollande (v. 1058-1093). La dynastie capétienne encore balbutiante – Louis n’en sera que le 5e représentant – ne contrôle réellement qu’un petit territoire, de Senlis à Orléans, berceau de la famille issue des comtes de Paris. Le reste de la France féodale lui échappe: elle est divisée entre les comtes de Flandres, d’Anjou, de Blois et de Champagne, les ducs de Normandie, de Bretagne et de Bourgogne, en lutte perpétuelle les uns contre les autres. Sans parler des princes du sud, comme le duc d’Aquitaine ou le comte de Toulouse, que leur éloignement rend encore plus indépendants.
Tous les grands barons reconnaissent au roi un surcroît de prestige, celui que confère le sacre qui fait de lui l’élu de Dieu. Cette éminente dignité n’a toutefois que peu d’incidence sur le terrain: on évite certes de livrer bataille contre l’armée du roi quand il la commande en personne, mais on s’y résout s’il se montre trop offensif. Seul véritable atout dans les mains du monarque: la suzeraineté, ce pouvoir féodal qui lui permet de réclamer ponctuellement un peu d’argent et de troupes aux barons. Sur le papier, Louis n’est donc qu’un prince parmi d’autres – et même plus faible que d’autres, en particulier que les ducs de Normandie Robert II puis son cadet