Les entrevues des présidents et des Immortels
Emmanuel Macron raccompagne Hélène Carrère d’Encausse et Maurizio Serra à l’escalier qui les redescend au rez-de-chaussée du palais de l’Elysée. Dans sa main, le président de la République serre un ouvrage, que vient de lui offrir le diplomate italien. Il s’agit d’une édition rare de Dix jours en Italie, un récit de voyage de Maurice Barrès. L’écrivain et député nationaliste, connu pour ses mots antisémites – « que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race » –, l’a publié en 1916, en pleine Première Guerre mondiale. En prenant congé de ses deux invités, le chef de l’Etat remercie l’académicien pour son cadeau: « Ce sera dans ma bibliothèque personnelle. »
La scène a lieu début 2020, quelques semaines après l’élection de l’ambassadeur à l’Académie française. Malgré la réforme des retraites, la campagne des élections municipales et les balbutiements de la crise du Covid, le président a pris le temps de recevoir l’Immortel, accompagné du secrétaire perpétuel de l’institution, pendant quarante-cinq minutes. Le principe de ces rendez-vous n’est inscrit dans aucun texte, mais la tradition veut que le premier magistrat du pays, « protecteur » de la compagnie, approuve personnellement l’entrée de chaque élu sous la Coupole, à travers une entrevue. Un « rite républicain », décrit
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