Les tilleuls de Sully, colosses à l’histoire fragile
l semble avoir toujours été là, comme nombre de ses comparses ailleurs en France. Transfigurant la place de l’église, le majestueux tilleul d’Olby (Puyde-Dôme) chatouille de ses larges ailes feuillues le clocher de l’édifice néo-roman du XIX siècle. L’arbre de 25 m de haut est depuis mai 2021 le benjamin des « sullys» reconnus par l’association ARBRES, la principale association nationale labellisant des arbres d’exception. Classiques parmi les arbres remarquables, les explique Georges Feterman, président de l’association ARBRES, professeur agrégé de SVT et auteur du livre à paraître chez Albin Michel . Ces arbres auraient été plantés au centre des bourgades afin de servir de lieu de rassemblement villageois, souvent près de l’église. 420 ans après n’en subsisteraient que quelques dizaines, éparpillés dans toute la France. Si l’histoire populaire est séduisante, les minces traces historiques tranchent avec ce récit. Dans une loi datée du 23 mai 1601, le duc de Sully ordonne en sa qualité de grand maître de l’artillerie que soit plantée, le long des chemins, sur les carrefours et les places publiques, : nulle trace des tilleuls de Sully. explique Bernard Barbiche, professeur honoraire à l’École nationale des chartes, spécialiste d’Henri IV et co-auteur de la biographie , parue chez Fayard. Bois dur et résistant, y compris dans l’eau, l’orme est idéal pour porter les lourds tubes métalliques sur mer comme sur terre, au contraire du bois tendre du tilleul. Encore pire, l’historien Michel Devèze souligne qu’un contemporain de la gloire de Sully ; celui-ci aurait seulement remis au goût du jour des édits antérieurs d’Henri II et Henri III.
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