Dans la grande salle lumineuse qui donnait sur un jardin fleuri, quatorze personnes étaient réunies autour d’une immense table de bois brut. Chloé avait apporté un carnet de dessin vierge, comme on le leur avait demandé et, un critérium à la main, elle avait commencé à en noircir la première page d’un fin grillage irrégulier. La dame qui l’avait accueillie quand elle était arrivée était partie préparer des boissons chaudes. Au centre de la table trônait, dans un magnifique plat bleu en faïence de Quimper, une montagne de biscuits qui étaient tous plus appétissants les uns que les autres. C’était certainement leur hôte qui les avait préparés : Chloé avait lu sur le site de présentation que la cuisine était faite maison et que l’époux de madame Le Goanec était pâtissier. La voici justement qui revenait avec une grosse théière rouge à pois blancs, digne d’un conte de fées.
– Les cafés arrivent, un peu de patience, dit-elle en posant son plateau sur la table. Je vous laisse vous servir à votre guise, et n’hésitez pas avec les gâteaux, mon mari ici présent vous en refera volontiers !
Elle leur désigna le monsieur aux cheveux argentés qui, souriant calmement, inclina la tête.
– Nous allons donc commencer par vous présenter l’équipe encadrante. Voici René, mon mari, il sera votre pâtissier et jardinier attitré pendant tout votre séjour. Tous les fruits et légumes viennent de notre jardin, et pour ceux d’entre vous qui sont logés à Névez, vous pourrez même cueillir les cerises directement sur l’arbre !
Chloé avait justement posé ses affaires le matin dans cette maison-là. Quand elle s’était enfin décidée à tenter ce séjour d’art-thérapie que lui avait conseillé son psychothérapeute parisien, il ne restait plus qu’une seule place et elle n’avait pas eu le choix du logement. Les quatre chambres de Pont-Aven étaient réservées, et on lui proposait d’être logée à Névez. Ce matin, quand elle avait découvert le lieu où elle allait passer les quatre prochaines nuits, elle s’y était tout de suite