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« Poutine a toujours profité de la faiblesse des Occidentaux »

«Je souhaiterais que ce livre soit le dernier clou dans le cercueil de Poutine et la première pierre du tribunal international qui condamnera les élites russes ayant lancé toute cette affaire. » Dans sa barbe de pope, Stéphane Courtois ne mâche pas ses mots. En 1997, l’historien avait dirigé Le Livre noir du communisme, qui révéla toute l’ampleur des crimes du régime soviétique. Immense succès, et immenses controverses, à une époque où les communistes siégeaient encore au gouvernement… Pour Le Livre noir de Vladimir Poutine (Robert Laffont/Perrin), Stéphane Courtois s’est associé à l’historienne Galia Ackerman, grande connaisseuse du monde post-soviétique et directrice de la rédaction de Desk Russie. Le duo a réuni les meilleurs spécialistes de la Russie (Françoise Thom, Cécile Vaissié, Yves Hamant, Andreï Kozovoï…) afin de percer un mystère : comment un modeste lieutenant-colonel, quasi-inconnu il y a encore vingt-cinq ans, a-t-il pu devenir un nouveau tsar ? Aussi documenté qu’implacable, l’ouvrage passe au crible le parcours et l’idéologie rétrograde d’un « Homo sovieticus » imprégné de la culture du KGB, entre violence et duplicité. A la fin, on se demande comment tant de dirigeants occidentaux, jusqu’à Emmanuel Macron, ont cru pouvoir amadouer un autocrate aux méthodes de mafieux, qui a fait de la nuisance la première exportation russe. Entretien et extraits exclusifs.

« L’apparition sur la scène de l’Histoire de Vladimir Poutine est sans doute l’un des événements les plus incongrus des trente dernières années », écrivez-vous. Pourquoi ?

Galia Ackerman Sa personnalité n’est pas facile à cerner. En revanche, on sait que son régime est tourné vers le passé. C’est un régime rétrograde, au sens premier du terme, dans l’idéologie comme pour l’organisation étatique. Au xxie siècle, on pourrait s’attendre à ce que même les régimes autoritaires veuillent aller vers l’avant. Mais avec Poutine, c’est la revanche du passé soviétique sur le présent.

Il faut se souvenir qu’en 1998, quand Poutine a été nommé chef du FSB [NDLR : service de renseignement chargé de la sécurité intérieure], personne ne savait qui il était. Il y avait alors de nombreux Russes qui créaient des partis politiques et se voulaient actifs sur la scène de l’Histoire. En 1999, dans un coup fourré à la veille du réveillon,

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